L'histoire se passe à l'automne. Nous étions en voiture, avec mon père et mes trois enfants, direction l'Allemagne, pour un week-end. On m'avait proposé une vignette pour passer la douane en Suisse. Je n'avais jamais été d'accord pour ce genre de trucs et je ne sais pas pourquoi je m'étais laissée embarquer là-dedans.
A la douane, un ralentissement, le douanier a le temps d'observer les voitures, il fait chaud, la vitre est baissée. Soudain, il se penche, passe le bras et arrache la vignette qui ne tenait pas aussi bien qu'elle aurait dû tenir si elle avait été collée sur le pare-brise. L'air menaçant, il nous a fait signe de nous garer sur le côté et nous a demandés nos papiers. Mes trois enfants, à l'arrière, ont immédiatement commencé à avoir peur. Moi j'ai regardé mon père en lui lançant un regard désespéré, du genre "je savais que c'était une mauvaise idée d'accepter ce plan." Il était trop tard pour les regrets, surtout que je savais, en plus, que la carte d'identité de mon fils était périmé. Quand ça ne veut pas faire, ça "merde" à tous les niveaux. J'ai tendu le livret de famille, ma carte d'identité, celles des enfants, mon père a fait de même. J'étais prête à tout : l'amende et le retour illico dans l'autre sens.
Le douanier m'a regardé, a regardé la voiture, n'a rien relevé dans les cartes, puis m'a dit, en allemand : "famille ? Enfant ?" J'ai répondu oui. A ce moment, il a mis ses mains sur ses yeux et m'a dit : "je fais comme ça et vous partez !" Nous n'avons pas demandé notre reste et nous avons commencé à rouler.
Mes enfants ne disaient rien et moi j'ai poussé un intense soupir de soulagement. J'étais pétrifiée d'embarras. Nous avons poursuivi notre route jusqu'à arriver à notre destination, en Allemagne. Le comité d'accueil était là, nos amis et quelques Français. Parmi eux, Mr le Maire de notre ville, à qui je raconte nos mésaventures. Là, je le vois mettre sa main à sa poche, il sort son porte-feuille et me tend une vignette, une vraie, sur son papier d'origine. Il me dit que ça nous sera utile pour le retour. J'ai été très touchée par son geste. Il m'a juste offert une vignette, alors que j'étais clairement en tort.