Mes doubles, ma création ?

Une minute de lecture

Depuis le départ, nous raisonnons comme si nous étions la deuxième, troisième, x-ième réalisation de notre moi.

C’est possible, mais ce n’est pas certain.

Et si nous étions les premiers ?

Si nos doubles n’étaient que de simples reprises de nos choix, de notre vie, si nos doubles n’étaient que notre création ?

Quelle fantastique capacité créatrice serait la nôtre !

Ma vie, la libre création de ma vie donnerait naissance à des milliards d’autres vies !

Car Spinoza est loin d’être le seul philosophe à avoir réfléchi au problème de la liberté.

Bien plus proche de nous, Bergson pense que cette liberté créatrice est bien réelle.

La liberté est liée à une action , et nous sentons, nous ressentons que cette action est libre, qu’elle échappe à tous les déterminismes.

Cette liberté est une donnée immédiate de notre conscience.

Et c’est dans l’art que cette liberté prend tout son sens. Bergson livre une anecdote révélatrice :

Comment concevez-vous, par exemple, la grande œuvre dramatique de demain ? » Je me rappellerai toujours la surprise de mon interlocuteur quand je lui répondis : « Si je savais ce que sera la grand œuvre dramatique de demain, je la ferais. » Je vis bien qu’il concevait l’œuvre future comme enfermée, dès lors, dans je ne sais quelle armoire aux possibles ; je devais, en considération de mes relations déjà anciennes avec la philosophie, avoir obtenu la clef de l’armoire. « Mais, lui dis-je, l’œuvre dont vous parlez n’est pas encore possible. » - « Il faut pourtant bien qu’elle le soit, puisqu’elle se réalisera. » - « Non, elle ne l’est pas. Je vous accorde, tout au plus, qu’elle l’aura été. » - « Qu’entendez-vous par là ? » - « C’est bien simple. Qu’un homme de talent ou de génie surgisse, qu’il crée une œuvre : la voilà réelle et par là même elle devient rétrospectivement ou rétroactivement possible. Elle ne le serait pas, elle ne l’aurait pas été si cet homme n’avait pas surgi. C’est pourquoi je vous dis qu’elle aura été possible aujourd’hui, mais qu’elle ne l’est pas encore. »

Et si les milliards de moi étaient notre œuvre ?

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