Chapitre 10
Paniquées, les femmes reculèrent brusquement avant que l’infirmière ne plonge la main dans la poche de sa veste pour alerter ses collègues, elles auraient besoin de renfort, et ce le plus rapidement possible, elle le savait. Elle sentait la crainte monter en elle sans pouvoir la contrôler. L’aura de sa patiente noircissait a vu d’œil et elle pouvait la sentir saturer l’air de la pièce.
Le médecin, bien plus calme tenta de reprendre le contrôle de la situation.
- Vous devez vous calmer et prendre vos médicaments, sinon nous serons obligés d’employer d’autres méthodes que vous connaissez, et je suis certaine que ce n’est pas ce que vous voulez.
- Je m’en fiche ! Je ne les prendrais pas de toute façon, alors sortez de cette chambre !
Elle n’en pouvait plus, elle voulait qu’elles sortent et la laisse tranquille, elle voulait dormir et attendre le lendemain, espérant pouvoir croiser l’homme qui ensoleillait son cœur.
Elle s’énervait de plus en plus, leur hurlait de quitter sa chambre et sa colère empira quand elle sentit d’autres personnes entrer dans sa chambre. Elle ne voyait plus rien, un voile flou venait de prendre place devant ses yeux et les larmes coulaient sur ses joues sans qu’elle ne puisse les arrêter. Pourquoi y avait-il autant de monde, qu’on la laisse tranquille. Elle voulait simplement retrouver Floyd. Les émotions montaient de plus en plus fort, l’énervement, le stress, l’angoisse… Elle se sentait prisonnière de ce corps, de ces gens, de cet hôpital, elle voulait que tout cela en finisse et le plus rapidement possible.
Le monde s’agitait autour d’elle, elle ne comprenait plus se qu’on lui disait. Elle perdit toute notion du temps. Elle voulait simplement manger et attendre son homme. Pourquoi l’embêtait-on avec ces fichus médicaments, ils n’avaient aucunes importances pour elle.
Pourtant, malgré ses protestations, on lui saisi les bras avec force, l’empêchant de bouger. Elle se tortillait dans tous les sens, cherchant une issu de secours. Les paupière close, sa tête commençait à brûler, pourtant, elle ne voulait rien entendre, elle ne pouvait rien entendre. Ses yeux refusaient de s’ouvrir. Pourquoi ne voulait-on pas l’écouter ? Pourquoi ne lui laissait-on pas le choix ? Juste une fois dans sa vie. Elle voulait juste du calme, du calme. Elle voulait pouvoir reprendre son diner sans tous ces gens. Elle voulait Floyd.
Floyd…
Pourquoi ne venait-il pas ?
Floyd, Floyd, Floyd, Floyd, Floyd…
Soudain, comme si tous ces vœux avaient été exaucés. Elle entendit sa voix.
- Lâchez-là ! Laissez-là respirer, sortez de la pièce.
Puis le calme arriva. Sa respiration lourde et sifflante avait remplacer le brouhaha médical qui l’avait entouré. Elle sentait son angoisse redescendre à mesure que le médecin lui parlait. Sa voix douce et chaleureuse la rassurait. Il était venu, il ne l’avait pas abandonné. Il était là, il était prêt d’elle. Enfin. Elle parvint petit à petit à ouvrir les yeux. Sa vision était floue dans un premier temps avant de se fixer sur les traits de l’homme.
Il semblait serein, et même si l’inquiétude brillait dans son regard, rien dans sa voix ni dans sa gestuelle ne trahissait cette peur. Il était parfait. Il voulait la rassurer et elle le vit prendre de grandes inspirations avant de souffler. Elle commença à l’imiter, se concentrant sur ses traits si fin et agréables à regarder. Il était venu. Il était là pour elle. Il voulait la sauver, elle en était persuadée à présent. Il tenait à elle.
Emue, elle sentit de nouvelles larmes se mêler aux anciennes avant de se jeter au cou de l’homme pour l’enlacer. Elle ne souhaitait rien de plus de sa chaleur.
