Sous un lit d'étoiles

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Ma respiration ralentit à mesure que j’approche de mon destin. À mesure que des lignes invisibles tracent leurs esquisses dans ma tête.

Je m’assieds près de la colline, derrière laquelle s’étend ma maison. Mes articulations craquent sous le poids de mon vieil âge, et les souvenirs qui l’ont marqué. Je souris, le souffle lent.

Une bête jaillit de la porte entrouverte. Elle cavale vers moi, sa langue pendouillant à l’extérieur de sa gueule. Mon amie de toujours, Athéna, me rejoint devant ce lit d’étoiles qui vivent aux côtés de la lune.

Je m’allonge, tandis que mon cœur ralentit. Les secondes semblent éternelles dans ce coin de paradis recouvert par la brume d’épais souvenirs. Par l’obscurité de la nuit.

Je n’ai jamais eu peur du noir. Je n’ai jamais eu peur de la mort. Il faut savoir déceler le petit interstice de clarté qui s’égrène dans chaque recoin pour ne voir que lui. Pour partir en paix.

Athéna soupire et pose sa tête sur mon ventre, ses pupilles arrondies pointées sur moi. Mon cœur se comprime. Les larmes me montent aux yeux, mais je ne dois pas y penser.

Après tout, je n’ai jamais eu d’enfant. Je n’ai qu’Athéna. Ce n’est pas mon âge qui l’abandonne, c’est le temps qui fait son œuvre. Ses os sont aussi usés que les miens. Elle sait ce qui est en train de se dérouler. Le sablier ne s’arrête pas. Jamais.

Je caresse son poil doux. Soyeux. Elle soupire. Son regard me partage ses pensées. Elle me lèche les doigts pour me faire comprendre que ça va aller. Athéna pleure. Moi aussi. Mon cœur continue de ralentir sous ce lit d’étoiles où le chagrin m’a tant de fois arraché des cris de détresse.

Aujourd’hui, je suis en paix avec moi-même.

Je ferme les paupières. Mon voisin sera là pour s’occuper d’Athéna après mon départ. Je souffle d’apaisement, le visage harassé, ridé, par la fatigue du corps et de l’esprit.

Sous ce lit d’étoiles, je perçois comme une voix. Est-ce mon imagination ? Ou, tout simplement, la capacité, une fraction de seconde, à entendre les paroles d’un animal qui me dit : tu vas me manquer.

Une comète s’éteint dans la nuit en même temps que mon ultime battement de cœur que je partage avec Athéna, collée contre mon ventre.

Les jours suivants le décès de son maître, Athéna est venue chaque nuit au pied de la colline où il a laissé sa dernière empreinte. Il paraît qu’elle admirait les étoiles et aboyait trois fois, symbolisant les trois derniers battements de cœur de son maître.

Athéna l’aura finalement rejoint deux semaines plus tard. Avant, elle observait le ciel constellé de points blancs d’une pureté sans nom. Maintenant, elle peut se coucher en compagnie de son maître dans le lit d’étoiles qu’ils ont contemplé ensemble toute leur vie, et dans lequel ils font désormais partie.

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