Maryouschka

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EDIT : suite aux récréminations générales, cette scène a été passablement modifiée. :P

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J'en avais marre de traîner ma virginité à plus de vingt-quatre ans comme un fardeau. Je trouvais que ça ne correspondait pas à ma personnalité, et puis, j'avais envie de coucher avec lui. Du moins, c'est ce que je croyais, car il y a une grande différence entre la vie sexuelle personnelle et intérieure, et celle que l'on partage en vrai avec un homme en chair et en os. Après avoir pris la résolution de me donner à Lev, j'eus un comportement légèrement peu naturel, stressant à l'avance et me mettant en tête des interrogations que je ne m'étais jamais posées, du genre est-il pervers ou je ne sais pas trop quoi d'autre.

Mon expérience de la chose se limitait aux scènes d'amour dans les films et à deux ou trois romans à l’eau de rose, avec leur scène de sexe obligatoire de six pages au milieu du bouquin, où les femmes n’avaient rien d’autre à faire que se pâmer dans les bras du mâle et jouir follement. Je n'avais qu'une vague idée de ce à quoi peut ressembler un homme nu. Surtout, j'ignorais comment amener le sujet sans paraître lourdingue ou offensive. J’avais également très peur de ne pas être à la hauteur : Gudrun me disait souvent qu’avec la démocratisation du porno, les hommes étaient devenus plus exigeants. Sans compter que Lev avait dû fréquenter tout un tas de mannequins, escorts et autres professionnelles...

L'occasion se présenta un soir, alors que nous passions une soirée télé chez lui. À la fin du film, Lev proposa de me raccompagner, comme il le faisait à chaque fois.

— J'ai envie de rester dormir ici, lui-dis-je en relevant les yeux vers lui, me mordant la lèvre violemment pour ne pas rougir.

Mais Lev insista :

— Tu es sûre ?

— Oui, répondis-je, j'ai la flemme de rentrer. Je suis bien ici.

Sans paraître surpris le moins du monde, Lev se leva, se dirigea vers une grosse armoire dans le couloir et en sortit un énorme drap.

— Ça te va, ça ? demanda-t-il. Je n'ai pas mis de draps dans la chambre d'amis, alors donne-moi cinq minutes pour le faire.

Apparemment, il n'avait pas bien compris ce que je voulais.

— Je veux dormir avec toi, précisai-je. Dans ton lit.

Lev resta interdit pendant quelques secondes, le gros drap dans les bras.

— Ah, finit-il par dire simplement.

Ce « ah » sonnait comme un glas. J'espérais que cette fois, il aurait compris, ne m'obligeant pas à lui expliquer clairement la chose.

Lev remit le gros édredon à sa place, puis se dirigea vers la chambre, où je le suivis. Il fouilla dans son placard pour en sortir un jogging en coton et un t-shirt à lui, qu'il me tendit.

— Voilà ton pyjama, m’annonça-t-il comme si j’étais une gosse venue dormir chez sa fille.

— Pas la peine, lui répondis-je, j'ai amené mes affaires.

En réalité, planifiant la chose, j’avais prévu un petit ensemble sexy : j’avais même enfilé une guêpière ce matin.

— Ah bon, s’exclama Lev en toute innocence. Prévoyante !

— Toujours, mentis-je, voulant faire croire à Lev que je gardais systématiquement des rechanges dans mon sac, au cas où.

Mais au lieu de ranger les vêtements qu'il avait sorti, il les mit de côté, me laissant deviner qu'il comptait s'en servir pour lui.

Il doit dormir nu, réalisai-je alors en me sentant rougir. Mon esprit dériva, imaginant ce corps d’Apollon pesant sur le mien, allant et venant lascivement tout en me plaquant dans les oreillers de son lit king size, ses grandes mains emprisonnant mes poignets. Au moment ultime, il allait peut-être rejeter ses longs cheveux en arrière, comme ce personnage dans ce film d’animation sulfureux…

— Fassa ? m’interrompit Lev. Tout va comme tu veux ?

Je me repris, un peu groggy.

— Tout va bien, Lev, le rassurai-je.

Il me regardait avec attention.

— Je ne veux surtout pas que tu te sentes mal à l’aise, ou obligée de faire quoi que ce soit. Tu sais que je peux te raccompagner chez toi à Hesa, même à cette heure-là. Ce n’est pas un problème pour moi, chérie.

Je me hâtai de l’en dissuader.

— Très bien. À toi l'honneur, dans ce cas, m’annonça-t-il en me montrant la salle de bain, comme si nous allions nous changer chacun de notre côté avant de se retrouver côté à côte dans le lit.

