L'ange aux ailes d'argent

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— Mmmh qu'est-ce que je suis bien ici, murmura Amy pour elle-même, tandis qu'elle se balançait doucement dans son hamac, absorbée dans la lecture de son roman à l'eau de rose préféré.

— Amy ? Où es-tu ? cria une voix lointaine.

La jeune fille releva la tête en direction de la maison familiale où sa mère l'attendait sous le porche, les mains posées sur les hanches.

— Encore ? C'est pas vrai, on peut jamais être tranquille ! jura Amy en balançant son livre et en quittant son hamac à contrecœur. Elle traversa le jardin, le soleil était bien haut dans le ciel, il faisait chaud pour un mois de mai.

— Oui maman ? questionna Amy sur un ton légèrement insolent, ce qui eut pour effet de faire froncer les sourcils de sa mère.

— Je comptais faire une tarte aux pommes, mais elles sont à la cave et je ne peux pas y aller. dit-elle en montrant sa jambe dans le plâtre.

Amy soupira et répondit avec lassitude :

— C'est bon j'y vais...elle a intérêt à être bonne ta tarte aux pommes !
— Je t'ai coupé dans un moment intéressant ? questionna sa mère.

— John allait embrasser Daphné ! répondit Amy, indignée.

— Je comprends mieux pourquoi tu fais la tête ! dit sa mère en ricanant, elle qui avait déjà lu ce livre.

Amy contourna la maison, ouvrit la vieille porte en bois grinçante, activa l’interrupteur puis entreprit de descendre à la cave. Elle prit soin de s’accrocher à la rambarde, les escaliers étant très glissants. A peine eut-elle posé le pied par terre, qu’une odeur de renfermé et de moisi lui embauma les narines. L’atmosphère de la cave était bien trop humide au goût d’Amy, qui comptait se dépêcher d’en sortir.

Le sol du souterrain était recouvert d’une bonne couche de poussières, des galeries avaient été creusées sous les fondations de la maison. Amy prenait garde de ne pas marcher n’importe où, il y avait des araignées dans tous les coins et recoins, c’était sa hantise.

Elle s’avança vers une intersection puis tourna à droite, elle descendit encore une fois des escaliers, puis gravit une petite montée. Elle connaissait par cœur cet endroit bien qu’elle n’aimait pas y descendre.

Amy arriva enfin dans une sorte de grande pièce circulaire, où étaient entreposées diverses denrées alimentaires, dont le panier de pommes en question.

Elle s’en approcha en râlant :

— Pourquoi c’est toujours à moi de faire les tâches ingrates ? Y a pas marqué Cendrillon sur mon front ! elle se rendit compte qu’elle parlait toute seule et lâcha un soupir.

Après avoir attrapé le panier de pommes, elle fit volte-face et entreprit de sortir des galeries souterraines. Mais fut coupée dans son élan, par un étrange scintillement provenant d’un petit tas de poussière sur le sol. Elle prit soin de poser le panier sur une table où étaient conservés d’autres fruits et légumes, puis s’avança vers la source de lumière, les sourcils froncés.

Elle mit un genou à terre, et écarta la poussière de sa main, laissant ainsi deviner un charmant petit objet doré.

Il s'agissait d'un étrange médaillon. Elle souffla, pour enlever l’excédent de sable qui s’était incrusté dans le médaillon.

L'objet circulaire révéla alors des écritures latines...

Amy se releva, en tenant le médaillon par la chaine. Et entreprit de déchiffrer la formule inscrite sur l’objet.

— Heureusement que j'ai fait du latin au lycée. dit-t-elle en riant. Celui qui lira ces mots, sera condamné à rester à mes côtés pour l'éternité. Mais, si tu arrives à résoudre mon énigme, alors tu seras ivre, euh libre !

A peine eut-elle fini sa phrase, que toutes les ampoules de la cave, se brisèrent comme par enchantement, laissant ainsi Amy dans une obscurité absolue.

Elle sentit son pouls s’accélérer sous l’effet de la peur, elle ne bougea pas au début, comme pétrifiée. Ayant assez peur du noir comme beaucoup de gens, Amy tendit l’oreille mais n’entendit rien...Pas le moindre bruit.

