Chapitre 2 : La fuite.

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Heinrich.

Je me réveillai brusquement, alerte. Ces années à arpenter les routes m’avaient appris à sentir le danger, et je ne dus bien souvent ma survie qu’à cela. Me retournant immédiatement, j’aperçus la créature qui semblait tout droit sortir des ténèbres. Une saloperie d’Arack était agrippé au plafond, juste au-dessus d'Elisabeth, ses longs doigts crochus tendus vers elle, à quelques centimètres de son visage endormi. Mon sang ne fit qu’un tour. Je saisis un couteau à ma ceinture et le lançai tout en bondissant à sa suite. Le couteau se ficha dans le poignet de l’animal et sa tête infâme tourna instantanément ses trois yeux vers moi. Rapide, mais j'étais déjà sur lui, me jetant de toute ma masse dans les airs pour l’agripper et l’emmener au plus loin de ma chère amie. Sous la vivacité de ma manoeuvre, l’Arack fut emporté sans résistance dans mon élan, décroché du plafond comme un fruit trop mûr de sa branche, et alla heurter de plein fouet la table massive du salon. Un craquement se fit entendre, mais je savais pertinemment que ce n'était que sa carapace. Un tel coup aurait tué n’importe quel humain, lui brisant la colonne vertébrale, mais la chitine sombre recouvrant la créature était des plus résistante.
Je roulai rapidement sur le côté, évitant de justesse ses griffes acérées, et dégainai de son fourreau ma chère Styx. Son contact au creux de mes mains me rassura, mais je sentis en resserrant ma prise autour du pommeau que le froid avait laissé sa morsure. Mes muscles étaient douloureux, mon corps me semblait lourd, j'étais loin d’avoir récupéré de mon échappée glaciale. En quelques secondes, l’Arack avait remis ses six pattes au sol, et me chargeait en lançant son cri strident. Je n’eus que le temps de parer la charge en me protégeant de ma lame. Ses griffes furent stoppées juste avant de me lacérer la gorge, mais sa mâchoire acérée, ponctuées de ses grandes mandibules qui s’apparentaient plus à des défenses, fonçait vers mon visage. Et d'un seul coup, la créature se cambra, comme en proie à une violente douleur. Saisissant cette occasion inopportune, je me saisis de mon Egorgeur - Styx étant toujours empêtrée dans les pattes de l'animal - et l'enfonçai profondément entre deux des plaques de chitine qui protégeaient la gorge de l'arachnoïde. Il eut un gargouillement étouffé, m'aspergea d'un liquide poisseux, puis se recula en titubant, portant les pattes à sa gorge. Styx décrivit un arc de cercle pour venir se ficher dans l’entaille bouillonnante, tranchant des serres au passage. Le coup figea l’animal. Puis d’un coup de pied dans son thorax je dégageai ma lame, en un giclement plus voluptueux cette fois, et la bête tomba raide morte.

Je me tournai alors, essoufflé et trempé d’effluves nauséeux, vers la comtesse. Elle était toujours assise mais avait maintenant les yeux ouverts, son visage tout à fait serein malgré ce qui venait de se passer. Elle avait cependant l’air quelque peu fatigué, et je sus tout de suite que je lui devais l'arrêt soudain de la charge de l’animal, et donc la vie. M’appuyant sur mon épée, je refis ma légère courbette d'entrée, d’une façon sans doute plus fatiguée et disgracieuse.

 - Merci chère amie. Je suis ravie de voir que tu n’as pas perdu la main. Désolé pour le dérangement, je pensais avoir au moins le temps de t’expliquer la situation mais, visiblement, ce temps ne nous est pas accordé. Que diriez vous de poursuivre cette conversation en chevauchant à bride abattue vers l’Est ?

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