Le manque de naturel de Lev me désespérait. Il fallait faire quelque chose.

— J'ai envie de coucher avec toi, précisai-je, vaincue. Ce soir.

Lev leva un sourcil.

— Tu es sûre ? Tu ne m'avais pas dit que tu ne voulais pas faire l’amour avant d'être mariée ?

— J'ai changé d'avis. Si je suis avec toi, ce n'est pas pour rien.

— Je t’assure, tu n’es pas obligée de…

Je m’avançai vers lui et collai ma bouche sur la sienne. Mes doigts s’accrochèrent à sa nuque, fouillant dans cette chevelure qui me faisait tant fantasmer. Lorsque je me détachai de lui, Lev semblait avoir nettement changé de disposition d’esprit.

— Hmm, fit-il avec un léger sourire, puis m'attrapant par le bout des doigts, il m'attira à lui. Et tu serais prête à faire ça maintenant ?

Il m'avait demandé ça en me regardant droit dans les yeux. J’étais affreusement embarrassée, mais en même temps, j’avais très envie de lui. Ou du moins, c’est ainsi que j’interprétai cette espèce d’urgence que je ressentais, de manière presque physique.

— Oui, Leefi. Mais je te préviens, je n'ai absolument aucune expérience. Tu vas devoir tout me montrer, et être patient.

— Ce n'est pas un problème, répondit-il avant de se pencher pour m'embrasser à nouveau. Je te l’ai déjà dit : que tu sois vierge ne me dérange pas du tout. Que tu veuilles le rester non plus, d’ailleurs.

Un peu déstabilisée par sa réplique étrange, j'eus envie de lui dire d'attendre, que j'avais plein de questions à lui poser. Par-dessus tout, je craignais la douleur, ayant même renoncé à porter des tampons à cause de ça. Mais il faut bien se lancer un jour… Et comme disait toujours Erik, c'est en forgeant qu'on devient forgeron.

Lev embrassait ma gorge avec une ferveur toute nouvelle, dévoilant mes épaules en tirant sur le tissu de mon caraco avec ses mains. Je ne savais pas quoi faire. Je me contentai de caresser son dos du bout des doigts, décidant d'attendre passivement la suite des évènements. Après tout, c’était comme ça que ça se passait dans les histoires que je lisais, et dans les contes de fées.

Lev balança la pile de draps de bains bien pliés sur le côté – ce qui m’étonna de lui, si ordonné et méticuleux – et me poussa sur le lit, pressant son large corps contre le mien. Sa bouche prenait la mienne avec une délicatesse affamée. En ouvrant les yeux un instant, j’aperçus ses iris, d’un vert intense, qui me fixaient avec avidité. Il disait être prêt à attendre, mais en fait, il était impatient.

J’ai bien fait de proposer de m’offrir à lui, pensai-je.

Quand il s'attaqua à ma guêpière, j'esquissai un geste pour l'aider, mais il la délaça avant que je puisse faire quoi que ce soit. Je n'étais pas tellement surprise qu’il sache y faire avec ce type de vêtements : après tout, Lev avait dû fréquenter des femmes très sophistiquées, comme tous les puissants… Je me félicitais d’avoir pris la précaution de me rendre belle et désirable.

Lev jeta le corset sur le lit derrière moi, et je me retrouvais nue, ayant l'impression qu'on venait de m'ôter mon armure. Je me sentis bête, démasquée dans ma médiocrité. Lev dû le sentir, car il me regarda avec un sourire tendre.

— Tu es le premier homme à me voir dans cette tenue, remarquai-je, un peu gênée.

— Et j'en suis très heureux. Tu es très belle, Fassa.

J’esquissai un ersatz de sourire. J'avais toujours été une fille complexée, me trouvant trop grande, trop grosse, trop carrée. Heureusement, à côté de Lev et de sa carrure de lutteur russe, je me sentais être une délicate princesse.

Je commençai même à ressentir un début de chaleur dans mon ventre, me demandant si c'était cela ce qu'on appelait être excitée.

Lui en tout cas, il avait l'air de l'être. Il se mit à embrasser mes seins et à les caresser des deux mains, et il me suça le téton, longuement, avec une avidité qui m’étonna. Cette sensation nouvelle, à la limite de la douleur, me fit lâcher un soupir, et mes doigts s'accrochèrent à son jean.

Lev descendit le long de mon ventre, embrassa mon nombril, et je sentis sa main remonter le long de ma cuisse. Il va me retirer ma culotte, pensai-je assez alarmée, car montrer ses seins à un homme est une chose, mais le reste en est une autre totalement différente. Cependant, il ne le fit pas encore. À la place, il passa sa main à l'intérieur de ma cuisse, et je sentis soudain le bout de ses longs doigts effleurer mon intimité.

