Chapitre 6 : Dies Irae

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"Votre Éminence ! Votre Éminence !"

David était plongé dans ses pensées les plus profondes, entre intrigues et mystères, se posant toujours la même question : pourquoi. Pourquoi tant de complications, tans d'effort pour assouvir une gloire ou un pouvoir éphémère ! Des questions sans réponses logique. La Gloire du diable.

" Votre Éminence, vous m'entendez ? "

De retour à la réalité, David reprit ses esprits. Assit à son bureau, déconcerté, encore plongé à moitié dans son halo de pensées et la réalité, il vit le Père Vincenzo à ses cotés, entrain de l'appeler avec inquiétude :

" Votre éminence, répondez-moi s'il-vous-plaît !
- Fra Vincenzo ?! " s'exclama David avec une voix déconcertée.

Le Père Vincenzo, laissa apparaitre un sourire de réconfort derrière sa barbe courte mais épaisse.

'' Fra Vincenzo, quel plaisir de vous voir, s'exclama t-il avec gaieté.
Que me vaut votre visite ?
- Son Éminence perd la tête ces jour-ci !
- Comment ça je ne comprend pas ! " rétorqua David d'un air dubitatif.

Fra Vincenzo s'approcha de David, et lui tendit sa main droite. Surpris, David s'empressa d'un ton jovial :

"L'Anneau Épiscopal ! Toutes mes félicitations votre Excellence " et lui fit une accolade pour le féliciter.

Vincenzo reprit la parole d'une voix plus sérieuse :

" Son Éminence Gambetti m'a chargé de vous assister dans votre mission. C'est pourquoi je viens vous annoncer que notre Sainteté vous demande immédiatement dans ses appartements, sans tarder.
-Je m'y rend de suite, c'est un plaisir pour moi de travailler avec son Excellence, que Dieu vous bénisse et vous porte dans sa lumière Divine "

Arrivé devant la porte du Roi du Vatican, David s'arrêta un instant avant d'annoncer sa venue. La pression et le stress le gagna, c'était la première fois qu'il allait se retrouver en face à face avec le Pape. Mais il se rappela de son nouveau titre, pris une grande respiration, et toqua à la porte.

"Entrez David, entrez, ne restez pas à l'entrée. " annonça le pape Francesco
" Votre Sainteté, bonjour.
- Oui Oui bonjour, passons les formalités, et venez m'habillez, j'ai une réunion avec le premier ministre italien dans l'heure qui suit. "

David s'empressa de prendre le nécessaire dans l'armoire, puis se met à vêtir le pape de ses tenues règlementaires. Une fois prêt, le pape François regarda David :

" Cette réunion est importante et officielle. Nous serons médiatisé par les plus grandes chaines mondiales. Comme c'est votre premier jour, je ne veux pas vous entendre, et gardez une expressions neutre. Les médias ont un attrait très important sur nos expression faciales.
- Oui Vôtre Sainteté.
- Faîtes préparer la voiture pour le Palazzo Chigi ''

David remit en ordre les tuniques de l'armoire, puis sur une petite étagère, il prit la croix de fer et l'anneau papal. Quelque chose l'intriguait. Il regarda l'anneau avec attention et remarqua le symbole d'une rose au centre d'un crucifix.

"Tenez votre Sainteté
- Merci, j'ai faillis les oublier." Il rigola en mettant l'anneau à sa main gauche.
-Votre annulaire droit.
- Vous dites ? interrogea le pape.
- Votre anneau est sur le mauvais doigt. "

Francesco resta déconcerté par la remarque de David. Il marqua une pause, comme si il était déstabilisé, puis retira son anneau pour le mettre à son annulaire droit.

David remarqua ce détail, un détail qui pourrait être insignifiant, mais pas pour un Saint de l'Église. Il se dirigea à l'extérieur pour s'assurer que la voiture est prête.

David repensa à l'anneau :

" Le pape Francesco a pour habitude de porter un anneau en or représentant Saint Pierre tenant les Clés du Royaume à son annulaire droit. Un détail peut-être qu'une simple coïncidence. Mais deux détails, en l'occurrence, sont plutôt étrange. Le pape Francesco fait toujours attention à son code vestimentaire. Chaque détails comptent. "


Palazzo Chigi, Roma

Mise en avant par son imposante obélisque " La Colonne de Marco Aurelio '' et décoré par sa fontaine, le Palais de Chigi offre une vue imprenable sur sa finesse architecturale de Felice Della Greca. Aux abords des portes du Parlement Italien, une Mercedes blanche classe G, accompagnée de deux autres Mercedes berlines noires à vitres teintées se stationnèrent.