Elle le senti tendu au début, avant qu’une main rassurante ne vienne caresser son dos de bas en haut. La tête enfouie dans son cou, elle respirait son odeur à plein poumons et il la laissait faire, par peur de réveiller une nouvelle fois sa colère. Il continua ses chuchotements avant de questionner la jeune femme une fois qu’il la sentie pleinement détendue.
- Pourquoi s’être énervée tout à l’heure ?
Elle se contenta de secouer la tête de gauche à droite en resserrant sa prise autour de Floyd. Elle ne voulait pas lui répondre, elle s’était laissée emportée par ses émotions et elle ne voulait pas qu’il la regarde différemment, cela arrivait à tout le monde après tout, non ?
- Alaska, parlez-moi.
Elle ne pouvait pas, elle ne voulait pas.
- Il est important de prendre vos médicaments vous savez. Il n’y a que comme cela que vous pourrez sortir d’ici et retrouver votre vie et vous retrouver en tant que femme.
Elle relava la tête pour le regarder dans les yeux, il se souvenait de leur discussion de la veille, il l’avait réellement écoutée. Son cœur se gonfla d’espoir alors que la main de l’homme l’invita doucement à se relever pour s’assoir sur la chaise.
Elle ne pouvait détacher son regard de celui de l’homme, un fil invisible semblait l’attirer à lui sans qu’elle ne puisse faire quoi que ce soit. Elle était aussi terrifiée que subjuguée par la beauté des sentiments qui montaient en elle. Elle regrettait sincèrement de s’être emballée et souhaitait de tout cœur qu’il la comprenne. Qu’il ne la rejette pas…
- Parlez-moi.
Poussée par le regard suppliant de l’homme qu’elle aimait, elle se laissa aller ; il ne la jugerait pas, elle en était sûre, on ne mentait pas au gens que l’on aimait. Impossible.
- Je vais mieux, ils ne veulent pas comprendre…
- Ils ne veulent pas comprendre quoi ?
- Que se sont leurs médicaments qui me rendent instables. Que je peux très bien vivre sans eux, que je peux me tempérer seule. Chaque jour j’ai l’impression de devenir de plus en plus dépendante de leurs effets et je ne veux pas de ça… En plus…
Elle hésitait à lui avouer la suite de ses pensées. Ne prendrait-il pas peur face à la véracité de ses sentiments ?
- Parlez-moi, je ne vous jugerais pas. Je suis là pour ça.
- Vous n’étiez pas là aujourd’hui. Je vous ai attendue dehors mais vous n’êtes jamais arrivés. Je pensais justement à vous quand elle est venue pour me faire prendre mes médicaments mais je n’ai pas du tout aimée sa façon d’entrer dans ma chambre sans frapper et d’interrompre mes pensées de cette façon ; alors je n’ai pas voulu prendre mes médicaments. Mais cela fait déjà bien longtemps que je pense à les arrêter. Là, j’étais juste frustrée. Elles me parlaient comme si je ne pouvais pas comprendre, comme à un enfant et je n’aime pas ça du tout.
Il hocha la tête, semblant comprendre le cheminement de ses pensées. Et elle appréciait.
- C’est pour cela que vous avez jeté ce verre ?
- Elles ne m’écoutaient pas, je voulais juste leur rappeler que je n’étais pas qu’un simple objet, elles n’ont pas le droit de me forcer si je n’en ai pas envie.
- Vous avez raison, mais c’est pour votre bien.
Elle souffla avant que son regard ne se pose sur les éclats de verre jonchés au sol, elle sentait les larmes lui monter aux yeux. Peut-être n’aurait-elle pas dû ? Elle voulait simplement qu’on arrête de la traiter comme une enfant, elle voulait qu’on la remarque elle et non seulement la patiente… Mais visiblement, cela avait eu tout l’effet inverse, elle n’aurait pas dû, elle ne sortirait plus jamais d’ici à présent et tout était uniquement de sa faute.
Si elle avait simplement pris ses médicaments sans se laisser troubler par ses pensées, elle aurait pu agir simplement et se laisser faire comme les autres jours.
Tout était de sa faute.
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