Chapitre 28

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Dans la douceur de cette nuit de juin, deux corps brûlants se hâtaient de rentrer, main dans la main, le pas rapide. Antoine et Tom avaient tous les deux le même sourire sur leurs lèvres et riaient ensemble. Ils se sentaient libres et seuls au monde.

Dans la précipitation, Antoine dut s’y reprendre à plusieurs fois pour taper le code à l’entrée de son immeuble. Ses doigts tremblotaient et son cœur battait la chamade. Ils coururent dans le couloir et arrivèrent devant la porte de son appartement. Après avoir galéré à enfoncer la clé dans la serrure, Antoine tira son amoureux par le bras pour le faire entrer, claqua la porte derrière lui, et le plaqua contre le mur.

Il déposa ses lèvres contre les siennes, et se colla contre lui. Ils s’embrassèrent fougueusement pendant de longues minutes, tandis qu’Antoine passait sa main sous le t-shirt de son amoureux, caressant chaque centimètre-carré de sa peau ardente.

Sans plus attendre, ils enlevèrent leurs chaussures en vitesse et se rendirent dans la chambre, où ils se jetèrent sur le lit pour continuer leur petit jeu.

– Oh, attends ! s’écria Antoine. J’vais fermer la porte, y a des courants d’air dehors et le salon est mal isolé, les voisins pourraient nous entendre.

Ce qu’il se passa ensuite ? On ne le saura jamais, la porte était fermée ! Mais on peut deviner qu’Antoine passa probablement la plus belle nuit de sa vie, grâce aux bruits que l’on pouvait percevoir en collant son oreille.

Quelques heures plus tard, lorsqu’un léger courant d’air permit de l’entrouvrir légèrement, on pouvait apercevoir deux corps presque entièrement cachés sous la couette, entremêlés et inséparables, inspirant puis expirant en chœur…

Le lendemain matin, ils restèrent encore une heure au lit après leur réveil, comme pour prolonger un peu cette nuit magique et de continuer d’en profiter.

– Tu m’avais dit que t’avais un repas de famille, ce midi… souffla Antoine à contrecœur.

– Ouais, je suis désolé, je vais devoir te laisser.

Et comme pour s’excuser d’interrompre ce moment, il déposa un doux baiser sur les lèvres de son amoureux. Puis, après un court instant où il sembla hésiter, il sortit du lit et commença à se rhabiller, tandis qu’Antoine profitait des dernières secondes où il pouvait contempler son corps.

– Du coup, bah, je…

– Attends ! s’écria Antoine. Je vais te raccompagner jusqu’au métro.

Il sauta hors du lit et s’habilla en vitesse avec les vêtements de la veille. Puis il saisit ses clés et escorta son amoureux jusqu’à la porte d’entrée.

Avant de sortir, ils échangèrent à nouveau quelques baisers, avec la même intensité que s’ils n’allaient jamais se revoir.

Une fois dans la rue, aucun d’entre eux n’osa dire un mot. Ils ne se regardèrent même pas. En ce dimanche matin, les rues étaient presque vides, on n’entendait que le bruit de leurs pas sur le trottoir. Ils marchaient machinalement, plus lentement qu’à l’accoutumée, sans doute avec un pincement au cœur.

Arrivés devant l’arrêt de métro, Tom se posta timidement devant Antoine.

– Bon bah… j’vais y aller.

– On se revoit vite ? demanda Antoine.

Un sourire se dessina alors sur les lèvres de son amoureux.

– Bien sûr ! Dès que je peux, je viens chez toi !

Il l’embrassa furtivement, puis tourna le dos et s’enfonça à l’intérieur des couloirs du métro. Antoine attendit qu’il disparaisse au loin pour rentrer chez lui, les yeux un peu humides, le cœur battant la chamade. Pour la première fois de sa vie, il se sentait profondément bien. C’était un mélange d’apaisement et de joie, qui imprimait un grand sourire sur son visage et l’éclairait. Il avait l’impression d’être plus léger, de rayonner, que tout autour de lui était plus coloré. Alors il se dit, en laissant échapper un petit rire, que c’était peut-être comme ça qu’on pouvait définir le bonheur.

Il s’arrêta devant la porte de son appartement, et prit une grande inspiration. “Allez, maintenant, il va falloir tout ranger…” se dit-il en soupirant. Il introduisit alors la clé dans la serrure, mais remarqua que celle-ci était déjà déverrouillée.

“Merde, j’ai oublié de fermer en sortant ?” se dit-il.

“En même temps, j’étais tellement obsédé par Tom… c’est pas étonnant.”

Il hocha les épaules et entra à l’intérieur.

Il se rendit alors directement dans sa chambre pour commencer à faire un peu de rangement… mais lorsqu’il arriva, il vit que son lit avait été fait : les oreillers avaient été remis en place, et les draps avaient été délicatement posés, sans le moindre pli. Ils semblaient même plus propres qu’avant.

Tout son corps se figea, sa respiration se coupa et son sang se glaça. Il comprit immédiatement que quelqu’un s’était introduit chez lui.

“La porte déjà ouverte… j’aurais dû m’en douter, putain…”

Puis, après un court instant de réflexion, sans oser effectuer le moindre mouvement, une idée affreuse lui vint en tête.

“Et s’il était encore là…?”

C’est à ce moment précis qu’il eut la terrible impression d’avoir une présence derrière lui. Des sueurs froides parcoururent son échine.

Pris de panique, il se retourna brusquement.

Puis plus rien. Le noir complet.

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