28 frostia 7
Mirina est assise à son bureau couvert de vieux ouvrages, son ordinateur est enterré dessous. Hana observe la scène depuis la porte d'entrée, mon observateur me laisse tout analyser. Ce vieux matelas posé à même le sol, crasseux et taché de liquide, les éprouvettes sales dans l'évier qui se mêlent à la vaisselle ébréchée.
Ce vaste lieu lui sert autant de chambre que de laboratoire. Noran est assis dans le canapé, il attend, son regard froid fixe Hana avec mépris. Brusquement, la voix de Mirina brise le silence.
— Je te laisse faire l'entretien, Noran.
Mon fils expire, puis se lève d'un geste rapide. Il s'approche de Hana, elle tremble légèrement sans pour autant détourner le regard. C'est la première fois qu'ils se rencontrent vraiment tous les trois. Hana joue avec ses doigts par instinct, mais soudain Noran hausse la voix.
— Ne fais pas attention au bazar !
Hana sourit rapidement, son regard se pose un instant sur Mirina.
— Désolée, c’est vrai que ce n’est pas si important.
— Ne fais pas non plus attention à la tenue de Mirina.
— Tu lis dans mes pensées !
— Non, mais je vois ton expression.
Hana rit soudain. Mon fils expire doucement.
— Mirina aime porter sa blouse avec juste sa culotte.
— Je comprends.
— Donc, tu veux travailler avec nous ?
Soudain, Mirina rit sans arrêter ses recherches.
— Ne la taquine pas, Noran.
— Ce n'est pas mon but.
— Sois la bienvenue si tu veux être ici, Hana.
Noran soupire, puis tend sa main à Hana.
— Comme l’a dit Mirina, sois la bienvenue, Hana.
Les larmes aux yeux, Hana serre la main de mon fils.
— Merci, je ne vous décevrai pas.
Mirina se retourne soudain, puis lui fait signe de s'approcher. Hana avance vers le bureau, tandis que Noran commence à ranger la pièce en ramassant les vêtements éparpillés un peu partout.
— Regarde dans le microscope.
Hana place son œil, la plaquette lui révèle alors des millions de polypes de Turritopsis dohrnii qui bougent rapidement. Émerveillé, son excitation ne fait qu'augmenter à chaque seconde.
— Qu’est-ce que c’est, Mirina ?
À peine Hana pose-t-elle sa question que Mirina rit légèrement.
— De nouvelles vies et un espoir pour chacun, qu’ils soient humains ou non.
Mirina ferme les yeux, son visage est souriant.
— Peu importe les progrès scientifiques, ils ne remplaceront jamais la nature.
Alors que je note tout cela dans mon carnet, les coups résonnent à la porte de mon bureau. Comme chaque jour, elle vient me chercher pour dîner. Noran n’est pas ici cette fois, les choses changent. Cependant, il sera au réfectoire avec Mirina et Hana.
— Entre, Élise.
— À quoi penses-tu, encore, Telius ?
— Beaucoup de choses, surtout celle qui te concerne.
— Vraiment ?
— Comme au premier jour, je t’aime d’un amour grandissant dont la flamme éternelle ne faiblit jamais, même sous l'orage tumultueux.
— Mon beau poète.
— Ma tendre muse.
Élise m'embrasse avec amour, je simule la même affection. Cependant, je suis sûrement en train de me mentir, je n’ai pas de vrais sentiments, mais ce lien qui nous unit depuis si longtemps est palpable même pour moi. Après tout, chacun cache une part d’ombres qui nous rend multidimensionnels, je ne fais pas exception.
Annotations
Versions