Samedi Écriture du 22 Août 2020 – Vous êtes poursuivi par la police

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Samedi Écriture du 22 Août 2020 – Vous êtes poursuivi par la police

-Un dernier mot, une dernière volonté à cracher à la face du monde, enflure ?

Les états unis dans les années 1800 n’abritaient pas les hommes les plus polis. Mais j’étais habitué, dans ce coin du monde la politesse est pour les faibles. J’y vivais depuis ma naissance, environ 30 ans plus tôt, autant dire que je ne fais parti des faibles, ni de leurs défenseurs.

-Vas te faire voir ailleurs Jack ! Je n’ai pas dit mon dernier mot et ce n’est ni aujourd’hui ni toi qui l’entendra !

Je faisais le fanfaron mais je savais que ça allait me faire gagner quelques précieuses minutes pendant lesquelles il monologuerait. Mais bon dieu, après ça il tirerait, aussi sûr que je m’appelle John ! Et quand il le ferait, j’espère que mon pouvoir sera revenu.

-Des années que je te connais et que je te considère comme un frère John, Jack et John, les inséparable Jack et John qu’on nous appelait en ville ! Et maintenant c’est foutu, comment as-tu pu me trahir comme ça, me mentir, sale engeance démoniaque, créature des enfers, je vais t’y renvoyer !

-Du calme Jack, je ne t’ai jamais menti !

-Comment ça, t’es plus un sorcier maintenant ?

-Bien sûr que si mais tu ne me l’avais jamais demandé, je ne t’ai donc jamais menti, mon frère.

-Ah, essaie pas ce jeu là avec moi !

-Ok Jack, mais quand même, toutes ces années, n’ai-je pas été un ami fidèle, un quelqu’un de bien ? As-tu jamais eu à te plaindre de ma condition de sorcier, qu’est-ce que ça change que tu le saches aujourd’hui ? Je suis la même personne qu’hier !

-J’ai jamais eu à m’en plaindre mais maintenant je sais de quelle race tu es, et ça change tout John !

-Allons ça ne change rien ! Et d’ailleurs, si tu savais le nombre de fois où je nous ai sauvé la peau tu me remercierai !

-Quoi, t’as fait de la sorcellerie sur moi en plus !!

Jack était maintenant encore plus en colère, il agitait son fusil beaucoup trop proche de mon nez, si proche que j’en sentais la poudre. Je tenais une idée, mon pouvoir personnel ne revenait que lentement mais je pourrai peut-être accéder à l’élémental…

-Tu mélange tout Jack ! Pas de la sorcellerie sur toi, de la sorcellerie sur les bêtes qui menaçaient de nous bouffer, tu te souviens de cette fois où on escortait les bêtes dans la colline du Crâne de bison ? Demandais-je tout en ondulant du nez sur le canon du fusil.
T’as pas trouvé ça étonnant qu’on n’ai même pas rencontré un seul grizzly ou un seul puma ? Que les meutes de loup se tenaient à l’écart ? C’était grâce à moi, grâce à moi qu’on est revenu sain et sauf cette fois-là, pas grâce à ton fusil qui a explosé dès le début du voyage !
Je sentais l’élémental venir, le bout du nez me démangeait, mes narines étaient proche de l’épilepsie.

-Le fusil je suis maintenant sûr que t’y es pour quelque chose démon ! Nécromant ! Cornu ! T’avais sûrement prévu de me sacrifier là-haut de la montagne pour invoquer ton maître ! ‘core heureux que j’avais l’œil.

-Tu… ; J’allais répondre quand l’élémental me parvint.

ATCHOUM !

Bordel qu’est-ce que ça fait du bien un bon atchoum quand le nez vous démange, d’autant plus quand il vous permet d’accéder au pouvoir élémental, la magie naturelle des choses mais qui reste la plupart du temps inaccessible aux être conscient, sauf quand ils perdent le contrôle.
Quand ils perdent le contrôle oui, je n’avais aucune idée de ce que le pouvoir élémental avait pu faire. Je levais doucement les yeux et éclatais de rire !

