Au cœur de la montagne

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Le tour du Puy-de-Dôme était un itinéraire intéressant à effectuer à vélo. La variété de ses décors ainsi que son relativement faible dénivelé le rendait accessible mais pas monotone.

J’en était aux trois quarts, et bien trop tôt, lorsque la pluie commença à tomber. Elle n’était cependant pas prévue pour durer, aussi me dis-je que j’allais patienter, en m’abritant dans une de ses ouvertures à flanc de montagnes, sur ma gauche.

En effet, au col où j’étais apparaissait les deux montagnes jumelles des puys de Suchet, le le grand et le petit. Sur le flanc de celui à droite s’ouvraient des grottes. Je trouvai un coin à l’abri de la pluie et me posait donc là, regardant le décor gris et barré par la pluie tombante.

Ce qu devenait peu à peu un vrai déluge, cependant, ne semblait pas prêt de s’arrêter, bien au contraire. Et si dès le départ, terminer le tour aurait été possible – humide, mais possible – désormais c’était hors de questions. Les ravines étaient devenues des torrents, et un vélo ne pouvait rouler là dedans.

— Bordel !

Je m’aperçus soudain qu’à l’entrée de la grotte même se déversait de l’eau depuis l’extérieur. Je tirai mon vélo et m’enfonçai plus profondément dans la grotte. Je sortis de mon sac la lampe gardée pour la circulation nocturne, et éclairait mon environnement.

Je vis alors, complètement halluciné, un panneau fléché. « Sortie », disait-il, en pointant un accès à hauteur acceptable, mais s’enfonçant visiblement plus profondément.

La galerie se faisait de plus en plus large, et le sol en terre battue. Hésitant d’abord, j’enfourchai mon vélo et roulai dans la grotte, la lumière accrochée à mon guidon.

Où diable me trouvais-je ? Je roulais, toujours en suivant une pente descendante, depuis un bon moment déjà. Je devais être au cœur de la chaîne des volcans. Est-ce que j’hallucinais ? Des formes apparurent alors, des sculptures, des parois travaillées, des voûtes antiques, mais où est-ce que je me trouvais ? Allais-je déboucher sur une cité enfouie, secrète, sous les montagnes ? Je roulais toujours, sur mon vélo, quand soudain je freinais brusquement, le cœur affolé.

C’était une sonnette. Une sonnette de vélo.

Je débouchai alors à un croisement, des voies aussi larges que celle empruntée. Le sol redevenait plat. Puis ils passèrent en trombe, devant moi, de droite à gauche, un défilé monstrueux, sur des vélos, des véhicules à trois ou quatre roues même . Ce n’était pas des humains, loin de là, mais… je n’eus pas le temps de les détailler. J’étais tétanisé. Ce carnaval infernal fut passé en quelques secondes, et moi, par terre, le vélo renversé à moitié sur ma jambe, haletant, je n’avait qu’une envie, remonter vers l’extérieur.

Ce que je fis, en plusieurs heures. Quand je sortis, il faisait noir, la pluie avait cessé. Je rejoignis tant bien que mal la maison de site du Puy-de-Dôme et passai la nuit éveillé, attentif au moindre bruit, guettant le passage du carnaval infernal qui, je le savais désormais, roulait sous mes pieds, loin sous la surface.

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