Chapitre 11 : Près de toi

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Je profite des soldes pour acheter de quoi faire un bon repas pour ce soir. Heureusement, j’ai de quoi faire le plat préféré de Lynn.

Du coin de l’œil j’aperçois un homme à casquette qui fait semblant de choisir des produits. Je le sais avec certitude parce qu’il me suit depuis que j’ai quitté la salle de sport.

Il n’est pas rare qu’Edwin envoie des gens pour m’intimider, mais étrangement, Ils n’ont jamais rien fait de plus que m’observer de loin. La pression de Lynn doit y être pour quelque chose.

Les courses en main, je me rends joyeusement en caisse, regardant l’inconnu sortir avant moi avant de rebrousser chemin et de sortir par une autre entrée.

J’ai pris l’habitude de toujours sortir armée d’un taser en cas de pépins, mais heureusement, je ne le revois pas de la soirée.

Une fois le diner sur la table, épuisée par une journée stressante, je m’attarde sous la douche en attendant que Lynn rentre de cours. Le jet d’eau chaude m’aide à détendre mes muscles et l’odeur agréable du savon chasse ma mauvaise humeur.

Continuant nonchalamment de frotter mon corps, je rejette la tête en arrière dans un grand soupir, blasée.

  • Lynn, qu’es ce qu’on avait dit au sujet de tes intrusions dans la salle de bain ?

Entrée sans frapper comme à son habitude, celle-ci se met à me parler de sa journée comme si de rien était.

Plusieurs jours se sont écoulés depuis nos confrontations respectives et le moins que l’on puisse dire est que celles-ci nous ont rapprochées.

Lynn, désormais loin de son frère, vit temporairement à mes côtés. Ce qui implique parfois, malheureusement, que je dois dire au revoir à toute intimité et espace personnel. Mais je ne suis pas à plaindre, sa présence a le mérite d’être plus réconfortante qu’agaçante.

Encore dégoulinante de savon, je renonce à la mettre dehors amusée par son insouciance. Quand je pense qu’il y a peu, elle ne me regardait même pas dans les yeux, et là, elle se retrouve à me faire un monologue élaboré pendant que je prends ma douche.

Une fois rhabillée, je me mets à servir les repas, mais Lynn ne s’installe pas, débout, les mains dans le dos. Un regard me suffit pour deviner ce qu’elle a en tête.

  • J’ai pris ça pour toi. Dit-elle avec un grand sourire.

Un paquet dans les mains, elle me regarde avec des yeux pleins d’étoiles. Je retiens un soupir.

Depuis qu’elle tente de se reconstruire sans son frère, je ressens chez elle, à l’instar de nos début un besoin d’acheter ma présence à ses côtés. Du moins, je le vis tel quel, car je ne comprends tout simplement pas pourquoi elle agit comme elle le fait.

L’air préoccupé par mon manque de réaction, elle fait un pas en avant et tente à nouveau de me tendre le paquet.

  • Tu m’as dit que ton ordinateur était devenu trop vieux. Fait-elle avec une petite voix.

Un petit sourire m’échappe malgré moi et mon visage se met à chauffer. Elle est incorrigible.

  • Ça ne te plait pas ? Demande-t-elle soucieuse.
  • Si… Mais…
  • Tu trouves que c’est un peu trop ?

J’hoche timidement la tête. Essayant de trouver les mots justes, je lui prends la main et je la fais assoir.

  • Écoute, ça me fait extrêmement plaisir que tu fasses autant attention à mes besoins, mais parfois je me sens un peu dépassée.

Levant prudemment la main, je dégage l’une de ses mèches rebelles.

  • Merci pour ton cadeau, mais pour la prochaine fois, je t’assure que quelque chose de moins cher irai très bien.

Elle commence à éviter mon regard.

  • Je suis désolée, je ne sais pas vraiment comment me comporter avec toi. Tu es trop différente des gens dont j’ai l’habitude. Marmonne-t-elle.

Je souris pour la rassurer.

  • Je comprends.
  • Qu’es ce que je dois faire pour te faire plaisir alors ?

La tirant par la main pour la mener jusqu’à la table, je m’installe tranquillement après avoir posé ses couverts.

  • Commence par frapper avant d’entrer dans la salle de bain. Ce serait un bon début.

*****

Tard le soir, nous regardons un film allongé dans le lit. Lynn, blottie contre moi, passe sa main froide sous mon t-shirt pour me caresser le dos.

  • Arrête de me coller comme ça.
  • La ferme. Souffle-t-elle en se rapprochant encore plus.

Un petit gloussement se fait entendre et la soirée suit son cours normalement, mais connaissant l’animal, le calme n’est jamais que de courte durée.

  • Dis ? Tu m’aimes ?
  • Ça sort d’où ça ? Je demande, entre la surprise et le rire.
  • Réponds.
  • Silence, on n’entends plus rien.

D’un coup, elle se redresse et arrête le film.

  • Qu’est-ce que tu ferais si je partais d’un coup ?

Elle n’a pas l’air décidée à lâcher l’affaire. Toujours allongée, je la scrute quelques instants, répondant le plus honnêtement possible.

  • J’essaierais de comprendre pourquoi.

