N'nan Ôh Mémoire du Coeur
N’nan ôh — Souvenir d’Afrique
Je viens d’Afrique.
D’un village bercé par le vent,
Où les rivières murmurent…
Et où l’enfance court pieds nus sur la terre rouge.
Là-bas, on dit N’nan
Pour dire grand-mère.
Un mot doux.
Un mot fort.
Un mot qui bat comme un cœur.
N’nan…
C’était une femme au sourire large,
Une femme de courage,
Les mains pleines de savoir,
L’âme pleine d’histoires.
Tôt le matin,
Elle m’appelait.
Outils en main,
Nous partions vers les champs.
Pour y aller,
Nous traversions deux rivières.
Je me souviens…
De l’eau fraîche aux chevilles,
Du soleil sur son dos,
Et de sa voix… qui chantait.
Le soir,
Le feu crépitait dans la cour.
Nous mangions là,
En silence d’abord…
Puis venait l’heure des histoires.
N’nan racontait.
Les ancêtres, les esprits, les lions,
Les femmes puissantes,
Les enfants rusés.
Je buvais ses mots
Comme on boit l’eau claire.
Et puis…
Quand je rentrais de l’école,
Avant même de voir la maison,
Je m’arrêtais,
Je posais mon sac…
Et je criais :
"N’nan ôh !"
Et elle,
Depuis la case,
Me répondait :
"Mon petit ! Je suis là !"
Sa voix…
Réchauffait mon cœur,
Comme le feu réchauffe la nuit.
Aujourd’hui,
Même loin,
Même grand…
Je ferme les yeux,
Et j’entends encore…
"N’nan ôh…"
…et son écho d’amour qui ne me quitte pas.
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