Je regarde alors les passants du haut de ma fenêtre. Assise sur ma chaise je vois le monde à travers un filtre noir. J'ai enfin l'impression d'être dominante. Je suis dans un lieu réconfortant, un petit cocon de sûreté. Le monde extérieur ne me correspond pas, les gens heureux passe en dessous de moi et je les regarde d'un air envieux. J'aurais aimé être dehors … Mais je suis prise au piège par la vie, incapable de me l'arracher.
Pendant la grossesse, mes parents ont toujours voulu avoir un garçon. Aujourd'hui je suis une fille, et je suis leur échec. J'ai grandi comme un enfant pas voulu, le fils que je n'étais pas. L'humanité était cruelle et j'étais déjà atteinte d'une profonde tristesse, bien que pour moi, c'était la normalité, comme je n'avais jamais connu la gaieté.
J'ai été la cible de mes amis et la proie de mes ennemis. Plus on me malmenait, plus je me détestais. Je ne pouvais me confier à aucune oreille attentive car le monde me faisait souffrir. Alors Je ne veux plus mettre un pied dehors pour ne plus voir les gens agressif, l'humanité n'est qu'un monde d'hypocrite. Je suis enfermé dans ma chambre où j'écris mon mal-être, les mots viennent aussi facilement que les maux. J'ai cherché à fuir ce passé qui veut me nuire et cette mort qui me pourchassait. Je voulais me cacher des vers et des charognards qui n'attendent que de ronger ma chair.
Je ne suis pas prisonnière de ces murs, je suis prisonnière d'un corps dont je ne veux pas être l'actrice. Je suis spectatrice d'un monde chaotique et l'auteure de récit mélancolique. Ô Terre indigne, pourquoi m'avoir donné naissance si c'est pour me punir ? Je vois des gens heureux malgré leur mauvais fond mais moi je suis prise dans cet artifice. Je suis prisonnière de cette vie qui, chaque jour, joue à un jeu interminable dont le but est de me pousser à bout. J'ai longtemps chercher un sens à ma vie, ressentir des sensations, mon cœur qui palpite et une boule chaude au creux de mon ventre. Je me suis trouvé face à cette fenêtre, à regarder les gens avec jalousie, pourquoi eux et pas moi ? pourquoi faut-il que je sois malheureuse encore et encore ? Aujourd'hui j'ouvre cette fenêtre qui était restée fermée si longtemps. Je sens l'air caresser mon visage, les rayons doux du soleil qui m'éblouie réchauffe ma peau et j'entend les gens rirent, parler ... La solitude m'a enfermé dans un cocon triste et maussade. Aujourd'hui je respire l'air à plein poumons, et je cri "je suis libre !".