Esprit chimérique

4 minutes de lecture

Prenant appui de ses deux mains sur l’une des barres de fer, Argos remit la plaque sur le socle, se retrouva de nouveau dans l’obscurité. Il descendit l’échelle et au moment où il effleura le sol à la fois sec et humide, il posa les semelles de ses sandales à terre, se retourna lentement, vit les lanternes éclairer le couloir. Au moment où il entendit Barsida frapper à l’une des portes, le son résonna à l’intérieur de l’espace. L’entrée s’ouvrit, laissant place aux transporteurs de sacs de provisions. Il décida d'accélérer le pas avant que l’accès ne se referme, réussit à franchir le seuil d’un souffle. Le jeune dieu remarqua alors Tydéus converser avec Densetsu, celui-ci qui aperçut le sauveur de villageois eut un léger sourire narquois et s’éloigna en silence en passant un rouleau de manuscrit que l’hoplite saisit fermement. Le commandant s’avança de l’une des tables en bois, s’assit sur l’un des bancs en ouvrant le manuscrit, scrutant les écritures. Argos attendit un moment avant de se décider de s’approcher du mortel, se mit face à cet homme âgé de plus de deux décennies. Celui–ci leva les yeux du manuscrit lorsqu'il entendit le son de la ceinture de son glaive sur la table, observa quelque peu la positition nonchalante du garçon.

- Est-ce donc les habitants de ce village ? demande Tydéus qui referma le manuscrit.

- En effet, dit Argos. Nous les avons soustraits de l’emprise des kamikazes lors de notre arrivée.

- Cela est ainsi que l’on nomme les gardes de cet endroit ? dit Tydéus.

- Nous avons seulement ce renseignement à disposition, dit Argos. Quelle est la nature de ce manuscrit ?

- Ce rouleau semble être une représentation des pièces du palais, dit Tydéus. Je ne sais comment je me suis échappé mais lorsque j’ai ouvert les yeux, la porte de la geôle était ouverte et ces kamikazes se sont retrouvé au sol.

Détournant légèrement le regard, Argos pensait que le fait qu’il se soit évadé à la suite de sa rencontre avec la maternel d’Alfirin ne pouvait être qu’un simple événement de circonstances.

- Dois-je en conclure par votre silence que vous connaissez l’identité de celui qui m’a permis de me libérer ? dit alors Tydéus.

- Il y a quantité d’étrangers à l’intérieur de cette contrée, dit Argos.

- Il y a certainement peu de créatures en capacités de s’introduire dans les souterrains d’un bâtiment si imposant, dit Tydéus d’un ton ironique.

- Je doute que ces femmes sachent votre présence en ces lieux la veille de nos retrouvailles, répondit Argos.

Le commandant qui eut un sourire amusée, regarda ce que contenant l’une des assiettes. Son interlocuteur commença à se nourrir de riz accompagné d’une daurade. Quand à Tydéus, il porta son attention en direction des iris bleu électrique du noble, peu commun dans la région où il vivait. Ils prirent leur repas sans échanger le moindre mot, le manuscrit proche de l’hoplite. Ils s’aperçurent soudainement le jeune homme du village se saisir vivement du rouleau, l’ouvrir en penchant excessivement de la tête en tenant le support.

- Il me semble que cette illustration m’est familière mais je ne saurais dire quelle en est la raison, dit Densetsu d'un regard fixe. Par quel moyen êtes-vous procuré ceci ?

- Je l’ai soustrait à l’un des gardes du palais à mon arrivée, dit Tydéus. Puisque mon régiment s’est volatilisé du navire, j’ai décidé de me mettre en marche et j’ai pu me procurer de cette esquisse.

Argos qui sut quel était la véritable manière dont le mortel avait pu le détenir, ne préféra prendre part à l’échange des interlocuteurs.

- Je suis capable de me défendre sans avoir besoin de surveiller un nourrisson à peine sorti des entrailles de sa maternel, réplique Tydéus.

- Je pense que cette remarque vous concerne en ces lieux, dit Densetsu en regardant le noble.

- Celui-ci m’accompagne, dit Tydéus. Ce garçon a eu l’amabilité de vous permettre de vivre à nouveau. À vous d’en faire bon usage.

L’hoplite se leva en ignorant Densetsu qui paraissait offensé par ce refus. Celui-ci croisa le regard de cet étranger qui soutint son irascibilité croissante. Le jeune dieu décida de se lever à son tour, de tendre la main vers l’archive que le villageois lui rendit. Il s’avança vers le commandant qui se tourna dans sa direction, s’arrêta face à Tydéus qui le renseigna que la présence de celle qui l’accompagnait était nécessaire et éventuellement ainsi qu’une autre Amazonide. Le jeune dieu suggéra Barsida qui était la seconde de la dirigeante de leur clan. Son interlocuteur accepta la proposition, l’informa qu’ils s’introduiraient à l'intérieur du palais cette nuit sans préambule.

La journée se déroula paisiblement sans interpellations puis se termina par une conversation avec Alfirin qui pensait qu’une main armée supplémentaire n’était négligeable. Ne pouvant argumenter davantage à propos de ce sujet, il haussa légèrement les épaules, l’entendit soupirer et s’éloigner sans qu’il ait pu prononcer un mot. Fixant sa latte d’un air pensif, il s’accroupit afin d’atteindre la surface de paille tressée, s’allongea en mettant la couverture qui le réchauffait peu à peu. Argos posa la tête sur la besace, son attention se porta sur les occupants du repaire qui conversaient sans porter écho à leur voix, vers le plafond humide, se retourna et s’endormit. Il vit une fenêtre dont l’ombre fut projetée par la lumière de l’astre lunaire, s’avança vers le centre de l'espace qui se dévoila au fur et à mesure de ses pas.

S'apercevant qu’il était dans une bibliothèque, il baissa les yeux sur des plumes de teintes brunes très particulières qui tombèrent sur un plancher de bois, ressentit soudainement un frémissement lui parcourir le corps. Il croisa subitement le regard d’un homme qui le scrutait de l’autre côté de la pièce, ne souhaitant se mouvoir tant les yeux de cet inconnu le pris d’effroi. Il essaya de se rasséréner en espérant que cet inconnu qui ne cillait ne l'observait véritablement, vit tout à coup un ouvrage sur une table. Il s’approcha lentement du mobilier, les plumes s’envolèrent par le mouvement. Il avança peu à peu sa main du livre, fut tout à coup transpercé d’une épée. Il se réveilla brusquement d’une ancienne douleur qui le tarauda, sa tenue devenue sanglante.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Ayshah Hassan ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0