Le fusil était désormais enfoncé contre le nez de mon pauvre ami Jack ? Fusil dis-je ? Correction, le bouquet de fleur des plaines était planté contre le nez de Jack. L’élémental a de l’humour, c’était au tour de Jack d’éternuer maintenant, et il n’allait pas s’arrêter avant un moment.

Pendant les 2 heures qui suivirent il éternuait à chaque fois qu’il se mettait en colère, autant dire qu’à la fin il n’était plus en colère mais totalement éternué exténué. Mon pouvoir était revenu une heure avant qu’il ne s’arrête d’éternuer, j’aurai pu le soulager mais n’en fit rien, après tout il avait pointé un fusil contre moi ! Maintenant que j’avais ressourcé mon pouvoir je pouvais dormir tranquille. Je pris quand même le soin d’attacher Jack à un arbre et de lui retirer son revolver et son couteau, on ne sait jamais. La nuit allait être fraîche dans la forêt, mais je décidais de ne pas allumer de feu, les forces de l’ordre devaient nous chercher.

Pendant la nuit Jack s’est réveillé, furieux d’être attaché.

-Je le savais bien que t’allais m’attacher, et m’offrir à ton maître aux enfers, enfant de putain !

-Hola Jack du calme avec ma mère !

-Hola Jack du calme, Jack calme toi, me singea-t-il ;
Jack il t’emmerde John le purulent, John le traitre, John le gobelin, le wendigo, l’enfoiré de John !

Mon sang n’a fait qu’un tour, vous vous rappelez, dans ce coin seul les forts survivent.

-Ah tu vas voir ! Je vais t’en coller une branlée moi, on verra qui c’est le gobelin, l’enfoiré ici ! Jamais eu besoin de pouvoir pour te mettre la pâtée.

Et ce disant je lui sautais dessus et le bourrait de coup de poing. Mes mains ensanglantées, son nez en sang, je retrouvais mon calme, et lui aussi d’ailleurs. Il finit sa nuit sans mot dire et sans me maudire.

Au petit jour je l’observais avant qu’il ne se réveille, qu’allais-je faire de lui maintenant ? Il connait mon secret, comme toute la ville à présent, et sûrement les villes alentour, bientôt tout le pays ? Non, trop vaste… Si je le laissais partir il me poursuivrait jusqu’en… jusqu’en enfer haha.

Avais-je d’autre choix que de le tuer ?

-John, fit-il d’une voix faible, je sais à quoi tu penses. Si tu me tues, ne laisses pas les charogne me bouffer, fais ça proprement.

-Dois-je vraiment te tuer ?

-On est intelligent pour des cowboys, on n’a pas fait que parler aux couillons de bisons toute notre vie, je sais à quoi tu penses. Si tu me laisse partir je n’aurais de cesse que de te retrouver, je ne vais pas te mentir. La sorcellerie est maudite, elle n’attire que le mal autour d’elle, et je suis maintenant contaminé, tel une créature affreuse je dois te tuer pour me laver auprès des nôtres. Et si ce n’était pas moi qui allais à ta recherche, ou même si c’était moi, la loi te chercherai elle aussi, tu n’as plus de place dans notre pays, tu ferais mieux de te rendre et d’expier tes pêchers John.

-Mes pêchers ? Lesquels peut tu me dire ? Jamais je n’ai demandé à être ce que je suis, c’est un pouvoir transmis de père en fils, mon défunt père m’a enseigné à m’en servir mais uniquement pour le bien et ma défense, pour survivre je devais contrôler la puissance. Jamais je n’ai volé ou tué, ni comme un homme normal ni avec mes pouvoirs.

-Mais hier au Saloon on t’a tous vu ! La roulette russe aurait dû avoir ta cervelle ! Au lieu de ça le barillet a tourné un tour de plus quand tu l’as approché de ta tempe !