Des carabiniers, des policiers, des agents de sécurités, même la fameuse Guardia di Finanza surveillaient et contrôlaient la zone. D'un mouvement de main, la porte de la Mercedes blanche s'ouvrit, et le Pape descendit de sa Pape-mobile. Les citoyens, en émois, criaient de joie à la vu de Sa Sainteté. Une vague médiatique s'abatis sur le cortège papal ; appareils photos, flash, caméra, journalistes venues des quatre coins du monde, des bruits de voix de partout à ne plus en finir.

David était perdu. Il était pris par l'inertie du cortège dirigé par les autorités locales. Il ne savait pas sur quoi marcher, ni où aller. Il regarda autour de lui, mais sa vue était aveuglée par la foule. Par mégarde, il fut séparé du cortège, se retrouvant seul devant cette horde de hyènes affamées. En un rien de temps, il se retrouva encerclé de micro, éclairé de plus d'une dizaine de caméra italiennes et étrangères. Des questions surgissant de toutes parts, sur plusieurs thématiques politiques et personnelles en italien, mais aussi en anglais puis en français. Désemparé, David ne savait pas comment réagir, ni comment s'évader de cette prison médiatique. La gêne, le stress, la pression s'accumulaient de plus en plus qu'il se trouva presque au bord d'une crise de panique.
Au loin, une personne se fraya un chemin parmi cette foule.

" Permesso, permesso, lasciatemi passare per favore ! Vostra Eminenza ! " cria cette personne au loin.

Mais David ne l'entendait pas, il était trop submergé par cette situation délicate. Cette mystérieuse personne arriva au niveau de notre cardinal, l'empoigna et le tira en dehors de cette emprise. Arrivé dans les grands couloirs du Parlement :

" Votre Éminence, c'est dangereux pour quelqu'un comme vous de rester seul avec ces journalistes. Encore un peu, et on vous aurez retrouvé mort, rigola cette personne.
- Merci de votre aide, soupira David reprenant son souffle.
Puis-je savoir qui vous êtes ?
- Niccolo Bergoglio, ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale. Les journalistes qui sont dehors, ne peuvent pas rentrer, ils n'ont pas l'autorisation. C'est pour ça qu'ils sont à la recherche de scoop. Vous comprenez, le pape est ici, alors ces charognards vous mettes la pression pour que vous puissiez fauter, et faire du buzz sur votre malheur. Venez, le pape vous attend. "

David suivi Niccolo. Homme grand et charismatique, les cheveux bien taillés, sur une peau légèrement mate. Un costume soigné suivi d'une cravate noire bleutée. Un visage souriant d'une fine bouche, profilé par le stéréotype italien. Ils arrivèrent tout les deux dans une large pièce. Le pape était déjà assis sur son fauteuil respectif et discutait avec le premier ministre pendant que les techniciens préparaient la scène.
David rejoignit Francesco.

" Ah David, où étiez-vous passé, je vous avez dis de faire attention!
- Toutes mes excuses votre Sainteté " David inclina légèrement la tête.
" Je vous présente Armando Romano, premier ministre de l'Italie "

Armando salua David. Différent de Niccolo, David remarqua un regard néfaste sur Armando, des yeux petit mais perçant, une carrure plus basse, avec une belle montre accompagnée d'une chevalière en or, ce qui l'intrigue. La chevalière présente le même symbole que l'anneau papal.

" Belle montre, ajouta David, mécanique ? "
Armando leva son poignet pour faire admirer sa montre, et David en profita pour regarder sa chevalière en discrétion.
" Vacheron Constantin, 36.5 mm, or blanc, 48 diamants.
- Ella a dû vous coûter cher !
- C'est un cadeau, souri Armando
- La chevalière faisait partie aussi du cadeau ? interrogea David .

Le sourire d'Armando disparu et pris un air contrarié en regardant Francesco. Puis d'une voix plus ferme :
-Où voulez vous en venir ?
-..."

Les deux hommes furent interrompus par la régie qui leur annonça le début de la rencontre. Caméras en place, projecteurs en place, 3..2..1... La rencontre peut commencer.

