EPILOGUE
Je rouvris les yeux.
Sandra, sur sa chaise, avait la tête légèrement penchée.
Elle respirait calmement.
Je levai les yeux vers le ciel et crus y voir un nuage transparent s’y fondre.
– Revenez ici et maintenant Sandra. Dans la réalité. À votre rythme.
Elle releva lentement la tête, toujours les yeux clos.
Un sourire dansait sur ses lèvres.
Elle prit une grande respiration et finit par ouvrir les yeux.
– Il est parti. Je le sens, il n’est plus là.
Elle porta les mains à sa gorge, là où le miasme s’était ancré avec le plus de force.
– Il n’y a plus de poids… Je peux respirer. Ça fait tellement de bien !
Je la laissai apprivoiser sa nouvelle légèreté, s’acclimater à la souplesse inhabituelle qui devenait sa réalité.
– Et le vide ? s’inquiéta-t-elle. Le vide qu’il a laissé ?
– Je ne l’ai pas chassé, je l’ai transformé. Il n’y a plus de vide, Sandra.
Vous êtes entière à présent, complète.
Tout ce qui devait être là est là.
Il n’y a plus de place pour qu’autre chose entre.
Elle me regarda avec l’étonnement de celle qui vient soudain de comprendre.
— C’était en moi depuis le début…
— Oui, vous l’aviez juste oublié.
Elle sourit franchement.
— Oui, c’est tout à fait ça.
Elle se leva, un peu chancelante, et me tendit la main.
— Merci. Pour tout.
— Merci à vous. Vous m’avez aidé à avancer également.
— Ah ça, je ne sais pas… c’est vous le thérapeute.
Son rire résonna, se mêlant au chant des oiseaux.
Mon bureau était exactement tel que je l’avais laissé. La malle aux miasmes était vide.
Je ne l’utiliserai plus.
Je pensais à Gérald, Marcel, Francine, tous les autres, tous ceux qui étaient repartis soulagés sur l’instant, mais pleins de vide en eux.
Je fermai les yeux. Pour la première fois, je savais vraiment comment accompagner.
Mes miasmes dansaient en moi, mon enfant jouait, rassuré, ma mère souriait, mon père me guidait.
J’étais entier.
Le soleil faisait danser des particules d’or devant moi.
Je souris.
Ce n’était que le début.

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