An 406
Les années passent doucement...
L'An 409
Je vis la plupart de mon temps par les sensations de Mizuki. Elle est turbulente, insouciante, joyeuse, gentille, attentionnée et n’a que quatre ans. Elle descend les escaliers en hâte, prise par une envie nocturne soudaine.
Les minutes s'écoulent...
Après ses petits besoins naturels, la lumière du salon l’attire.
Kenji effectue des exercices de yoga.
La nature curieuse de Mizuki la pousse à observer.
Kenji la remarque et lui sourit.
— Approche ma puce.
— Tu fais quoi, papa ?
— Du yoga, tu veux essayer ?
— Oui !
Mizuki veut faire comme son papa, alors il lui apprend, avec tendresse.
L’année suivante, elle commence les arts martiaux. Michel débute dans l’escrime.
— Papa, Mizuki est vraiment forte pas vrai ?
— En effet, ta soeur est douée.
— Toi aussi t'es fort Michel !
— Merci, Mizuki.
Kenji les guide patiemment leur apprend, la générosité, le soutien mutuel, mais il ne fait pas que cela. Il est devenu le chef de Hanakaze, succédant ainsi à Émilie.
Les années passent encore...
Mizuki continue de grandir. Un jour, elle se blesse lors d’un entraînement.
Yumi la soigne avec patiente.
— Tu as les droit de pleurer si tu as mal.
— Je pleure pas, Yumi, je suis grande.
— Même les grands pleurent.
Annie s'occupe de sa coiffure, elle considère Mizuki comme sa fille, même si rien n'est officielle.
— Non Annie, Je veux mes cheveux court.
— C'est plus jolie si il sont longs.
— J'aime pas moi.
— D'accord, court donc.
Mizuki a beaucoup d'amis. Chloé, Alice, Tom, Mélanie et encore tant d’autres.
— Venez on va jouer à chercher les chats pour les carresser.
— D'accord, Mizuki.
— Allez Alice, viens !
— J'arrive Chloé.
Jeune fille bavarde et amicale, tous l'aiment beaucoup.
Michel est plus sérieux, mais aussi très attentionné.
Son rêve est de prendre la relève de son père, il l’admire et adore sa sœur adoptive.
Le temps passe tel un film et je ne m’ennuie jamais, aucune scène n’est désagréable.
Mizuki grandit encore, sa beauté est sublime, douze ans déjà.
Elle écrit des paroles de chansons, chante, sa voix est divine.
Puis viennent ses premières règles.
Douloureuses, angoissantes, et je me souviens des miennes sans souffrance, car bien préparée.
Elle est soutenue, entourée d’amour, ce qui lui permet de supporter tout cela.
Cependant, je le ressens, Mizuki n’est pas seule.
Il y a en elle une présence imposante, ancienne, puissante.
Cela n’est pas dû à son héritage Hahaoya...
Il y en a aussi une troisième âme, mais elle semble être une coquille vide qui n’est pas vraiment née.
Je suis curieuse de savoir qui est cet être sans conscience.
Je réfléchis à tout ce que Noran m’a enseignée, alors que Mizuki essaye désormais de cuisiner. C’est une vraie catastrophe, désorganisée, sans préparation, elle n’arrive pas à suivre même une recette simple, car elle est pressée. C’est tout le contraire pour le yoga et les arts martiaux, où elle excelle par-delà les mots.
Mes réflexions me poussent à croire qu’elle est à la fois Eien et Hahaoya. La mère de l’éternité, si je devais traduire cela littéralement. Récemment, une jeune femme blonde étrange m’apparaît dans des moments fugaces, Naya, je crois que c’est son nom. Elle me susurre des mots, et j’ai ce sentiment qu’elle profite de moi pour en apprendre plus sur toi, Noran.
Le temps passe toujours, Mizuki vient de fêter ses quinze ans tout comme Michel. Le festival du renouveau était excellent, mais cette nuit, j’ai laissé les sens de Mizuki pour me plonger dans un vide sensoriel où plus rien n’existe. Je ressens que de nouveau tu t’éveilles tout comme tu m’as éveillée. Tu apparaîtras sûrement sur les sens de Mizuki d’où tu vivras tes premières expériences.
Quant à moi, mon cher créateur, ou devrais-je dire, Noran.
Je t’attendrai dans ce lieu paisible, où les âmes trouvent le repos de l’éternité.
Cependant, sache que je ne pourrai le faire indéfiniment, car ton retour marque le début de ma fin. L’ERA qui me maintenait en vie disparaît désormais tel le sable du sablier qu’on vient de retourner.
Notre rencontre, si elle se produit, sera un adieu. J’espère que tu me trouveras avant que mon temps ne soit révolu. Voici tout ce dont je me souviens.
Ma mémoire sera bientôt aussi la tienne. Je note l’heure et la date qui sont ancrées dans mon esprit.
Le vingt-deux luminea quatre cents vingt, il est 04h su matin. Le cimetière du village de Hanakaze située dans le royaume d'Élidia sur le continent de Férentia. Mon ERA est à 534/999.
Je serais là Hana, je t'ai surveillée comme je te l'avais promis.
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