08. Coupable de résister

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Alken

Je me triture le cerveau depuis un moment, et même si je ne suis plus vraiment à me lamenter sur mon sort, j’avoue que je désespère un peu de trouver une solution à mon problème. Je tourne et retourne la question dans mon petit cerveau de danseur, mais rien n’en sort. Enfin, si, des scénarios tous plus loufoques les uns que les autres, mais aucun qui ne me satisfasse pleinement.

Je suis en train d’effacer le grand cœur dessiné par Joy sur mon miroir avec son rouge à lèvres, et cela me fait penser à elle et à la chance que j’ai de l’avoir dans ma vie. Une fois son forfait romantique effacé, je prends ma mousse à raser et je dessine à mon tour sur le miroir un cœur transpercé par une flèche. Je fais une photo que je lui envoie, cliché sur lequel elle peut me voir torse nu au milieu du cœur. Elle devrait être là d’ici deux heures maximum, mais cela l’aidera à patienter un peu. Il faut juste que moi aussi, je sois patient pour la retrouver. Un peu comme un petit chien qui attend sa maîtresse. Et comme ce petit animal, quand elle arrive, je frétille de la queue et ne peux m’empêcher de lui sauter dessus pour l’embrasser encore et encore.

— Bonsoir, Joy ! Ça s'est bien passé, cette journée ?

— Ma journée ? Tu veux dire, le cours ennuyeux à mourir ? La danse contemporaine avec un remplaçant pourri ? Ou l’entretien inutile avec Elise ? Franchement, journée à oublier, marmonne-t-elle.

Je souris car je ne suis pas surpris que l’histoire de la danse ne l’intéresse pas plus que ça. Franchement, je ne suis même pas sûr que ma collègue elle-même soit intéressée par le sujet ! Et le remplaçant est forcément pourri, vu qu’il a été recruté en urgence pour pallier à ma suspension. Par contre, l’entretien avec Elise me questionne.

— Elise ? Pourquoi tu l’as vue ? Tu as des soucis à l’ESD ? Tu as frappé un grand con ?

— Kenzo et moi avons ameuté les étudiants pour essayer de faire plier la direction. Tu sais, le prof canon qui fait mouiller les petites culottes, injustement suspendu. Tu as dû en entendre parler, dit-elle en me faisant un clin d'œil. Bref, on est monté au créneau, on a tenté notre chance…

— Mais elle ne vous a pas écoutés ? soupiré-je, résigné.

— Elle nous a dit que la décision ne lui appartenait pas. Elle a dû perdre ses ovaires en cours de route, je crois. C’est nul, je suis à court d’idées, là, marmonne Joy en m’attirant avec elle sur le canapé pour se lover contre moi.

Je la câline doucement, lui caressant les cheveux et admirant toutes ses courbes mises en valeur par sa tenue sage, mais super seyante. Son jean moulant galbe bien ses fesses et ses jambes tandis que son décolleté s’ouvre sur la plus merveilleuse des vues. Immédiatement, mon petit soldat se met au garde à vous, ce qu’elle remarque rapidement et l’amuse.

— Merci d’avoir essayé, mon Amour. Je crois que je ne vais pas avoir d’autre choix que d’aller porter plainte pour diffamation et abus de pouvoir. Tu imagines, j’ai une suspension mais je ne sais pas pourquoi officiellement, ni pour combien de temps ! Cela m’exaspère !

— Tu en as discuté avec ton ami avocat ? Tu crois que c’est la chose à faire ?

Je n’en ai pas parlé avec Rafael, c’est vrai. Il est plus spécialisé dans les affaires de femmes victimes de violence, mais il doit bien savoir ce que je devrais faire ou pas.

— Non, je ne lui en ai pas parlé, mais c’est une bonne idée. Je vais l’appeler tout de suite et je verrai bien avec lui ce qu’il peut mettre en œuvre ou ce que je dois faire pour me sortir de cette situation. Excellente idée, ma Puce. Heureusement que tu es là !

