Chapitre Un : C’est ici que tout commence
Une salle d’accouchement calme où résonnent les hurlements d’une femme tenant la main de son époux qui essaye de la rassurer avec des mots tendres… Le médecin qui dit « Pousser, madame ! » Les infirmières qui s’agitent calmement pour aider, tandis que les moniteurs surveillent son état. Soudain, dans un effort intense, les pleurs d’une petite fille et le soulagement d’une mère.
Le médecin d’un geste précis coupe le cordon, puis l’une des infirmières prend l’enfant afin de retirer le placenta et le sang. Une autre s’occupe de la mère dans cette salle aux odeurs aussi stériles que le reste, une nouvelle vie est apparue dans la continuité de celle qui la précède. Tout est unique, mais tout est relié dans une toile unique qu’il est impossible de couper.
Bien qu’épuisée, Méline réclame rapidement sa fille que l’infirmière enveloppe d’un linge chaud avant de la lui confier. Son regard empli d’amour, elle dit doucement tout en la tenant tendrement dans ses bras. « Tu es si mignonne, Hana, je t’aime. » Josh lui sourit aussi et tente de la faire rire en faisant des grimaces avec ses gestes pourtant maladroits.
Andrew retire ses gants, puis se lave les mains méthodiquement. Louise et Sophie rangent et nettoient la salle, alors que Joseph, un jeune brancardier conduit Hana et ses parents dans une pièce de repos. Tout est parfaitement organisé, ici, au laboratoire d’Eikyū, l’un des sept où l’humanité a trouvé refuge devant l’apocalypse qu’elle-même a engendrée.
Tu es encore petite, Hana, mais comme je l’ai déjà dit, tu n’es pas la seule que j’observe. Mon propre fils, Noran, a déjà deux ans, et je place en lui, comme dans chaque enfant qui naîtra de grands espoirs. Une jeune fille en particulier m’intrigue plus que tout, Mirina Ishiki, quatorze ans, mais tellement brillante que moi-même je suis surpris.
Elle comprend déjà le génome humain, la physique quantique, les particules subatomiques et tant d’autres choses ! Pourtant, elle n’est pas une Chishiki, comme je le suis, juste une humaine de génie. Bien que ma mémoire soit absolue, je ne peux pas m’empêcher de garder cette mauvaise habitude de tout écrire dans ce journal. Voyons un peu mes vieilles notes…
Voilà… Un Chishiki est un humain qui a subi des modifications génétiques pour dépasser sa condition initiale. Cependant, désormais nous sommes une race à part entière de ce monde où nous vivons dans l’ombre. Mon fils a hérité grâce à la génétique de tout mon savoir, son enfant héritera de celui qu’il possède. Enfin, il y a les observateurs que nous pouvons créer grâce à l’ERA.
Un observateur vit uniquement tant que son créateur le décide et observe le monde via les sens des êtres vivants avec qui il se lie. Une comparaison simple et rapide est de les considérer comme une caméra munie de tous les équipements sensoriels. Enfin, l’ERA est un composé chimique présent dans le sang de chaque individu depuis plusieurs siècles désormais.
Élise frappe à la porte de mon bureau, comme chaque fois à la même heure. « Entre, chérie. » Je range mon vieux carnet dans un tiroir fermé alors que sa douce voix emplit la pièce pendant qu’elle installe confortablement notre fils dans ses bras. « C’est l’heure du repas, tu viens manger ? » Ces mots si familiers me sont pourtant chaleureux. « Bien sûr, j’arrive. » Je lui souris en retour, puis me lève, tandis que Noran même sans mots sait qu’il ne doit pas dévoiler son savoir à celle qui ignore qui nous sommes. Je l’aime, mais elle reste une humaine et nous sommes des Chishiki. Telius Keltus est mon nom que tous ici connaissent sans vraiment savoir.
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