Elle fut encore plus surprise de sentir une brise venant de nulle part, lui chatouiller la nuque, un frisson glacé lui parcourra l’échine. Et maintenant ? Qu’allait-t-il passer ? Se demanda-t-elle.

Tout à coup une puissante lumière dorée l’aveugla, elle ferma les paupières en se servant de ses bras comme de remparts.

Un tourbillon souffla avec colère autour d’elle, elle avait l’impression qu’une tornade était entrée dans la cave. Amy sentit la tornade la frôler de nombreuses fois, ses cheveux volèrent furieusement lui fouettant le visage au passage, elle se demandait si ses pieds n’avaient pas quitté le sol.

Après quelques instants qui lui parurent durer une éternité, la lumière finit par se tarir, Amy ouvrit alors doucement les paupières.

Elle ouvrit la bouche de surprise, jamais elle n’avait vu pareille créature. Un homme lui faisait face, il était doté de grandes ailes argentées, il ressemblait à un ange tombé du ciel. Son visage paraissait avoir été sculpté dans le marbre, il était encadré de magnifiques cheveux longs et châtains.

Le visage de l'humanoïde était des plus harmonieux, l’ange fronça les sourcils accentuant ainsi son charme. Ses yeux étaient d’un bleu profond, ses lèvres charnues d’une couleur chaude et son nez était absolument…« Parfait. » Murmura Amy sans pouvoir s’en empêcher. L’Apollon possédait un corps doté d’une musculature saillante semblable à celle des dieux grecs.

Son aura imposait le respect tout en ne se départissant pas de l’élégance et de la beauté propres aux elfes de Fondcombes. Il portait une armure argentée, parsemées de cristaux de couleurs sombres qui ne faisaient qu’accentuer sa beauté naturelle.

Amy serra fort le médaillon doré, pour s’assurer qu’elle n’était pas en train de rêver. Tout ceci est bien réel, pensa-t-elle.

L’ange aux ailes d’argent s’approcha d’elle, avec une expression emplie de fierté.

— Je m’appelle Asmodée jeune mortelle et ceci, dit-il en montrant le médaillon, m’appartient.

Amy reprit ses esprits, elle ne savait pas quoi dire…elle était terriblement décontenancée.

Elle qui pensait ne plus pouvoir être surprise de quoi que ce soit, fut abasourdie par l’expression nouvelle de l’ange.

Il s’approcha dangereusement d’elle, et ce qu’elle vit l’affola. L’ange qui paraissait de prime abord, magnifique, changea tout à coup de comportement.

Son visage se déforma en une grimace terrifiante, un sourire malsain animait à présent son visage.

Il lui parla une deuxième fois, mais la voix chaude et douce qu’elle avait entendue au début, s’était changée en une voix démoniaque. Cet ‘’ange’’ était très sûrement un soldat de Lucifer. Le contraste entre ces deux personnalités, la souffla.

Ne sachant que faire, et terrifiée à l’idée de rester à la merci de cette créature perfide, elle se mit à courir sans un regard en arrière.

Au rythme de ses pas, une atmosphère glauque et lugubre s’installa dans les galeries. Les ampoules qui s’étaient brisées quelques minutes auparavant avaient été remplacées par des torches murales, d’où émanait un mystérieux feu de couleur verte.

Tandis qu’elle courrait à en perdre haleine, la voix inhumaine résonna dans sa tête :

— Tu peux courir autant que tu le veux petite fourmis, je finirai tout de même par t’écraser.

Amy sentit des gouttes perler le long de ses joues, elle les essuya d’un revers de la main sans cesser de courir. Elle n’avait pas l’impression d’être suivie, mais les torches vertes s’éteignaient derrière elle à mesure qu’elle avançait. Ce qui eut pour conséquence d’augmenter son anxiété face à l’idée de se retrouver dans le noir une deuxième fois.

