72 - Syriana

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Les pieds nus dans l'eau clair du ruisseau, Syriana profita de ces quelques secondes d'apaisement. Car des pas s'approchèrent, troublant la quiétude des lieux. Elle se composa une façade neutre pour mieux dissimuler son agacement.

Eryon apparut et se laissa tomber à ses côtés.

— Tu n'as pas pu t'empêcher d'humilier la famille, encore.

— C'est moi qui ai été humiliée, Eryon. Encore.

Elle insista bien sur le dernier mot, acide. Elle était finalement trop impulsive pour garder son calme.

— Il s'agit de l'honneur de notre famille ! s'écria son frère. Tu vas avoir 25 ans, il sera bientôt trop tard pour te marier, plus personne ne voudra de toi !

Syriana se tourna vers lui et le toisa.

— Alors pourquoi tu ne te trouves pas une femme, toi, pour faire honneur et perpétuer cette famille, si c'est si important ?

— Tu n'es qu'une égoïste. Tout le monde nous pointe du doigt. Tu vas nous mener à la ruine. Arrête tes délires, Syriana ! Ces gens de la plèbe que tu aides... Ils ont une mauvaise influence sur toi !

Cette fois, Syriana se releva et tourna le dos à son frère, les bras croisés. Ses longs cheveux flottaient mollement dans son dos, au rythme de la brise.

— Ainsi, il est égoïste d'instruire les gens dans le besoin, de les aider à développer leur potentiel. Ainsi, il est égoïste de refuser de me détruire pour satisfaire vos traditions dépassées. Je vois. Alors nous n'avons plus rien à nous dire.

Elle lui fit face, plongea ses yeux dans les siens.

— Alors en ce cas, pourquoi continuez-vous à vous acharner sur une égoïste telle que moi ? Ne serait-il pas plus simple de me renier ?

Eryon soutint son regard.

— Parce que tu vaux de l'or. Beaucoup d'or. Ta beauté est connue au-delà de la ville. Tous les nobles la connaissent. C'est une chance, car cela les motive encore à vouloir de toi, alors que tu n'es qu'une ingrate trop gâtée.

— Mon frère... Quel dommage que tu sois si entêté, lui répondit Syriana avec tristesse. Cela te coûtera un jour tout ce que tu auras de plus précieux.

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