Le 2 août de l'an de grâce 1873

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Chère Éléonore,

Vos confitures étaient délicieuses. Très sincèrement, il me semblait voir votre chère Marthe agitant sa grande cuillère en bois dans la bassine de fruits mijotant.

Je me suis permis de demander à ma mère quels ouvrages vous feraient plaisir ; il est vrai que vous avez omis de me confier le contenu de votre bibliothèque, et je m’en voudrais de vous envoyer des livres que vous auriez déjà lus.

Aussi, je vous ai joint un petit colis contenant :

- Un exemplaire des Méditations poétiques de Lamartine, pour vos après-midis ensoleillés, lorsque le vent fera frissonner les rideaux de lin de votre salon ;

- Les Scènes de la vie privée de Balzac, dont les portraits féminins m’ont rappelé votre finesse d’esprit ;

- Les Contes du lundi d’Alphonse Daudet, afin d’égayer vos soirées d’août d’un charme provençal et d’un humour tout en douceur ;

- Et enfin, un petit carnet relié de cuir, vierge de toute écriture, que je vous invite à remplir de vos pensées, de vos lectures et — pourquoi pas — de vos confitures littéraires.

Puissiez-vous y trouver de quoi satisfaire, pour un temps du moins, votre appétit de lecture et nourrir ce feu curieux qui, je le devine, ne s’éteint jamais bien longtemps.

J’ose espérer, ma chère Éléonore, que ce petit présent saura vous réjouir et atténuer, au moins en partie, la tristesse que vous cause l’absence de votre père.



Oui, ce n’est pas mon écriture. Ma chère maman tient la plume pour terminer cette missive. Une vilaine rechute fait trembler mes doigts et m’empêche de vous écrire moi-même.

Je dis « vilaine », mais ce cher vieux docteur à la moustache grisonnante, qui tremblote à chacun de ses mots, m’assure que si je suis sérieux, et que je ne me pousse pas trop, je devrais bientôt être guéri.

J’attends de vos nouvelles avec impatience, Éléonore, en souhaitant que mon état ne vous inquiète pas trop.

Donnez-moi votre avis sur les lectures ci-jointes lorsque vous aurez eu le temps de vous y plonger.

Alban de Courcelles



Ma petite Éléonore,

Je me permets de joindre un petit mot à la suite de mon fils. Soyez rassurée : sa rechute n’est pas trop intense, et nous avons bon espoir de pouvoir quitter l’appartement la semaine prochaine pour une petite sortie à Paris.

Merci infiniment pour vos lettres, qui lui rendent le sourire.

Sincèrement vôtre, votre amie,

Madame de Courcelles

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