Le Royaume terrestre

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Fermant les yeux, Argos n’entendait que ses pensées qui le tourmentaient. Lorsqu’on nomma son nom, il les ouvrit en voulant écarter son interlocuteur. Il fut stupéfait de voir l’Amazonide devant lui, sa main sur son épaule. Il laissa retomber son membre, l’aperçut poser un regard derrière lui avant de reporter son attention sur ses yeux humides. Elle s’éloigna du jeune dieu de quelques pas, prit un fruit dans son sac puis le lui tendit.

- Nous ne partirons avant que tu ne te sois nourris et abreuvé, dit Alfirin en étant quelque peu catégorique.

- Crois-tu que cela arrangera la situation ? demande Argos avec sarcasme. Je suis une divinité et je ressens le besoin de me sustenter.

- Effectivement, tu es vraiment résistant, dit-elle en baissant le bras. Cependant, tu as perdu quantité de sang et tu peux te blesser semblablement à n’importe quelle autre créature terrestre. Alors je te conseillerais de prendre ce fruit.

- Autrement ? dit Argos d'un ton narquois.

- Autrement, je me verrais dans l’obligation de faire usage de la force, dit-elle.

En la voyant redresser son bras par insistance, il soupira, se saisissant de la poire. Quelques instants plus tard, il se sentit légèrement mieux. Ils étaient à présent à plusieurs pas de la demeure, s’arrêtèrent quelques centimètres face au vide. Alfirin sortit alors de la poche de sa cape de voyage un diadème qui ressemblait fortement à celui de sa demi-sœur.

- Ce n’est qu’une réplique du véritable accessoire de la déesse de la chasse, explique Artémis. Nous pouvons bénéficier de ceci qu’une seule fois. Si m’accompagner est ce que tu souhaites, tu ne pourras rejoindre l’Olympe.

Le jeune dieu la regarda un instant, méditant ce qu’elle avait annoncé. Il était évident qu’il ne voulait rester dans cet endroit sans Zéus à ses côtés. Malgré cela, sa maison résidait en ces lieux et il s’apprêtait à se détacher des divinités pour ce qu’il devait être l’éternité.

- Je ne reviendrai sur ma parole, dit Argos.

- Je considère donc cela pour un engagement à vie, dit Alfirin d’un sourire malicieux.

Elle se retourna, lança le diadème en l’air. La pierre qui ornait la réplique brilla intensément d’une lueur blanche avant de faire apparaître le portail lunaire. Ils firent un pas à travers le passage, se trouvèrent dans un gigantesque abri. Observant autour d’eux, ils virent l’entrée ouverte, marchant sur les dalles humides. Quand ils furent à l’extérieur, ils virent plusieurs navires marchands amarrés à la barge. Ils s’approchèrent de l’un des vaisseaux dont la rouille apparaissait à quelques endroits de la coque, s’arrêtèrent proche de l’un des hommes qui chargeait le bateau.

- Nous voulons voyager à bord de cette embarcation, dit Alfirin.

- Les civiles ne sont autorisés à entrer à l’intérieur pour n’importe quel motif, dit l’homme qui se redressa. Le navire pourrait être attaqué par des autochtones et vous pourrez être blessé.

- Si nous vous offrons de l’or, accepterez-vous de nous transporter vers l’autre rivage? demande Alfirin.

- Cela dépendra de la longueur de la traversée et de votre restauration, dit le vieux marin d’une expression amusée. Vous me devez quatre mille cinq cents drachmes pour chaque personne.

Argos ne put s’empêcher de scruter la réaction de l’Amazonide qui mit sa main droite à l’intérieur de la poche de sa cape et d’en ressortir deux bourses emplies d’or. Légèrement étonné, il regarda le mortel les prendre, les poser dans un coffre qu’il ouvrit puis se releva.

- Bienvenue à bord de l’Aspasya, dit-il. Vous pouvez aménager dans la cale ou sur le pont du navire.

- Nous préférons l’air frais de la mer, dit Alfirin qui souria.

- Cela est comme vous le désirez, dit le vieil homme.

Le laissant continuer son chargement, ils montèrent sur une passerelle en bois, entrèrent sur le bateau. Il se tourna vers Alfirin d’un air interrogateur, essayant de ne lui reprocher l’incantation.

- Comment as-tu pu faire apparaître neuf mille drachmes en un instant ? demande Argos. J’ai espoir que cela ne provient de leur propre solde.

- En effet, il s’agit de tes propres drachmes, dit Alfirin qui se retourna.

Le jeune dieu qui s’aperçut de ses mots inopportuns, ressentit alors une soudaine gêne. Il la rejoignit, se plaça devant son interlocuteur.

- Je m’excuse de m’être prononcé ainsi, dit Argos. Pour parvenir à une telle somme, des centaines de journées de labeur sont nécessaires. Il a demandé un montant élevé seulement en nous voyant, cela me parait offensant.

- Puisque mon apparence est celle d’une noble, ce mortel pensait que nous avions de l’or en notre possession, dit Alfirin. Malgré cela, je te remercie de te préoccuper de ces profits à l’encontre d’une jeune demoiselle en détresse.

En remarquant l’air ironique de l’Amazonide, il dissimula son expression amusé, se tourna vers le passeur qui leur informa que le repas était bientôt servi suivi d’un groupe d’hommes. L’un d’eux prit la passerelle de la barge et aussitôt le vaisseau commença à avancer.

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