05. LONG

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S'il y a bien une chose qui émerveillait Samuel, en ce moment, c'était la capacité des chats à dormir sans que rien ou presque ne vienne troubler leur sommeil. En l'occurrence, le jeune homme était fasciné de voir à quel point le chat noir présent en face de lui avait l'air paisible dans son panier sans avoir bougé depuis des heures. Par moments, il se demandait même si le félin n'avait pas du sang de furet en lui car il ne réagissait à aucun des stimulus habituels.

Même les croquettes au saumon ne le sortaient pas de sa transe.

— Ça te surprend tant que ça de voir un chat dormir ?

Samuel soupira et retourna s'asseoir sur le canapé du salon. Sa sœur y était vautrée la tête en bas et le regardait comme si elle le voyait pour la première fois.

— Plutôt, oui. Comment est-ce qu'elle fait pour dormir aussi profondément, sérieux ? Je suis sûr qu'elle ne réagirait même pas si je la portais dans mes bras.

— C'est qu'un chat, tu sais bien.

— Ouais. N'empêche que ça m'intrigue. Je sais que certains furets pratiquent le « Dead Sleep », mais c'est la première fois que je vois ça avec un chat. Et surtout, je trouve qu'elle a bien de la chance de pouvoir dormir avec une chaleur pareille.

Au dehors, le thermomètre indiquait 37°C à l'ombre depuis plusieurs jours sans que la température ne baisse pendant la nuit, ou très peu. Le petit ventilateur installé non loin d'eux leur rappelait cruellement qu'il n'y avait pas de climatisation dans l'appartement et, pour couronner le tout, ça risquait de durer encore plusieurs jours d'après le présentateur du journal télévisé.

— Quand je pense que papa est en train de se prélasser sur je ne sais quelle plage avec la serpillère qui lui sert de gonzesse ...

— Tant mieux pour lui, répondit Samuel un peu sèchement.

— Aux dernières nouvelles, il serait vers les Maldives.

— Grand bien lui fasse. J'espère juste qu'il n'est au courant de ce qui se passe la-bas, mais le contraire ne m'étonnerait pas.

— Tu n'exagère pas un peu ?

— T'as jamais entendu parler des Maldives ? Je veux dire, du côté sombre des Maldives ? La charia, la censure, les viols, tout ça...

Sara faillit tomber du canapé.

« Et si ce n'était que ça... Il y a d'un côté les magnifiques plages de sable blanc, les poissons multicolores, et tout le reste. Mais quand on passe de l'autre côté, le paradis laisse plutôt à désirer : les hôtels de luxe exploitent des immigrés, la liberté d'expression est quasi inexistante, la charia qui y est appliquée est parmi l'une des plus strictes au monde, la peine de mort a été rétablie pour les enfants dès l'âge de 7 ans et, en plus, le mariage est autorisé dès 9 ans. »

Sara tomba du canapé.

— Ah ouais, quand même. Je préfère encore être ici. Je crève de chaud, mais au moins y a que ça. Quoi que le sol a l'air plutôt frais, en fin de compte...

— Si tu le dis, conclu son frère en riant. En attendant, t'as déjà essayé de chronométrer la période de sieste de Noushka ? C'est que ça commence à faire long, là.

—Non. De toutes façons j'ai trop chaud pour y penser.

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