-Oh pardonne moi de ne pas vouloir mourir Jack, au passage je te ferai remarquer que le barillet a tourné pile ce qu’il faut quand c’était ton tour, aurais-je du le laisser comme il était ?

-C’était le jeu, le destin, peut-être qu’à cause de toi je n’aurai plus ma place là-haut, enfoiré !

-Allez, me la fais pas, t’as jamais cru à ces conneries ! Je suis peut-être un sorcier qui se cache parmi les normaux mais toi t’es plus entièrement un bon catholique depuis que t’as fricoté avec la petite indienne, alors ta place là-haut…

Ca lui a cloué le bec, lui non plus n’est pas tout propre.

Ma réflexion avançait : dans tous les cas j’allais être poursuivi, par Jack, la police, les mandats de recherches… Alors pourquoi tuer Jack ? Le convaincre de fuir avec moi ? il n’accepterait jamais et il me tuerait pendant mon sommeil à la première occasion.

Midi approchait. Il valait mieux que je me décide et vite. Partir, seul, vers une terre plus lointaine, un pays loin de la civilisation, où la loi des hommes s’efface face à la loi de la nature, le grand nord ? Je savais me réchauffer, le grand sud non, je ne savais pas me rafraîchir efficacement.

Je me concentrais, fermais les yeux et me mis à siffler doucement, une mélodie douce et lente, Jack ne me guère plus de quelques minutes à s’endormir profondément. Je laissais un couteau à sa portée pour qu’il se détache à son réveil, et j’appelais quelques lapins pour qu’ils lui tiennent compagnie, ils pourraient ronger ses liens s’il se débrouillait trop mal avec le couteau.

J’enlevais la selle de mon cheval, et lui tapait sur la cuisse en lui montrant la direction du sud, je lui chuchotais quelques instructions à l’oreille.
Puis je fis appel une fois encore à mes pouvoirs, j’appelais un cerf, un grand cerf, seigneur de la forêt. L’Elemental m’en envoya un, majestueux. Avec le reste de mes pouvoirs je lui parlais, l’amadouais, et bientôt il ne voulut plus me quitter. Je lui passais la selle sur le dos et l’enfourchais. Jack ne penserait pas à suivre les traces du cerf quand il verrait celles de mon cheval allant vers le sud.

Une dernière petite chose, il fallait bien qu’il le paye, un peu de vengeance n’a jamais tué personne non ? Je laissais une lettre dans la chemise de Jack lui expliquant que s’il ne se repentais pas, s’il n’avouait pas au prêtre avoir fricotté avec l’indienne sa peau deviendrait de plus en plus rouge jusqu’à ce qu’on le prenne pour un envoyé du malin.
Rien de tout cela n’était vrai mais il s’en convaincrait.

Vers le nord j’allais, chevauchant (ou cerfant ?) mon cerf à travers les forêts. Avec le temps je devins un véritable ermite, avec pour seul compagnon Boidru mon cerf. La ville la plus proche était à plusieurs centaines de kilomètres, les étés étaient doux, les hivers rudes. Le porche de ma cabane donnait vu sur un lac. Chaque jour j’allais chasser, j’allais pêcher, j’allais cueillir, j’allais cultiver, et en fin de journée, je lisais mon grimoire (un livre magique recensant tous les livres écrits et qui seraient écrits), et parfois j’écrivais.

A toi voyageur qui trouve ces lignes, toi qui lis les premières pages de mon grimoire, entre et apprends ce que je n’ai pu transmettre, si tu as pu ouvrir la porte c’est que tu en avais besoin et en était capable.

Exactement ce dont j’avais besoin, pensais le petit homme, peut être un moyen de rentrer à la maison en sécurité.
Le petit homme sortit de la cabane de John sous la neige, un grimoire serré contre lui sous son manteau. Un grimoire qui lui enseignerait à contrôler son pouvoir naissant. Un grimoire qui lui sauverait la vie.

A suivre dans les aventures de Lovis le petit homme, à paraître un jour peut-être.

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