Elle avait perdu la perception du temps tous le long de sa course, c’était allé tellement vite et lentement à la fois. Jamais de sa vie, elle n’avait ressenti un pareil soulagement que lorsqu’elle aperçut le bas des escaliers menant à la sortie. Elle se rua vers les escaliers en posant sa main sur la rambarde mais ne put s’empêcher de pousser un hurlement de terreur en voyant que la porte avait inexplicablement disparu. Elle s’était volatilisée, et avait été remplacée par le même mur de brique qui constituait les galeries.

Elle s’assit sur la dernière marche, en pleurant de désespoir, elle se savait condamnée. Cette créature allait la réduire en poussière, jamais elle n’allait revoir le jour.

Soudain, des bruits de pas résonnèrent dans la cave qui était devenu le tombeau d’Amy. Elle se leva en panique, puis regarda autour d’elle à la recherche de quelque chose pour se défendre. Elle prit alors une pelle qui avait été laissée là, trainant sur le sol.

Et se mit en position de défense, l’ange aux ailes d’argent arrivait, toujours avec ce sourire terrifiant.

Il s’approcha vivement d’elle, et elle en profita pour lui asséner un coup de pelle. Mais elle crut rêver, lorsque l’ange ne bougea pas d’un poil. La pelle n’avait fait que le traverser comme s’il n’était qu’une brume dorée.

L’ange prit une expression de colère en voyant la jeune mortelle lui tenir tête, il lui attrapa le poignet et força jusqu’à lui faire mal pour qu’elle lâche la pelle.

Il s’éloigna doucement en lui jetant un regard d’avertissement, tandis qu’Amy se tenait le bras, se retenant de pleurer.

L’ange démoniaque pris la parole, Amy sursauta elle n’était toujours pas habituée à ce timbre monstrueux digne des pires films d’horreurs.

— Ecoute- jeune mortelle ! Tu n'es rien d'autre qu'un vulgaire petit insecte. Il me suffirait juste d'un simple geste pour te railler de la Terre. Alors joue selon me règles ou MEURS ! hurla-t-il laissant Amy tremblante de peur, mais toujours immobile. Elle ne voulait pas l’énerver d’avantage.

La créature prit une inspiration, ses yeux avaient littéralement viré au rouge.

— Tu devras résoudre trois énigmes dans un temps imparti. Si tu échoues tu mourras. Bonne chance, tu en auras besoin…dit-il avant de disparaitre en laissant un nuage doré flotter dans l'air.

La voix monstrueuse résonna alors dans les galeries, il avait l’air d’aimer se jouer d’elle, il prenait du plaisir à se faire craindre.

— Difficile à trouver…difficile à garder, je cesse à l’instant où je suis découvert. Qui suis-je ?

Amy réfléchis à toute vitesse, de toute manière elle n’avait pas d’autre choix que de répondre à sa question, il fallait qu’elle résolve ces trois énigmes et elle serait enfin libre. Enfin elle l’espérait.

— Tic-Tac, tourne l’heure…dépêche-toi...chuchota sombrement la voix. La créature accentuait son anxiété, elle sentait ses mains trembler.

— Euh, un secret ? questionna Amy, peu sûr d'elle.

La créature mis du temps à répondre, elle paraissait déçu de ne pas pouvoir la tuer tout de suite.

— C’était facile…deuxième énigme, prépare-toi.

Amy esquissa un sourire, elle avait réussi la première énigme, mais elle déchanta bien vite en voyant avec horreur des tas d’araignées de la taille d’une mygale s’approcher d’elle.

— Ah ah ah, comme je m’amuse, je sais que tu détestes ces créatures. C’est pourquoi, je les laisserai te dévorer vivante si tu échoues.

Amy frissonna, elle monta quelques marches de l’escalier pour se tenir le plus loin possible de ces sales bestioles, mais elles continuaient à lentement avancer dans sa direction…

— Personne ne me veut, mais quand on m’obtient, on ne veut pas me perdre. Qui suis-je ?

Amy était forte à ce genre de jeux de devinette, mais là elle séchait complètement elle était trop occupée à tenter d'échapper aux araignées venimeuses pour réfléchir.

— Aller Amy réfléchis je t’en prie, ce n’est pas le moment de flancher…marmonna-t-elle.