— Je sais, je sais, rit-elle avant de m’embrasser. Fais donc, mais ne traîne pas trop quand même, parce que moi, je vais t’attendre nue dans notre lit. J’ai pensé à toi toute la journée ou presque, j’ai follement envie de toi, beau danseur !

— Je pense que le coup de téléphone peut attendre, Joy. Le programme de la chambre a l’air plus intéressant ! ris-je en venant masser son fessier rebondi et musclé.

— Non, non, et non, Monsieur O’Brien, sourit-elle en se levant avant d’enlever son haut qu’elle me lance, découvrant sa poitrine nue. Priorité à l’appel. Il va falloir être patient.

Je l’admire retourner pleine de grâce dans notre chambre, elle esquisse même quelques pas de danse sur le chemin en se défaisant de son pantalon et j’ai une petite vue sur sa lune qui me donne clairement d’autres idées bien plus coquines que d’appeler Rafael. J’ai envie de venir la rejoindre tout de suite, mais, la connaissant, si je n’ai pas passé le coup de fil, je n’aurai le droit à rien ! Je compose donc le numéro de portable de Rafa le Toqué, comme on l’appelle tous, et espère qu’il n’est pas en audition ou sur silencieux. La chance est avec moi car il décroche immédiatement.

— Salut Rafael, je peux te déranger quelques instants ?

— Bonjour Alken, qu’est-ce que je peux faire pour toi ?

— J’ai des soucis, Rafa, et j’aurais besoin au moins de tes conseils, peut-être de ton aide et de ton intervention, dis-je en m’en voulant pour ma voix qui tremble un peu.

— Qu’est-ce qui t’arrive ? C’est quoi le problème ? Je t’écoute, si je peux faire quoi que ce soit, tu sais bien que je le ferai.

— Merci, tu es un vrai ami. Alors, voilà, par où commencer…

Je réfléchis rapidement à comment lui présenter les choses de telle sorte à ne pas abuser de son temps précieux mais aussi pour qu’il comprenne bien dans quelle difficulté je suis.

— Déjà, pour que tu aies le contexte, je suis amoureux. Je sais que c’est rapide suite à mon divorce, mais quand l’amour frappe comme une évidence, on ne peut pas résister. Tu vois ce que je veux dire ?

— Oui, je vois bien de quoi tu veux parler, rit-il. Quand ça nous tombe dessus, on ne peut qu’accueillir la chose, même si parfois c’est bien compliqué.

— Alors, le souci, c’est que c’est une de mes élèves, à l’ESD. Je ne le savais pas quand je l’ai rencontrée, mais voilà, c’est comme ça. Et donc, même si elle pourrait me disculper, je ne peux pas et je ne veux pas la mêler à mes histoires.

— D’accord… Et te disculper de quoi, au juste ?

— Eh bien, voilà. Une autre élève avec qui j’ai passé un weekend pour un concours m’accuse de la harceler et d’avoir cherché à la forcer à me faire l’amour. Dans le contexte, tu comprends bien que ce n’est pas du tout possible. Jamais je n’aurais forcé une femme, et surtout pas alors que j’ai trouvé mon âme sœur ! Le souci…

J’hésite un peu à continuer car je vais rentrer dans des détails très intimes, pas du genre qu’on partage avec un ami, même s’il faut le dire à son avocat… Heureusement, Rafael m’encourage.

— Le souci ? Tu sais que tu peux tout me dire, Alken, ce n’est pas moi qui vais te juger. Surtout pas après être tombé amoureux de ma cliente, dit-il, un sourire dans la voix.

— En fait, me lancé-je, j’étais au téléphone avec Joy, ma petite amie, et on… Enfin, elle m’a chauffé au téléphone et je peux te dire que je n’étais pas en reste… Bref… Je…

C’est compliqué à avouer, tout ça. Ce n’est vraiment pas le genre de choses dont on parle habituellement, mais il faut qu’il sache pour qu’il puisse me donner tous les conseils nécessaires.

