Chapitre 1 : Les retrouvailles.

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Heinrich.

Un souffle glacé s’engouffrait sous ma cape, me gelant les membres et fouettant mon visage de milliers de flocons givrés. La neige avalait entièrement mes bottes à chacun de mes pas, m’arrivant souvent au dessus des genoux, ce qui rendait ma progression éreintante. Le souffle haletant, je tentais de maintenir une bonne allure, arpentant ces bois sombres peuplés de pins millénaires tout en jetant régulièrement des regards inquiets derrière moi. Les ombres semblaient danser autour de moi, la faible lueur lunaire parvenant à grande peine à éclairer mon chemin à travers cette végétation dense. Je craignais qu’Ils ne m’aient suivi. Le poids des lames dans mon dos me rassurait quelque peu, bien qu'elles paraissaient pour le moment m’enfoncer un peu plus dans la neige à chaque pas. J’étais exténué, courant depuis trois jours dans cette contrée reculée, bien loin de la chaleur de mes terres. Mes extrémités étaient gelées, et cela faisait un bon moment que je n’osais plus les bouger de peur que leur existence me rappelle la douleur l’accompagnant.

 Soudain, je perçus au loin entre les arbres, une lueur pleine d’espoir, la raison de mon long voyage précipité. Un fantôme du passé qui m'était apparu comme l’échappatoire la plus avisée à cette fuite sans fin. Me rapprochant, les contours de la noire demeure se dessinèrent peu à peu, tranchant le décor de ses courbes acerbes. L’architecture du lieu et les ténèbres l’entourant dissipèrent tout doute d’une possible erreur de destination. Une bouffée de nostalgie m’emplit, me faisant oublier les douleurs et la fatigue.

 Arrivé devant la porte massive, j’eus un léger sourire en saisissant le heurtoir dans cette bouche démoniaque familière. Un coup et la porte s’entrouvrit. Je rentrai donc, comme j’eus l’habitude de le faire, et me dirigeai vers le salon. Elle était bien là, trônant dans son fauteuil auprès du feu, à contempler l'extérieur par la large fenêtre donnant sur le jardin. Elle ne se retourna pas, mais même sans voir son visage elle emplissait la pièce de sa présence, magnifique dans sa robe noire, parfaitement assortie à sa chevelure d'ébène. D'aucuns auraient été écrasés par cette aura, mais ce n'était qu’une vague de nostalgie qui m’emplissait, me tirant un sourire ravi.

 - Bien le bonjour Comtesse, il y avait fort longtemps. J'espère ne pas vous importuner, une pensée des plus subites et irrépressibles m'a portée jusqu'à vous, dis-je en joignant une légère courbette à mes paroles.

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