Pourquoi je n'écris plus ?

de Image de profil de Gus delachoGus delacho

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Depuis quelque temps, ma plume m'a glissé des mains. Je n'ai plus usé d'un seul stylo, ni d'un seul clavier. J'ai rougi de mes quelques gribouillages du temps où je me voyais déjà écrivain, et j'ai tout rangé dans un carton, en me répétant que j'avais eu tort d'essayer. Je ne savais plus pourquoi écrire. Après tout, à quoi cela servait-il vraiment, aujourd'hui ? À faire ce que la terrifiante IA est capable de faire à ma place, en mieux et plus rapidement ? À raconter des histoires qui ne parlent qu'à moi ? À m'investir dans de stupides écrits, lesquels, je le sais, ne seront jamais vraiment aboutis ? J'ai traversé une période obscure où les préoccupations quotidiennes m'ont empêché d'entretenir ma passion pour la création. Du jour au lendemain, tout a disparu. Mes idées, mes mondes imaginaires et mes projets avaient pris fin. La dictature de la rapidité qu'impose la vie citadine m'a transformé en robot, bon uniquement à en faire tourner d'autres pour créer de la valeur. Je n'avais plus le droit de prendre le temps.

Mais en revenant au travail, j'ai retrouvé, sur mon bureau, deux feuilles de brouillon. Deux feuilles sur lesquelles j'avais auparavant écrit une petite scène. Lorsque l'on retrouve de vieux écrits, c'est comme lorsque l'on retrouve de vieilles vidéos dans notre téléphone : on peine à les assumer et on en meurt de honte. Pourtant, là, c'était différent. J'oubliais les questions de la qualité ou de la finalité de ce travail. Plus rien ne me venait en tête que l'envie de donner suite à ces histoires. Tout m'est revenu. Pas uniquement l'envie d'écrire, mais bel et bien tout ce qui nourrit mes mondes extérieurs.

Alors j'ai quitté la ville quelques jours, pour rejoindre ma maison de campagne hors du temps, ou la magie opère toujours. Elle est une boite à souvenirs capable de me redonner vie en quelques jours. Les murs sont les mêmes qu'il y a 20 ans, et la poussière des tableaux a vu jouer ma grand-mère lorsqu'elle était petite. J'y ai alors de nouveau vécu mes voyages dans mes souvenirs à travers les odeurs de pluie et de vieux papiers peints.

Ce retour aux sources, voilà ce qui m'a permis de me rassurer un peu. Pas assez sans doute, mais, les vacances serviront à oublier cette époque si difficile à aimer. J'ai peur de ce siècle, pour l'écriture. Mais il faut lui reconnaître qu'il nous forcera à redéfinir notre rapport à celle-ci. Car cette activité est devenue marginale, étrangère à toute civilisation occidentale moderne. Pour écrire, il faut désormais aimer cela, uniquement ! La passion ne peut-être que la seule raison.

Alors, avant de continuer à les vivre, ces années, reposons-nous la question : pourquoi écrivons-nous ?

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Pourquoi je n'écris plus ?Chapitre6 messages | 3 semaines

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