Hu la hup

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«-Du coup, c'est quand même la troisième...Qu'est-ce qu'on fait pour les coincer ?
-…
-Jean ?
-J'en sais rien… Qu'est-ce qu'on fait ?! On est en sous effectif, et puis ils sont mineurs, le système les recrachera sur l'heure..
-Nan, mais Jean ? Tu délires ? C'est grave là ! Il y a quand même trois filles à l'hôpital !
-Et tu crois qu'arrêter ces petits cons changera quelques choses à l'histoire de ces pauvres filles ? »

Ah ! C'est pénible ces démangeaisons ! Je dois faire une allergie…
J'en ai marre de courir après des salopards. Ils feront quoi ? Six mois ? Une amende, des travaux d'intérêt général, ou on les placera dans un centre spécialisé ? Et pour la récidive on dira que c'était imprévisible et qu'on ne peut pas arrêter préventivement des…

Ah ! C'est c'est pas possible… Qu'est ce que c'est que cette dureté dans ma main ?

«-On n'a pas le choix Jean, il faut faire une descente, c'est quand même pas difficile, on sait où ils crèchent… Qu'est-ce que t'as à te gratter comme ça ? T'as pas l'air dans ton assiette…
-Ça va, lâche-moi ! Oui bien sûr on va les arrêter. Mais tu sais que ça ne servira à rien, qu'on les reverra bientôt et on aura de la chance s'ils n'ont pas fait d'autres victimes !
-Ben la justice, on la sert vieux, on ne la rend pas…
-Ça me gonfle ! »

Punaise ! J'ai dû manger un truc qui passe pas ! J'ai bien tout l'intérieur de la main qui a durci, c'est peut-être de l'éczéma…
«-Bon Arnaud tu t'occupes de ça avec Berru, t'as raison je me sens pas très bien…
-Ben je confirme, t'as le teint gris qui tire sur le marron, j'ai jamais vu ça ! Et ça fait bien dix minutes que tu te grattes comme un forcené… Tu ferais bien de faire un saut à l'infirmerie…
-Ch'uis un grand garçon ! Cherche Berru ! Je vais au chiottes, j'ai mal au bide, j'ai sûrement un truc qui passe pas ! »

Je plante là Arnaud et je vais aux toilettes. Je me sens nauséeux et une colère bout en moi comme un chaudron de goudron. Et puis je pue, des gaz qui sentent les œufs durs, le souffre ! Et mes yeux brûlent.
Je suis peut-être surmené. J'en ai ras-le-cul de tous ces délinquants, ras-le-cul du système qui laisse des pauvres filles malmenées sans la consolations d'une justice rendue :
«-Quoi Séb ? Fermes la bouche, t'as tout du poisson lune !
-Nan mais Jean, t'as vu ton visage ?
-J'y vais voir justement ! J'ai mangé un truc qui passe pas…
-Ben dis donc ! Une allergie comme ça, ça s'peut pas mon vieux ! Attends je viens avec toi… Hé ! T'as deux bosses sur les épaules !
-Ouais je sais pas repasser, bon fous-moi la paix Séb, promis je t'appelle si ça va pas.
-Comme tu veux ! Tu ferais mieux de rentrer quand même ! »

Bon, là clairement ils me foutent les ch'tons !
Visiblement y'a personne aux W.C.
Je vais fermer à clef…
Je n'ai pas envie de me regarder dans le miroir…

HO ! LA VACHE !
Mais qu'est-ce qui m'arrive ? Seb à raison, ma peau a la couleur d'un vieux carton !
Tout mon corps semble s'être décuplé : j'ai la carrure de deux rugbymans !
Et puis ces démangeaisons qui ne s'arrêtent pas...
Ma peau est toute squameuse ! Et je pèle :! Dégueu !
Mais… ça m'envahit partout ! Qu'est-ce que j'ai chopé comme saloperie ?

Et cette colère qui me ravage, elle non plus ne me ressemble pas ! Elle sature mon esprit ; tellement que, soudain,je me fous complètement de mon aspect !
En fait ce qui me ferait plaisir là, tout de suite, c'est de butter un de ces salopards qui a violé ces filles ! Ma transformation ne me fait plus peur, je crois que ça a du sens.
J'ai soif de vengeances, de sang, de souffrances et je sens la puissance de mille démons en moi…

Il y a une tension sur mon front, à gauche et à droite.
En tâtant ma tête, ma main ramasse comme une tondeuse, tous les cheveux qu'il me restait encore et ce sont des cornes qui percent sous ma peau. De belles cornes courtes et blanches.
C'est pareil dans le dos ! Ça pousse !
J'enlève mes vêtements, ce faisant, je perds presque l'équilibre. Il faudra que je m'habitue : mes orteils se sont soudés et ongulés : j'ai des sabots.
Nu devant le miroir, je me contorsionne pour regarder mon dos. Je sens ma peau se fendre sans douleur.

Dans le miroir, ce que je contemple n'a plus rien d'humain. Mon œil rouge à la prunelle totalement noire détaille un visage sur lequel, lentement se pose un sourire mauvais. Ma peau est désormais comme du carton, très sèche et brune.
«-Pourquoi c'est fermé… Jean ? JEAN ! T'ES LÀ JEAN ! Bon Arnaud cherche le bélier ! »

J'ouvre la fenêtre des W.C.
Je ne suis plus de votre monde pauvres petits mortels impuissants.
Et j'ai un nouveau boulot ! Je sens que je vais me faire quelques fumiers !
Je déborde d'une faim démoniaque !
D'une puissante contraction des trapèzes, je déploie mes ailes et je m'envole au diable.

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