— Tu déclares forfait ? demanda avidement l’ange aux ailes d’argent.

— NON ! hurla Amy, la gorge sèche.

— Forfait… mais bien sûr ! La réponse c’est la guerre !

La créature poussa un hurlement de colère qui terrorisa Amy, mais les araignées disparurent, elle avait réussis à résoudre la deuxième énigme.

— Vraiment ? C’est plus drôle quand ils ne trouvent pas, mais de toute façon tu ne sortiras jamais d’ici tu ne trouveras pas la réponse à la dernière énigme. J’en suis sûr…

— Et si je la trouve ? Je serais libre n’est-ce pas ?

— Bien sûr, mais tu ne la trouveras pas ! assura la créature avec une horrible joie, heureuse de pouvoir jouer avec la vie de la jeune fille.

— Je suis plus puissant que Dieu. Je suis plus méchant que le diable. Le pauvre en possède. Le riche en manque. Si on me mange, on meurt. Qui suis-je ?

Amy réfléchis en fronçant les sourcils, l’ange apparut sous ses yeux comme s’il savait qu’elle ne trouverait pas. Il tenait un sablier dans sa main droite, son sourire s’agrandissait à mesure que les grains de sable tombaient.

— Le pauvre en possède, le riche en manque, je suis plus puissant que dieu… murmura Amy avec anxiété.

L’ange continuait de la fixer comme pour la déstabiliser.

— Je vais adorer te tuer. murmura-t-il à l’adresse d’Amy qui eut un haut le cœur. Mais elle s'efforca de l'ignorer et de continuer à réfléchir.

— Plus méchant que le diable, si on me mange on meurt.

Le temps était presque écoulé. La créature allait s’emparer d’elle, elle n’allait plus jamais voir ses parents. Amy imaginait déjà son propre cadavre, gisant sur le sol poussiéreux de la cave, ses parents la découvrant ainsi. Elle eut envie de pleurer à cette odieuse pensée, mais se concentra, il fallait qu’elle gagne, il le fallait !

— Rien. murmura Amy pour elle-même.

— Pardon ? l’ange sembla tout à coup très pâle.

— Il n’y a rien de plus puissant que dieu…résonna-t-elle sans pour autant trouver la réponse.

L’ange éclata dans une colère noire, il prit le sablier et le jeta au sol.

Amy compris alors qu’elle lui avait donné la réponse sans même le vouloir, la réponse à l’énigme était ‘’rien’’, mais bien sûr !

L’ange lui lança un regard monstrueux et fit volte-face. Tout à coup, Amy laissa tomber le médaillon qui était devenu brulant. Elle regarda sa main, et aperçu une marque rouge à l’endroit où se trouvait le médaillon quelques instants plus tôt.

Celui-ci était tombé sur le sol, et Amy constata avec surprise qu’il s’enterra de lui-même dans la poussière. Elle frotta le sol de son pied, mais rien, l'objet doré avait disparu.

L’ange avait également disparu, les ampoules étaient revenues, le panier de pommes se trouvait sur les dernières marches du vieil escalier.

Amy s’avança, et constata avec soulagement que la porte était revenue. Elle prit le panier de pomme et courra de toutes ses forces vers la sortie. Heureusement pour elle, ce n’était pas une mise en scène.

Elle était libre ! Elle n’allait pas mourir, elle était sauvée. Elle se mit à courir en direction de la cuisine.

— Ah ma chérie te voilà ! dit sa mère, en prenant le panier pommes de ses bras tout tremblant.

— Mais que se passe-t-il ? Tu as l’air terrorisée.

— Je suis partie longtemps ?

— Comment ça ? Je t’ai envoyé chercher de pommes, il y a à peine cinq minutes.

— Vraiment ? Amy cligna des paupières, elle avait l’impression d’avoir passé des heures à la merci de la créature. Elle se demanda alors si elle n'avait pas rêvé.

Etais-ce réel ? Je crois bien que je ne le saurais jamais pensa-t-elle en aidant sa mère à éplucher les pommes.

FIN

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