Ouija en toute sécurité
Céline ne s’attendait pas à recevoir en cadeau d’anniversaire une planche Ouija. Bien qu’elle soit une scientifique, cartésienne par principe, elle chercha sur internet la dernière notice d’utilisation de ce machin occulte. Après une lecture minutieuse du mode d’emploi, elle sortit en ville faire quelques emplettes indispensables pour s’attirer la faveur des bons esprits.
Dans une boutique ésotérique, elle acheta des feuilles de saule et des cristaux de quartz. La gérante aux cheveux bleus, percevant les bonnes ondes de sa cliente, lui vendit également des pierres de Lune, des améthystes et de la lavande pour la somme modique de cent euros.
Le jour de ses trente ans, âge de la maturité, la jeune-femme convia deux amies triées sur le volet à la séance mystérieuse à vingt-trois heures quarante-cinq précises. Noémie et Hermione, intriguées par l’ambiance mystique instaurée dans le salon, prirent place dans le canapé à côté de fumerolles odorantes.
Après une longue inspiration, les trois amies poussèrent la goutte sur le plateau. Aussitôt, elle pointa la civilité de M. Les jeunes filles échangèrent un regard interloqué, puis elles entendirent un trombone jouer l’air du Boléro de Ravel. Céline fronça les sourcils et se demanda quelle copine lui avait joué ce mauvais tour.
En effet, Marcel, son grand-père, lui avait offert pour ses treize ans un objet de son invention, un trombone lance-flamme relié à une bouteille de propane. Munie de cette arme musicale, l’adolescente incendia sa maison et termina sa scolarité au pensionnat Notre-Dame du Repentir.
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