Je me sentis à la fois très stimulée et très mortifiée. Le tissu de mon sous-vêtement devenir de plus en plus humide, et j'en rougis de honte, inquiète que ces fluides abondants et peu virginaux ne refroidissent Lev.

Lev dut sentir que je me raidissais un peu, car il me regarda.

— Tu ne veux pas ?

— Je sais pas…

Lev me fit un grand sourire.

— Tu sais Fassa, si tu as peur et que tu veux conserver ta virginité pour le mariage, je n’y verrais pas d’inconvénient. Je sais que la religion est importante, pour toi. Je l’ai deviné.

— Mais… J’ai envie de toi, Lev, protestai-je. Et je vois que tu en as envie toi aussi…

— Ne fais pas attention à moi. C’est d’abord à toi, que je pense. À ce que tu veux, toi.

Il se pressa un peu plus contre moi, continuant de m’embrasser. Sa langue, de temps en temps, venait effleurer ma peau.

C’était vrai que j’avais toujours juré de me garder pure pour le mariage. Je portais même une bague de virginité un moment, ramenée pour moi des Etats-Unis par le pasteur de mes parents. Et si Lev était prêt à attendre, et à m’offrir ce beau cadeau…

— Je ne peux pas t’imposer ça, murmurai-je. Je ne peux pas t’imposer d’être abstinent, toi qui est si sollicité !

Une image d'une actrice célèbre en pute russe dans l’un des innombrables films traitant du sujet s’imposa à mon esprit comme un parasite persistant. J’avais cette scène en tête, celle où elle se fait prendre sur le bureau du FSB sans moufter, les cuisses bien écartées. Les femmes russes couchaient pour rien du tout et sortaient systématiquement le grand jeu : c’était bien connu.

— Non, fis-je, résolue. Je veux t’appartenir, Lev. Physiquement.

Lev se pencha dans mon cou, et embrassa doucement ma gorge. À sa façon de faire, je devinai qu’il souriait.

Un peu pour faire diversion, je passai ma main sous son pull et me mis à caresser son dos, puis son ventre. Il avait une peau étonnamment douce. Lev dut interpréter mes gestes comme un signal, car il se redressa sur les genoux et retira ses vêtements en un seul mouvement décidé.

Je savais déjà que Lev avait un corps magnifique, en ayant eu un aperçu la toute seconde fois où je l'avais rencontré. Mais pouvoir passer ma main sur ces muscles longs et puissants était tout autre chose que de se contenter de les regarder du coin de l'œil ou de les effleurer du bout des doigts sous un pull. Je les caressai avec une sorte de vénération, effleurant les mèches argentées de ses longs cheveux au passage. Lev me regardait faire, un demi-sourire mystérieux sur les lèvres. Avec une sorte de stupéfaction fébrile, je m’aperçus que son jean était déboutonné. Je relevai les yeux sur lui, avant de les rebaisser aussitôt.

— Vas-y, m’encouragea-t-il, tu peux toucher.

Je posai un doigt timide sur son ventre sculpté. Je m’attardai sur son nombril, avant de descendre un peu et de m’aventurer le long de ses obliques dessinés. J’entendis Lev pousser un léger soupir, puis, doucement, il referma sa main sur mon poignet, et la plongea dans son jean.

J’ouvris grand les yeux en sentant l’impérieux organe palpiter sous mes doigts, à travers le coton, qui semblait pulser d’une vie propre. Je constatai qu’il était rasé : pas un poil ne venait sous mes doigts. Le feu me montait aux joues, sans que je n’ose le regarder. Un léger rire, joueur et sombre à la fois, monta de sa gorge.

— Tu veux te familiariser avec ? Tu peux toucher, tu sais. Ça ne mord pas.

Je relevai les yeux vers lui, quêtant son regard. Il me souriait, ses beaux yeux de jade irradiant de lumière. Avec ses cheveux retombant sur le côté, il avait l’air d’un ange.

Encouragée, je fis ce qu’il me demandait. J’achevai de déboutonner son jean, aussi apeurée qu’impatiente. Lev m’aida en baissant son caleçon d’une main autoritaire. Libéré de sa prison de textile, son sexe se dressa, offensif et énorme, comme un diable qui sort de sa boîte. Le gland, poussée de chair écarlate perlée d’un liquide transparent, palpitait comme un œil affamé, impatient de s’enfouir à nouveau dans quelque refuge chaud et humide.