— Alors, voilà, j’ai joui et je n’avais pas vraiment préparé le truc, tu vois le genre ? Donc, je vais dans la salle de bain pour me nettoyer un peu, et là, l’autre débarque alors que je suis nu, le sexe encore bandé, et du sperme un peu partout. Et elle croit que j’ai fait tout ça en pensant à elle. Après, elle essaie de me sauter dessus et je la repousse, ce qui la vexe et qui explique ses accusations à notre retour. A cause de ça, je suis suspendu, je ne peux plus aller au travail et cette pimbêche continue à affirmer haut et fort que je l’ai violentée. Je te jure que je suis innocent et que les choses se sont passées comme je viens de te le décrire. Je ne suis coupable que d’avoir résisté !

Une fois lancé, j’ai tout sorti d’une traite, presque sans respirer. Il fallait que je lâche tout, et maintenant, face au silence au bout du fil, je stresse un peu.

— Est-ce que la demoiselle a porté plainte ?

— Non, il parait qu’elle va le faire, mais rien encore. Par contre, moi, je pense à le faire pour diffamation de sa part et abus de pouvoir de l’ESD. Tu crois qu’ils ont le droit de me suspendre comme ça sans durée ? Et si je porte plainte, ça va faire un scandale monstre non ? Mais quelle autre solution, j’ai ?

— Tu peux porter plainte contre la demoiselle, oui. Mais pour l’ESD, ça dépend de tes intentions par la suite. Tu sais, ils cherchent justement à éviter le scandale. J’imagine que s’ils t’ont suspendu, c’est pour éviter qu’elle porte plainte. Même si ce n’est pas agréable pour toi, c’est peut-être mieux comme ça. Techniquement, je ne pense pas qu’ils puissent te suspendre sans date de retour ou entretien prévu pour aborder la suite, mais je ne suis pas spécialisé en droit du travail. Je vais me renseigner un peu, ou demander à Charlotte qu’elle se renseigne, je suis sur un gros dossier en ce moment. Mais je veux bien te donner un coup de main, pas de souci. Je te propose de voir avec Cha pour un rendez-vous rapidement au cabinet. D’ici là, on aura pris tous les renseignements nécessaires. Ça te va ?

— Tu crois que je peux leur dire que je t’ai contacté et que j’envisage de lancer une démarche juridique, sans aller plus loin, pour les faire bouger un peu ? Cela suffira peut-être pour leur faire peur ? Tu en penses quoi ?

— Tu peux le faire, par correction, avec cette idée, oui. Mais ça peut être à double tranchant, tu sais. Attends peut-être de voir ce qu’on peut engager comme procédure ?

— OK, je vais attendre un peu, mais je vais te garder comme atout dans la manche, à sortir en dernier ressort ! Merci de ton écoute, Rafa !

— C’est normal, voyons ! Et donc, quand est-ce que tu nous présentes la demoiselle ? Vous pourriez venir manger à la maison un de ces jours. Ou… On pourrait se retrouver au restaurant, plutôt.

— Oui, j’en parle avec Joy et on se tient au courant. Encore merci ! A bientôt ! La demoiselle m’attend justement.

Je raccroche et me dis que j’ai bien fait d’écouter ma jolie brune et de le consulter. Cela va me donner une arme supplémentaire à utiliser contre Charline. Je suis presque sûr que, si la justice s’en mêle, elle va craquer et ne va pas assumer ses mensonges. Il y aura une enquête, des juges qui vont poser des questions, des avocats qui vont s’en mêler… Jamais elle ne tiendra dans ses mensonges. En attendant, j’ouvre la porte de notre chambre et découvre Joy qui a tenu sa promesse. Elle est allongée, nue, sur le ventre, son téléphone sous les yeux. Ses fesses sont dirigées vers la porte et j’ai donc une vue magnifique sur son corps que je vais m’empresser d’aller honorer. Je suis peut-être dans la galère sur le plan professionnel, mais sur le plan personnel, je pense que je ne pourrais pas être plus heureux.

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