Une chambre, assez sombre, des murs couverts de meubles avec des tiroirs à l'infini.

Deux ombres au milieu de la pièce sur un tapis un peu usé.

Une petite fille, la tête baissée et une peluche juste à côté. Pas une bestiole mignonnette qui donne envie d'être câlinée. Son ours à elle, c'est un grizzly.

L'enfant joue. Sérieusement. Avec application. Elle empile des Kaplas du plus haut qu'elle le peut, une tour vertigineuse avec des fondations solides. Elle a réussi, la tour ne penche pas. L'ours sourit.

Brutalement, dans un vacarme assourdissant, un piano tombe sur les Kaplas.

Il y a des pièces dans toute la pièce, la tour est pulvérisée et le piano ne vaut guère mieux.

La petite fille se lève, se baisse et ramasse chaque morceau. Elle range les éclats de piano, les touches d'ébène, les touches d'ivoire dans un tiroir d'un des grands meubles collés aux murs.

Elle pioche dans les Kaplas qu'elle a mis de côté et recommence sa construction. L'ours est là, il ne bouge pas.

En se haussant sur la pointe des pieds, elle pose la dernière planchette. C'est encore plus beau, plus haut et plus réussi qu'avant. L'ours sourit.

Bam ! Un piano encore plus gros que le premier tombe sur la pyramide sous un tonnerre de fracas.

La petite fille se lève, ramasse et trie tous les morceaux et range ceux du piano dans un autre tiroir d'un des grands meubles collés aux murs. Et recommence à empiler les pièces de bois.

Et un piano tombe une nouvelle fois.

L'enfant s'assied, replie ses jambes contre elle, les entoure de ses petits bras et baisse la tête. Elle ne bouge pas.

L'ours se lève, et d'un grand geste, balaie tout ce qu'il y a sur le sol. Puis, il se dirige vers les grands meubles, ouvre un tiroir, prend un carton et le pose devant l'enfant.

A travers les cheveux emmêlés de la petite fille, on devine que ses yeux se baissent vers la boîte, elle lit et elle sourit.

Sur le couvercle, en grosses lettres, il est écrit :

LEGO

Et en lettres plus petites :

Résistant aux pianos.