Partie 3 - Panique I

Une minute de lecture

Le regard se baisse.

L’index est toujours là, bien rattaché au corps. Laiteux.

D’où s’échappe une goutte d’un liquide rubis.

L’index a été piqué.

Le regard se fige. S’agrandit.

Piqué.

Piqué.

Elle vient de se piquer.

Tout était parfait. Il a juste fallu qu’elle se pique. Tout vient de s’effondrer.

La goutte glisse le long de son doigt, tranchant le blanc neigeux d’un trait écarlate malvenu. Puis, elle tombe et s’écrase sur la pierre du balcon.

Une fois.

Deux fois.

Trois fois.

Et elle reste là, immobile, tremblant de tous ses membres, tétanisée.

Elle s’est piqué.

Elle saigne.

La blancheur, la pâleur, la laiteur de sa peau est rompue.

La perfection est rompue.

Elle est sortie de son rôle.

Le cœur bat. Bat vite.

Vite. Vite. Vite.

Vitesse.

Vision brouillée.

Peur du néant.

Tremblement accentué du corps.

Chaleur excessive se répand.

Dans la tête. Les cheveux. Les sourcils. Les yeux. La bouche. Les dents. L’haleine. Le menton. Le cou. Les épaules. Le dos. Le torse. La poitrine. Les bras. La taille. Les jambes. Les mains. Les pieds.

Les pieds et les mains picotent. Deviennent lourd. Finissent inutiles.

Incapacité à se relever.

Puis, frissons. Frissons qui parcourent la colonne vertébrale. Remontent jusqu’au crâne.

Nausée.

Monde tourne. Vertiges.

Elle a un rôle à jouer.

Cœur bat. Bat vite.

Vite. Vite. Vite. Vite. Vite. Vite. Vite. Vite. Vite. Vite. Vite. Vite. Vite. Vite. Vite. Vite. Vite.

Compressions de la poitrine. Souffle court.

Étouffement.

Elle perd le rôle.

Mouvement rapide du corps. Regarder à gauche, à droite.

Battement du cœur. Battement du cœur. Battement du cœur. Battement du cœur.

Peur. Peur. Peur. Peur. Peur. Peur. Peur. Peur. Peur. Peur. Peur. Peur. Peur. Peur. Peur. Peur.

La perfection a disparu.

Monde lointain.

Monde semble lointain.

Monde est lointain.

N’oublie pas.

Elle lointain.

« Que [ta] splendeur descende ainsi de [ta] tête à [tes] pieds et que le tout soit poli jusqu’à la perfection », Poetria Nova, Goeffroy de Vinsauf

Elle semble lointain.

Tu es un personnage.

Elle est lointain.

Tu n’es qu’un personnage.

Lointain. Loin. Reprise du corps.

« Je suis un personnage. »

Annotations

Vous aimez lire Ess ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0