Chapitre Trois : Le temps s’écoule inexorablement
Les années passent toujours même si on désirerait souvent figer un instant chaleureux. Noran désormais âgé de douze ans suit Mirina partout et ne me parle que d’elle, malgré sa prudence constante. C’est un garçon brun, comme sa mère, dont les traits fermés du visage et les yeux bleus me ressemblent. Un homme en devenir qui est mon fils et ma fierté.
Mirina, cependant, devient inquiétante, jusque où ira son savoir. Le conseil lui a attribué son propre laboratoire récemment. Désormais, ses cheveux blonds sont argentés. L’azur de son œil gauche est terne depuis son expérience d’il y a deux mois, mais elle en rit. Noran dit qu’elle travaille sur un projet secret, un œil cybernétique. Elle a aussi un défaut, sa pudeur semble inexistante, car souvent elle ne porte qu’une culotte sous sa blouse ce qui exacerbe les critiques malgré ce qu’elle a déjà apporté à notre communauté scientifique. Pour ne citer que quelques découvertes, traitement du cancer, sida et autres maladies. Amélioration des conditions de travail via une automatisation poussée qui ne replace pas l’humain. Déplacement personnel via des chaussures électriques.
Noran n’est pas en reste et son nouveau système calendaire est désormais adopté depuis deux ans. Il repose sur une continuité de treize mois de vingt-huit jours avec un supplémentaire au dernier. Pour pallier l’année bissextile le vingt-neuvième jour compte double tous les quatre ans. Selon son principe, tous les décalages se corrigent de façon automatique.
Enfin, il reste Hana. Toujours timide, mais très aimé, gentille, attentionnée. C’est une enfant de presque dix ans, qui aime écouter, apprendre, soutenir. Elle est intelligente, un peu naïve, parfois sûre d’elle, d’autre fois hésitante. Elle vit entourée de tendresse, elle est joyeuse. Ses amis disent que c’est un rayon de soleil dans leur vie parfois difficile. Je dois avouer au fond que même si elle n’est pas la plus brillante, même moi j’aime sa personnalité naissante.
Élise est toujours à mes côtés. Parfois elle se plaint un peu que je ne passe pas assez de temps avec elle, pourtant je la surveille en continu comme je le fais avec tous ceux qui vivent au laboratoire. Mes observateurs sont organisés et travaillent efficacement, tandis que je planifie la sécurité de chacun ici. Le savoir est une arme que je ne donne pas, car au fond j’ai peur qu’ils ne se blessent.
Un sujet m’intrigue récemment et je vais y consacrer ces quelques lignes. Avant la création des Chishiki deux races ont été créés génétiquement à partir d’humain. La première je l’ai déjà mentionnée fut les Eien, guerriers quasi immortels de nature, ils avaient pour but de faire revenir une paix mondiale, puis de repasser sur leur personnalité civile après.
J’expliquerai cela en détail plus tard dans un document plus scientifique. Il y a eu ensuite les Hahaoya, une fascinante tentative. Une espèce à l’apparence unique dotée des deux sexes, mais, qui, au final fût un échec, car seul le féminin a prédominé. Elles ont des traits très distinctifs, cheveux ébène, yeux émeraude. Cependant, tout comme les Eien je les crois éteintes.
Bien que rien ne soit une certitude, car certaines ont pu survivre. Soudain, les coups typiques de ma femme sur la porte, encore une fois, elle vient me chercher pour le repas. « Entre. » Noran l’accompagne puis s’approche de moi alors que je range mon carnet. Il me chuchote à l’oreille d’une voix calme. « J’ai créé mon premier observateur, Papa. » Je me lève et le prend dans mes bras, bien que dépourvu de sentiments, je suis fier de lui. Élise nous regarde en souriant et je lui retourne ce même sourire alors que nous nous dirigeons vers le réfectoire commun du laboratoire où tant d’autres familles se réunissent à cette heure-ci. « Je t’aime ma chérie. » « Je t’aime aussi. »
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