La peur au ventre

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J'avance petit à petit, j'entends mon cœur tambouriner dans ma poitrine. Je continue de marcher à tâtons, tous mes sens sont en éveil. J'ai peur de ce que je pourrais trouver à chaque recoin de mon logement. Il est là, quelque part et je le sais. Il est toujours là. Quoi que je fasse. Il me regarde à chaque moment de ma vie. Il me toise, me juge, me dévisage, sans que je ne l'aperçoive. Je ne sais plus quoi faire pour qu'il s'en aille. Les larmes de panique commencent à couler. Tout ce que je veux, c'est le voir de mes propres yeux. Voir à quoi il ressemble, discerner mon bourreau une bonne fois pour toutes, mon harceleur, mon stalker. Je ne l'ai jamais vu une seule fois. J'entends des bruits, des objets tombés, distingue parfois une silhouette fuir du coin de l'œil, jamais rien de concret, je ne le vois jamais distinctement. J'ai essayé de rationaliser les événements plusieurs fois. Mais c'est la première fois que je n'invente pas l'excuse du courant d'air, que je n'essaie pas de me dire que j'ai halluciné. J'en suis certain, ma maison est hantée.

Aujourd'hui, alors que j'étais en train de cuisiner, le spectre m'est apparu dans ma vision périphérique. Je l'ai même entendu soupirer. Je suis sûr, quelqu'un est là. Je suis certain que je suis épié.
J'avance petit à petit, mon cœur menaçant de transpercer mon thorax, poële à la main, prêt à frapper qui que ce soit se mettant en travers de ma route. J'ai peur, vraiment très peur. Mes mains tremblent, ma respiration s'accélère à chaque pas.

Soudain, derrière moi, j'entends un bruit sourd. Je ne sais pas d'où il provient. Je me retourne, sans bouger, sans avancer d'un millimètre. Je retiens ma respiration. Où est-il ? Est-ce qu'il me regarde là tout de suite ?

J'entends un nouveau bruit qui vient de l'opposé. Je me retourne de nouveau. Est-ce qu'ils sont plusieurs ? Cette idée me fait froid dans le dos. Un frisson me parcourt la colonne vertébrale. Et s'ils étaient plus que ça ? J'essaie de me raisonner en me disant que dans ce cas, j'en aurais aperçu au moins un. Ce n'est pas possible.

Un nouveau bruit retentit. Cette fois, il provient de ma droite...

Complètement paniqué et à bout de nerfs, je cours en direction de ma chambre et m'enferme à clef. J'ouvre mon placard, vérifie sous mon lit, sous mon bureau, on ne sait jamais. Il n'y a personne, je suis seul et rassuré. J'essaie de calmer ma respiration afin d'entendre quoi que ce soit. Je colle mon oreille à la porte. Rien. Pas un seul son. Je pose ma main sur ma poignée, prêt à courir jusqu'au salon et récupérer mon téléphone le plus vite possible pour revenir m'enfermer ici, mais au moment où je commence à tourner la clef tout doucement dans la serrure, j'entends quelqu'un frapper a la porte de ma chambre. Trois fois.
Silence.
Je n'ose plus bouger. Je suis terrifié. Je m'éloigne sans bruit de la porte.

TOC TOC TOC.

Mon sang ne fait qu'un tour. Mon oreille commence à siffler, ma respiration à s'accélérer.

  • Qui est là ?

Un silence interminable suit. Qui est de l'autre côté de la porte ?

TOC TOC TOC.

Je n'ose même plus bouger. J'ai envie de hurler, mais la peur qui m'habite me l'interdit.

TOC TOC TOC TOC TOC TOC.

Je lâche un petit cri. Je regarde rapidement autour de moi dans l'intention de trouver quoi que ce soit pouvant m'aider. Je cherche n'importe quoi pouvant me servir d'arme. J'attrape instinctivement ma lampe de chevet.

TOC TOC TOC TOC TOC TOC.

Je me force à inspirer et à expirer à pleins poumons. Il faut que je me calme avant d'ouvrir la porte. Dans la panique, je pourrais faire une erreur. Je tente une seconde fois :

  • Qui... Qui est là ?

Un nouveau silence.

BAM BAM BAM.