David n'était pas sur scène, cette rencontre ne concernait que le pape et le premier ministre. En coulisse, notre cardinal se trouvait avec le ministre des affaire étrangères. D'une voix basse, David demanda à Niccolo, le sujet de cette rencontre, et lui répondit :

" Cette rencontre se porte sur la laïcité du pays et de ses réformes strictes sur la liberté d'expression. Un débat très médiatisé, puisque le peuple n'est pas enclin avec cette nouvelle mesure. Le gouvernement met en place une stratégie totalitaire de manière à réunir les citoyens sous une seule bannière afin d'exercer un contrôle total sur leur mode de vie. Il s'avère que certaines mesures gouvernementales ne coïncidents pas avec certaines lois Chrétiennes, ce qui bien évidemment, dérange l'État. Le premier ministre voudrait mettre en place un régime strict, visant à augmenter les taxes sans générer un coup d'État. Il estime que les religions sont signes de désinvolture, qu'elles dissocient le peuple italien en créant des communautés séparatistes, qu'elles influencent le peuple à consommer moins pour éviter le matérialisme, et qu'elles seraient un danger pour le bien être du peuple. Pour Armando Romano, si le pape acquiesce, alors le pays sera prêt à accepter ses nouvelles mesures autoritaires, et il pourra mettre en place des stratégies financières pour profiter du peuple.
- Vous vous exprimez d'une manière peu courante pour un homme politique. Vous désapprouvez votre Supérieur ?
- Votre Éminence, ma carrière politique puise ses racines dans le courage du peuple. Aller à son encontre serait un oxymore à ma détermination. J'estime que lorsque l'on occupe une place importante comme Mr. Romano, nos intentions doivent être bénéfique pour le peuple et non pour nos intérêts.
- Un esprit sain que vous avez Mr. Bergoglio, je partage votre réflexion. Ne cédez jamais à la tentations du Mal, votre persévérance portera ses fruits tant que vous placerez votre confiance en votre Créateur.
- Amen."

Le premier ministre termina son discours et laissa la parole à son interlocuteur, le Pape Francesco.

" Mes très chers frères et mes très chères sœurs, ce que le premier ministre veut vous faire comprendre, est que la laïcité est comme la Sainte Épée qui réside dans nos Saintes Écritures : "rendre à César ce qui est à César". Les fidèles faibles d'esprit, qui part leur bonnes volontés, mais qui se sont égarés de notre lumière divine, profanent notre société ainsi que notre communauté. Nous devons restreindre leurs libertés d'expression afin de protéger nos cultes religieux. Nous devons soutenir l'Etat afin qu'il nous aide à purifier notre communauté de de ce poison ! Vous devez soutenir votre premier ministre et acceptez ses nouvelles réformes, pour le bien de l'Église. Amen "

Suite à ce discours, David marqua une expression faciale en désaccord avec ce qui a été dit. L'homme politique, d'une voix basse :

" Vous aussi, vous avez l'air de désapprouver votre Supérieur ! "

David le regarda sans dire un mot. Il resta silencieux.

Les techniciens commencèrent à ranger le matériel, et David se leva pour rejoindre son Roi. À quelque mètre d'eux, le Pape Francesco vit David se rapprocher de lui :

" Ah David, apportez moi de l'eau "

Mais David resta immobile, ne l'écouta point, puis d'une franchise et d'un charisme respectant ses principes de vie, il fixa le pape :

" Aimons notre prochain, comme Jésus nous aime. Aidons notre prochain, comme Jésus nous aide. Restez humble dans chacun de vos gestes. Ce sont vos paroles le jour où vous avez annoncer le décès de l'évêque Marinelli. Selon vous, soutenir notre prochain signifie de caractériser nos fidèles faibles d'esprit comme du poison pour notre communauté ? "

Le Pape resta bouche-bée de ces paroles. Niccolo assista à la scène au coté d'Armando, et resta stupéfait de cette franchise, que nulle autre que David n'oserait défié Sa Sainteté. Le premier ministre prit un air méfiant, et d'une voix grave, prit la parole à la place du Pape :

" Y'a t-il un problème ?
- Vous êtes le Pape ? rétorqua David
- Non, mais je suis le dirigeant de ce pays !
- Pas du mien, alors restez à votre place ! "

Les muscles de sa mâchoire carrée se contractèrent et Armando était sur le point d'exploser, quand soudain, le Pape prit la parole :

" Vous allez trop loin David ! Rejoignez la voiture, et préparez là pour le retour.
- Votre Sainteté, vous n'avez pas répondu à ma question !
- David, je suis le Pape, et vous devez m'obéir !
- Je suis Cardinal Secrétaire d'État, le titre le plus important du Vatican après le votre. Je suis votre bras droit et votre conseiller au premier plan. J'ai le droit légitime du Vatican de vous parler de cette manière. Alors répondez à ma question, comment osez-vous troquer nos valeurs chrétiennes pour les intérêts d'un gouvernement qui ne porte aucune considération pour notre Saint Christ ? "

Désemparé par l'attitude du Cardinal, le Pape Francesco prit une profonde respiration, posa sa main sur l'épaule de David en la serrant plus que la normal, et d'une voix basse, ajouta :

" Nous en reparlerons de retour au Vatican "

Une fois le cardinal évaporé de la pièce, le Pape se retourna et déposa un chuchotement à Armando :

" Le moment est venu. "

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