VIRGA - NI OUBLI NI PARDON

de Image de profil de Prisca PlessardPrisca Plessard

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Le soir, elle s’imagine toujours la façon dont elle va s’y prendre, seul remède pour bien dormir. Calculer. Manipuler. Puis lui viennent en images les scènes de tortures, physiques, psychologiques, la précision de chacune de ses paroles et la violence de ses gestes.

Généralement, elle ne laisse rien au hasard. C’en est bel et bien fini, de l’injustice.

Elle se délecte d’avance à l’approche des vacances d’été, la période la plus propice pour sentir ses proies comme le ferait un aigle guettant le moindre mouvement sur la terre ferme.

Elle aimait tuer pour le plaisir de découper les corps, après coup. Elle rendait aussi, coups sur coups. Sa vengeance était devenue l’apothéose de sa personnalité qui ne cessait de se développer au contact de la mort.

Demain, elle se rendrait dans son magasin habituel faire le plein d’ammoniac, visant à détacher les mares de sang du lino. Sa cuisine s’était transformée en labo improvisé où elle aimait faire subir un tas d’expériences sur ses cobayes.

Expériences allant de la médecine psychopharmacologique pour endormir, lentement mais sûrement, à la recherche de la douleur la plus forte qui s’ensuivait, progressivement, lorsqu’elle parvenait à éviter l’overdose.

Ses instruments étaient soigneusement rangés en ordre d’importance, d’un côté pour les femmes, aux lames toujours plus tranchantes, consistant à saigner les gencives ; d’un côté pour les hommes qui ne demandaient qu’à en finir, avec les scalpels consistant à retirer la peau, une couche après l’autre.

Tous triés sur le volet, pris sur le vif. Elle ne supportait plus ces êtres dénués de sensibilité, orgueilleux, prétentieux jusqu’à la prendre encore pour l’imbécile qu’elle n’était pas. Ces clowns rieurs qui, aujourd’hui, la voulaient comme figurine au pays des sacrifices.

Une fois, c’est elle qui avait hurlé de rire, alors qu’elle enfonçait profondément des clous torsadés de cent millimètres dans les yeux de sa génitrice.

La première à l’avoir trahie. Un coeur de pierre qu’elle n’avait jamais vu pleurer, se positionnant elle-même en victime. Une grosse erreur.

Son père abuseur, lui, avait eu la chance de mourir plus tôt d’un cancer neurologique avancé. Avec la Parkinson, elle avait voulu le voir se diminuer à petits feux, lentement, jour après jour jusqu’à devenir un légume.

Tout comme la souffrance qu’on lui avait infligée, non seulement enfant, mais aussi durant la première moitié de sa vie ; celle que sa famille s’était préparée à lui faire subir, par tout un stratagème, un complot digne d’un jeu d’échec, un labyrinthe pervers menant à un désert dans tous les domaines de sa vie.

Qu’elle était heureuse, à présent.

Lorsqu’on la regardait, même au détour d’une ruelle mal éclairée rien ni personne ne laissait présager ses réelles motivations.

De toute évidence, elle prenait soin d’effacer tout soupçon inutile.

Et aujourd’hui, il ne lui restait plus qu’à compter les secondes comme sur les doigts d’une main. Pour trancher, enfin, sur la prochaine mariole de sa liste… longue comme un jour sans fin.

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