— Je…

Lev mit fin à mes protestations d’un main caressante. Il attrapa doucement mon poignet – devenu tout rigide – et l’éloigna de son sexe. De l’autre, il reboutonna son pantalon.

— Ne te force pas, Fassa. Je vois bien que ça te fait peur. C’est normal, c’est la première fois que tu vois ça !

Je me sentais nulle. Je le lui dit, et il protesta vivement.

— Mais non, Fassa. On peut attendre. On a tout le temps qu’on veut !

— Peut-être pas, non… n’importe quel homme irait en voir une autre, s’il tombait sur une fille qui ne couche pas.

Il me sourit gentiment.

— Mais pas moi. Je suis patient, tu sais. Tiens, je vais te raconter une histoire pour te le prouver.

Lev me prépara une petite place dans les coussins, et, quand je fus bien installée, il commença. J’avais tellement hâte d’écouter son histoire que j’avais déjà oublié ma honte de ne pas pouvoir le satisfaire. Il me servit un verre, s’en prit un aussi, et commença :

« Quand j’étais tout jeune, dans l’armée, il y avait une soldate qui me plaisait beaucoup. Elle s’appelait Maryoushka. Un soir, au terme d’une cour assidue, elle me témoigna enfin de l’intérêt. Après des préliminaire hasardeux – j’étais un jeune bleu inexpérimenté – je m’apprêtais enfin à concrétiser lorsqu’elle m’arrêta de sa voix glaciale :

Niet, colonel.

J'ai gardé le sourire, pensant présomptueusement que c'était la taille de mon engin qui l'avait alarmée, ce dont je me gargarisais d'avoir une certaine habitude (comme quoi, tu vois, il n’y a pas que toi).

— Allons, Marina Ivanovna, Maroushkayevouka, lui dis-je affectueusement, je vais être gentil. Ne me dis pas que tu me trouve trop gros pour toi ? Je ne te croirais pas !

Mais elle a fermement posé sa main sur mon ventre, m'empêchant d'aller plus loin. J'avais souvent vu cette nana d'un mètre-quatre-vingt, formée au combat rapproché, envoyer au tapis de véritables bulldozers, et je savais parfaitement que si elle n'avait pas envie, il valait mieux ne pas insister.

— C'est pas ça, camarade colonel, me répondit-elle sans se départir de son air militaire. Mais soit votre petit bonhomme sort couvert, soit il rentre à la maison.

Je compris alors deux choses : la première, que je n'allais pas tirer mon coup sans préservatif, et la seconde, qu'elle n'était pas si impressionnée que ça par mon splendide attribut, qu'elle avait qualifié de « petit bonhomme ». Légèrement vexé, j'ai renfilé mon treillis d'un air rageur, et je suis sorti chercher ce qu'elle demandait en lui ordonnant de m'attendre là, car évidemment, je n'avais rien à proximité. Je me suis précipité hors de mes quartiers, bien déterminé à la monter toute la nuit, et à faire changer sa morgue en suppliques gémissantes dès mon retour. Il s'en est ensuivi une course digne d'un mauvais film allemand dans les rues désertes de Moscou, et ayant finalement trouvé une épicerie de nuit, j'ai demandé des préservatifs en bafouillant devant un conglomérat de babouchkas hilares, avant de m'apercevoir que j'avais oublié mon portefeuille. Je me suis pris la tête avec le vendeur ouzbek, et, hors de moi, je n'ai rien trouvé de mieux que de le braquer pour une boîte de préservatifs périmés. La Tchéka m'a embarqué, et j'ai passé une nuit au trou avant la cour martiale, qui décida heureusement de passer cet écart honteux sous silence eu égard à mes états de service. Mais Maroushkayevouka, elle, avait fini dans les bras d'un autre officier. Tu vois Fassa, il n’y a aucune honte à avoir, en amour ! »

Cette histoire m’avait fait rire. Je n’avais pas imaginé Lev comme ça.

— Merci, Lev, lui souris-je, de m’avoir confié cette histoire.

— Mais de rien, ma chérie. C’est moi qui te remercie ! Je ne pouvais pas garder une telle honte seulement pour moi.

Avec un petit clin d’œil charmeur qui me fit fondre de l’intérieur, Lev se redressa et quitta le lit. Je le suivis des yeux alors qu’il se dirigeait vers la salle de bain, ses longs cheveux d’archange tombant sur son dos musclé, jusqu’à sa chute de reins glorieuse. Le bruit de l’eau qui coule se fit bientôt entendre : Lev prenait une douche. Je me laissai tomber dans les coussins épars, songeuse.

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