Transmission sacrée

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Nouvelle primée lors d’un concours

Le soleil tardait à se montrer. En même temps, qu’espérais-je ? J’avais choisi d’accompagner ma famille en Bretagne pour un séjour de deux semaines en mobil-home. Et tout le monde savait bien que la Bretagne ne jouissait pas de la réputation de la Côte d’Azur. Il ne pleuvait jamais beaucoup, mais la bruine glaçante pénétrait vos os, vous frigorifiait de l’intérieur. Je venais de la région parisienne, le climat breton ne me dépaysait guère. Il ne m’aidait cependant pas à me sentir véritablement en vacances.

Les nuages gris s’amoncelaient au-dessus de ma tête, prêts à me tomber dessus et à déverser toute leur colère. Je levai les yeux, ensorcelée par cette étendue composée d’une multitude de couleurs allant du noir ébène au blanc de plomb. Le mauvais temps possédait ses particularités uniques, ses teintes ou ses surprises qui le rendaient fascinant. La mer brillait de cette couleur que j’adorais ; un bleu trouble, perturbé par des houles assassines. Les vagues s’alignaient les unes après les autres, elles m’abreuvaient de leurs embruns parfumés. Le bleu marine s’agitait, en compagnie des bleus céruléen, roi et lapis-lazuli. Une palette magnifique.

Je remontai la fermeture éclair de ma veste et m’avançai, les mains dans les poches. Le vent soufflait fort, je devais lutter pour progresser. Cette sensation s’avérait des plus grisantes. De temps à autre, mes baskets prenaient l’eau, mais cela m’importait peu : elles sécheraient vite. Je me perdis dans la contemplation de ce paysage agité, de cette tempête d’éléments et de sensations.

Un coquillage attira soudain mon attention. Je me baissai pour le ramasser. Il se dessinait sous la forme d’un triskèle, ce symbole celtique aux trois branches dont chacune se terminait par de petits tourbillons. Mes yeux s’agrandirent d’étonnement. Je n’avais jamais observé de coquillage semblable. Quelqu’un l’avait sans doute façonné, puis déposé sur le sable. Il ne pouvait provenir de la mer. Je tournai la tête dans toutes les directions. Il n’y avait personne d’autre sur cette plage. Personne d’autre que moi.

J’avais toujours été amoureuse de la mythologie celtique et encore plus des légendes arthuriennes qui liaient tous mes amours. Je ne comprenais pas pourquoi ces univers m’interpellaient autant. Avalon, Morgane, les fées, les trolls, les sorcières, les monuments de pierres… Toute la magie qui entourait ces récits m’aidait à m’évader et à rêver.

Je rangeai le coquillage dans ma poche, après y avoir jeté un dernier regard, puis continuai ma balade. La mer et le ciel s’accordaient pour m’offrir un paysage ravagé par le sel et le vent. Un frisson parcourut soudain tout mon corps. Un autre coquillage en forme de triskèle s’était échappé du sable mouvementé par la tempête. Je me baissai de nouveau et dus me mouiller les doigts pour récupérer le petit miracle. Je sortis l’autre triskèle et les comparai. Le symbole différait à plusieurs endroits, mais aucun doute n’était possible quant à la forme choisie par le coquillage.

Je regardai de nouveau autour de moi. Mes cheveux s’aplatissaient devant mes yeux, je soufflai dessus avec énergie pour les dégager. Personne à l’horizon. Seul le souffle de l’air sauvage me répondit. Bon sang ! Était-ce une plage spéciale ? Était-ce un type de coquillage non répertorié ? Avais-je découvert quelque chose de nouveau ? Y en avait-il d’autres ? Mon cœur accéléra devant cette excitation grandissante.

— Ahem !

Un raclement de gorge m’arrêta dans mes réflexions. De surprise, je laissai tomber les deux coquillages avant de relever la tête. Personne. Je plissai les paupières pour essayer d’apercevoir des formes à l’horizon. Rien. J’avais dû rêver. Je me baissai quand un nouveau raclement de gorge me fit sursauter. Les deux coquilles tombèrent à nouveau dans le sable. Je m’exhortai au calme pour reprendre les triskèles en main, attentive à mon environnement, à la recherche de l’origine du son.

— Bon, ça suffit maintenant !

Une voix aigüe de femme m’agressa les oreilles. Je sursautai violemment sans que mes trouvailles choient, cette fois-ci. Deux mains avaient agrippé les miennes et serraient mes poings avec force. Je réprimai un cri de douleur devant les ongles de l’inconnue qui rentraient dans ma peau. Je n’eus pas le temps de hurler tout mon étonnement et ma souffrance que la jeune femme aux longs cheveux roux et à la fine robe blanche reprit la parole.

À suivre...

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