On ne frappe plus à la porte, on lui donne des coups-de-poing. Je suis complètement terrorisé. Je lâche un second cri, plus fort cette fois.

  • QUI EST LÀ ? JE SUIS ARMÉ ! N'APPROCHEZ PAS !

Ce que j'entends ensuite me glace encore plus le sang : un rire horrible retentit derrière la porte. Ce rire, aussi faible soit-il, me donne des sueurs froides. Le harceleur n'a clairement pas de bonnes intentions. On veut ma peau, c'est certain.

La panique prend petit à petit entièrement le contrôle de mon corps. Je n'arrive plus à respirer, je vois flou, j'ai la tête qui tourne, je suis au bord de l'évanouissement. Je décide de m'allonger sur mon lit. Je ferme les yeux quelques secondes. Puis je les ouvre de nouveau. Je pousse un cri. Il est là, me fixant, flottant au-dessus de mon lit, le visage orné d'une expression horrifiante. Je le vois enfin pour la première fois. Son corps est entouré d'une aura noire. Habillé d'une combinaison orange, son cou semble recouvert d'un énorme collier métallique. Je ne vois que le haut de son corps, de ses hanches à son visage, le reste semble s'évanouir dans la fumée noire. Je suis paralysé par la peur. Impossible de bouger.

Tout à coup, l'entité fonce sur moi, elle semble prendre possession de mon corps. Je ressens immédiatement un mal de tête insoutenable. Qu'est-ce qui m'arrive ? Je sens mon esprit se transborder. Tout devient noir.

Je me retrouve dans un couloir froid, gris, illuminés d'une forte lumière venant de néons énormes disposés régulièrement au plafond. J'ai l'impression d'être dans un vaisseau spatial. Les murs sont en métal, tout comme les deux humanoïdes qui courent dans ma direction. Je prends immédiatement mes jambes à mon cou. Pas assez rapide, les étrangers me rattrapent presque immédiatement... Et me passent à travers. Quoi ? Je m'arrête et jette un œil instinctif à mes mains : elles sont presque transparentes, entourées d'une étrange fumée noire. J'entends un gémissement venant de la pièce d'à côté. Hésitant, je traverse le mur. Il est là. L'homme à la combinaison orange. Je le distingue clairement cette fois. Son énorme collier métallique est directement reliés à des menottes attachées à sa ceinture. Il est prisonnier ?

Soudain, l'homme se tourne vers moi et une expression d'horreur se lit sur son visage.

  • Non ! Laissez-moi, je vous en prie !

Je comprends qu'il a peur de moi. Il semble m'avoir déjà vu.

  • Vous allez encore me frapper ? Je suis déjà prisonnier, s'il vous plaît, allez hanter un autre prisonnier.

Je ne comprends pas. Un homme-robot entre dans la cellule. Il toise du regard le prisonnier.

  • La ferme !

Je décide de suivre le garde. Il se rend dans ce qu'il semble être leur salle de surveillance.

  • Le prisonnier 941525 a encore des hallu, soupire le premier maton.
  • Il a encore vu le fantôme d'Adam Valca ?

Adam Valca ? C'est moi. C'est pas la première fois qu'il me voit.

  • C'est qui Adam Valca ? demande un autre dans le fond de la pièce.

Un des gardes tapote sur son clavier. Ma photo apparaît sur son écran ainsi qu'une liste de mes soit disants méfaits :

- Cambriolages

- Vols à main armée

- Kidnappings

- Tortures

- Assassinats

Arrêté le 27 juillet 2027.

Je me fige de stupeur. Ils se trompent...

La seconde suivante, je me retrouve de nouveau dans mon lit, excepté que l'entité n'est plus présente dans la pièce. Je m'assois puis essaie de faire le tri. Était-ce un rêve ? Une hallucination ?

Je me rends dans la cuisine afin de me servir un verre d'eau. Je remarque que mes pâtes cuisent toujours. Une minute, peut-être deux se sont écoulés depuis que je suis parti à la recherche du spectre. La date est toujours la même : 25 novembre 2021. Je soupire. Je ne comprends rien. Une haine et une colère que je n'avais jamais ressenti auparavant s'emparent de moi. Les coups venant de la cave ne m'aident pas à réfléchir. Je décide d'aller voir. Ils sont tous là, effrayés, transi de froid et de peur. Je m'en régale.

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