Futurs aventuriers ou futurs boulets (3/3)

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Quelques semaines s'étaient écoulées depuis le commencement du périple, jusque là tous s'étaient bien comportés et personne n'avait péri. Pour cause, le trajet n'était point dangereux, la destination en revanche, c'était une autre paire de gants. Le magicien avait délibérément choisi un point de rendez-vous plus proche des bois qu'il pensait abriter la fameuse Cité Blanche. L'attroupement s'était agrandi jusqu'à plus d'une cinquantaine de personnes et ne passait plus inaperçu. Lorsqu'on apprit l'entreprise qui l'animait et celui qui était à sa tête, la nouvelle se répandit comme une trainée de poudre. A leur passage, les villageois les accueillaient à bras ouverts et les traitaient comme des rois. En ville, on s'intéressait principalement aux bêtes de foire, tel que Grands-Pieds et sa naine ou la congrégation des sorcières. Le magicien attisait aussi la curiosité des aristocrates et de jeunes nobles en quête de puissantes relations. Mais Olgeirth ne s'attardait jamais dans un même endroit, il était toujours sur le qui-vive, prêt à partir à peine arrivé. Comme si quelque chose le rendait nerveux, et cela n'échappait point aux yeux observateurs de l'Elfe. Ce dernier, tout comme son égal, se sentait oppressé par le nombre, bien trop important à ses yeux, des mercenaires. Jusqu'à aujourd'hui, il n'y eut aucun incident, mais cela n’empêcha pas l'Elfe de cogiter.

Hum... Tu sais que t'es un peu collant, en ce moment ? Te cracher à la gueule ne suffit pas, on dirait.

— T'es qu'un abruti, mais le seul en qui j'ai confiance. En dehors du maître.

— Sur quoi tu vas geindre cette fois ? Laisse-moi deviner... Le joli petit lot t'a encore fait des avances ?

L'Elfe frissonna face à l'image qui lui revenait en mémoire.

— Lécher la lame d'un couteau aiguisé jusqu'à la pointe n'a rien de stimulant ! Personnellement, je trouve ça flippant ! En plus, je suis sûr qu'y avait encore du sang séché de sa dernière victime dessus... Berk ! Sans façon !

Adan éclata d'un rire franc face à la mine déconfite de son collègue.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Plus vite tu cracheras le morceau, plus vite tu seras reparti.

— Tu trouves pas qu'ils prennent un peu trop leurs aises ?

— Qui ?

— Fais pas l'con.

— Admettons que je sais de qui tu parles, je vois vraiment pas où tu veux en venir.

— La semaine dernière, c'est eux qui avaient décidé quel chemin prendre dans la forêt de Broscyliande ! Y'a deux jours, c'était qui passait en formation haute et qui restait en retrait... Bientôt, ils vont prendre le contrôle du groupe, moi je dis ! Ils vont pt'être même nous tuer dans not'sommeil !

Adan l'approcha furtivement avant de lui coller une claque à l'arrière-crâne.

— C'est qui l'abruti, ici ? Tu veux pas aller le leur dire directement, tant que tu y es ? s'énerva Adan, en chuchotant.

— Han ! C'est que t'fais semblant de n'en avoir rien à faire, mais toi aussi ils te stressent !

— On est préparés, je ne m'inquiète pas.

— C'est ça... Ça va tourner au massacre, tout ce merdier..., grommela Delhass, le regard rivé sur l'horizon.

Et il n'avait pas tort, malgré son côté paranoïaque, il avait un instinct affûté. Ses mauvais pressentiments étaient fondés et la bande de l'Hirondelle noire n'avait aucune bonne intention à leur égard.

Chacun complotait, concoctait un plan pour soustraire l'adversaire. Après tout, pour l'or et la richesse tout était permis.

-

Lilian ? T'es là dedans ? susurra une voix féminine, murmurant ses mots.
Izalane avait passé sa tête sous la tente alors qu'elle prononçait son appel. La pénombre sous la toile l'empêchait de distinguer l'intérieur. Un grand blond fit son apparition sous les rayons de la lumière. Il la dépassait d'une bonne tête.

— Que me veux-tu, Iza ?

— Je veux savoir où tu en es avec l'arcaniste ?

Lilian lui agrippa violemment le bras avant de l'embarquer plus loin, dans un endroit isolé.

— Que sais-tu de l'arcaniste ? Et d'ailleurs, comment es-tu au courant ?

Il arqua un sourcil tandis qu'il la toisait de son regard couleur miel. Elle se libéra de son emprise sans ménagement.

— Je surveille mes arrières, j'ai pas envie de me faire enculer.

— Tu lis mes lettres ? Elles sont pourtant scellées par un sceau...

— Qu'est-ce que tu crois, je ne joue pas dans la cour des petits, chouchou.

Il soupira lourdement, contrarié que ses plans ne soient plus si secrets. Il allait devoir prendre en compte l'avis de sa seconde.

— On en reparlera. C'est pas le moment, on nous regarde. On doit repartir de toute manière.

*

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