Interpellée, elle s’assois en tailleur.

  • Tu n’essaierais pas de me retrouver ?
  • Pas si tu es partie de ton plein gré.
  • Dis tout de suite que tu n’en aurais rien à faire…

Cela peut paraitre dur de sortir de tels mots. Mais l’entièreté de ma vie a été pavée d’abandons, j’ai appris à mes dépends qu’il est moins douloureux d’éviter de s’accrocher lorsque quelqu’un cherche sciemment à te quitter.

  • Non, je ne suis personne pour te forcer à revenir si tu es plus heureuse ailleurs.
  • Je ne serais jamais heureuse loin de toi. Arrête de trop réfléchir et vient me chercher…

Elle me regarde comme si j’étais stupide de douter d’une évidence, ça y est, mon visage recommence à chauffer.

Brusquement, elle se met à califourchon sur moi.

  • Je peux savoir ce que tu fais ?

Saisissant mes mains, elle me regarde avec un sourire mesquin.

  • Je me demande si tu garderas cet air impassible jusqu’au bout.

Un grand boum se fait entendre dans ma poitrine alors que je la regarde se rapprocher, complètement prise au dépourvu. Traversée par une gamme de sentiments que j’avais enfouis ou même oubliés, je sens mes battements de cœurs s’accélérer.

Elle est trop proche, je panique. Dans un réflexe démesuré, mon corps réagit et la projette du lit. Immédiatement, je reprends mes esprits et je me confonds en excuse en voyant qu’elle a traversé la pièce.

  • Je plaisantais ! Scande-t-elle en massant son derrière endoloris par la chute.

Rassurée, je me relève pour aller la rejoindre. Un sourire sur les lèvres, je m’abaisse à son niveau et je passe doucement ma main sur sa joue avant de remonter à son oreille que je tiens fermement.

  • La prochaine fois que tu tente une plaisanterie pareille, tu dormiras sur le paillasson d’entrée.

Horrifiée mais assagie, elle trace son chemin, seule, vers le lit.

  • Bonne nuit !
  • C’est ça oui.

*****

Laissant ma tête reposer contre le bord du bain, dans les nuages, je contemple les spirales de vapeur qui s’élèvent autour de moi.

L'eau chaude m'enveloppe comme une étreinte familière, créant une ambiance détendue qui m’incite, malgré moi, à laisser mon esprit de vagabonder.

Mon index glisse sur ma lèvre inférieure puis un soupir m'échappe, se mêlant à la musique discrète de la pièce d'à côté alors que je joue avec la mousse à la surface de l'eau.

J’ai chaud.

Doucement, mes doigts glissent le long de mon bras, remontant jusqu’à ma poitrine immergée dans le bain.

Je ne me suis pas sentie comme ça depuis des années, la culpabilité commence à me prendre à la gorge alors que son image apparait dans mon esprit, je veux m’arrêter, mais je n’y arrive pas.

  • Quelle peste… Regarde ce que tu me fais faire.

Pas besoin de vidéos suggestives, je laisse libre court à mes pensées alors que ma main descend toujours plus bas.

Malaxant ma poitrine de l’autre main, je l’imagine là, au-dessus de moi, me faisant supplier pour qu’elle daigne, m’accorder la grâce de son touché.

J’imagine son doigté me parcourir, sa poigne me soumettre, me dévisageant de son regard de braise.

Une vague de désir parcourt mon corps, si intense que je me bâillonne, luttant contre l'envie hurler ma frustration et mon désir.

Je ne tiens plus !

Je laisse deux doigts pénétrer délicatement ma zone humide, les laissant glisser merveilleusement au rythme de ma respiration saccadée.

J'ai chaud... J'ai tellement chaud.

Un frisson encore plus intense traverse tout mon corps, me forçant à continuer cette danse sensuelle avec plus d’allure… Jusqu’au point culminant.

Frêle, je reprends difficilement mon souffle, essayant tant bien que mal de contenir ma frustration en serrant les dents.

Mon envie n’est en rien apaisée.

Des coups contre la porte viennent troubler mon calme. Je m’immerge presqu’entièrement en voyant Lynn apparaitre dans l’encadrement de la porte.

  • Tu es toujours fâchée ?
  • Dehors !
  • Allez quoi, je t’ai fait couler ce bain juste pour me faire pardonner.

Je me rallonge, attendant qu’elle s’en aille mais elle ne bouge pas. À bout de lèvres elle me demande si elle peut me rejoindre, ce que je refuse catégoriquement, préférant éviter de réveiller d’autres pulsions ou de les empirer.

Résignée, elle vient simplement s’assoir sur le rebord du bain, l’air morose.

  • Je peux te parler ?
  • Vas y.
  • Tu serais prête à m’accompagner au manoir ?

Préoccupée, je me redresse un petit peu.

  • Quelque chose ne vas pas ?
  • Mes parents seront là pour le nouvel an. J’aimerais que tu viennes avec moi.
  • Ça ne risque rien pour moi ?

Je sais qu’elle voit où je veux en venir, son frère n’est pas ma seule crainte.

  • Non, rassure-toi.
  • Alors c’est d’accord.

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