Vide

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Je vais me réveiller.

Je vais me réveiller.

Pourquoi c'est si vide autour de moi ?

T'es plus là.

T'es plus là.

Si vide.

Si noir.

Quand j'étais petit, la vie, pour moi, c'était comme une route bien droite.

Suffisait de foncer, sans s'arrêter.

Pas de virage.

Pas de sens interdit.

Pas de stop.

On fonce, simplement.

Sans s'arrêter.

C'est très simple, la vie, quand on est petit.

Y'a tous ces géants autour de nous,

qui nous regardent avec leurs yeux inquisiteurs,

et nous, on leur balance des sourires.

On court, aussi.

On joue.

On rit.

Et parfois, on pleure.

Après, j'ai grandi.

La vie est devenue compliquée.

Y'avait les filles et leur regard.

Les boutons.

Le jugement des autres.

Le manque d'argent.

La simplicité, envolée.

La complexité, débridée.

On court, toujours.

On joue, un peu moins.

On rit.

Et souvent, on pleure.

Et puis j'ai encore grandi et là, c'était comme un film en accéléré.

Un film avec toujours les mêmes images.

Voiture.

Boulot.

Dodo.

Voiture.

Boulot.

Dodo.

Voiture.

Boulot.

Dodo.

Y'avait des amis aussi, pour faire la fête.

Parfois une fille qu'on oublie vite.

On se fixe des habitudes.

Un peu connes.

Un peu solitaires.

Mais c'est surtout,

Voiture.

Boulot.

Dodo.

Tout est vide :

La voiture.

Le boulot.

Le dodo.

Tout est vide, alors on crie à l'intérieur.

Et parfois à l'extérieur, aussi.

On ne court plus.

On ne joue plus.

On rit parfois d'avoir pleuré.

Et puis j'ai rencontré LA fille.

Celle qui fait l'effet d'un coup de poing en pleine tête.

Elle avait tout :

Deux bras.

Deux jambes.

Une tête.

Et même des cheveux.

Un sourire, surtout.

Et des yeux...

Ses yeux, j'en ai rêvés.

Et j'en rêve encore.

Une fille...

LA fille.

Ça change tout.

Ça bouleverse les habitudes.

On la serre à s'en faire péter le cœur.

On l'écoute nous parler pendant des heures.

On la regarde dormir.

On l'embrasse.

On la fait rire.

On la caresse.

On l'embrasse.

On la caresse.

On l'embrasse.

On est heureux.

Ça comble tout le vide qu'on avait dans sa vie.

La voiture.

Le boulot.

Le dodo.

Elle a partagé mes sourires.

Mes habitudes.

Les plus connes.

Et les plus solitaires, aussi.

Elle a partagé mes regrets.

Mes coups de gueule.

Mes coups de folie.

Mes baisers.

Mes chemises.

Ma brosse à dent.

Mes passions.

Mes baisers.

Mon lit.

Mes coups de gueule.

Mes habitudes.

Mes baisers.

Mes coups de gueule.

Mes habitudes.

Mes coups de gueule.

Mes t-shirt.

Mes coups de gueule.

Trop de coups de gueule.

C'est dingue comme on peut détruire les gens qu'on aime.

La fille est partie.

Parce que j'étais con.

Pas attentionné.

Pas un bon amant.

Pas présent.

Pas d'excuses.

J'ai pleuré.

Dans ma voiture.

Au boulot.

Dans le dodo.

J'ai pleuré.

J'avais mal.

Pas la douleur physique.

Pas celle qu'on peut calmer.

Celle qui fait pleurer.

Celle qui est là.

Au fond.

Tout au fond.

Sans la fille, ça faisait vide.

La Voiture.

Le Boulot.

Le Dodo.

On crie à l'intérieur.

Et parfois à l'extérieur aussi.

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