Le jour où je fus fier

3 minutes de lecture

Bon, finalement les croquettes c’est pas bon, surtout dans le café. Je suis malade comme un chien, ce qui fait beaucoup se marrer mon chat, grand bien lui fasse. Et l’autre gougnafier, là, qui m’a laissé des plumes de partout, toutes collées dans un jus presque noirâtre maintenant, et tout poisseux et tout collant, j’essaye à quatre pattes de nettoyer ce qui peut l’être et franchement, il y a du boulot ! Et mon chat, perché sur une armoire, qui me regarde de haut et miaule dictatorial, là, t’as oublié un truc, et là aussi. Regard noir, ventre en mode essoreuse à salade 1 800 tours par minutes, avec course de dératé en prime pour arriver avant mon bol alimentaire aux toilettes, la tête au fin fond de la cuvette. Qu’il faut que je pense aussi à les nettoyer à l’occasion, on se croirait en Écosse.

Je suis là, à genoux, la tête fourrée dans la porcelaine, un fil de bave jaunasse, presque translucide, pas tout à fait, qui prend sa source de mes naseaux et de ma bouche quand la cloche sonne avec un entrain presqu’insolent. Je lève les yeux humides à force de vomir mon alcool, ses croquettes à l’autre d’hypocrite et la guimauve de l’autre tâche, là, blancs les yeux qui se lèvent au ciel, et je prends appui sur le rebord des w-c, seulement, je me ripe et m’éclate la tronche sur le rebord, la lunette claquant sur ma tête. Aussi est-ce en chaussettes, les genoux douloureux, en calcif, une dent branlante, le nez plein de raisiné, bavant et morvant, lunette en collier que je viens ouvrir.

Le chat s’assied et nous regarde, passionné.

Mais c’est quoi encore cette sérénade ?

Un type, planté dans mon paillasson tout droit, sourire fluoré, houppette de tif pleine de cire et qui commence à me causer avec un accent brésilien tout de chuintement et autres bizarreries en passant d’une voyelle à une autre que je ne pensais pas ça possible, et que surtout, je refuse d'essayer de reproduire au clavier sans finir de me ridiculiser, j’ai de la peine pour mes lecteurs, les pauvres. Mouaois sich tu peuch le fairech qu’il me diche, les lechteurch ych t’aimech, avec des grands gestes inutiles, c’est pas ridicûoulche, ben si, quand même, fais-je morveux, pour des raisons antérieures, mais qui finalement s’adéquatent bien au fond à l’instant présent.

Mais c’est qui, lui ? d’abord.

Laï fiertéch qu’il me faiche.

Chier que je pense.

Et le chat qui, passionné, nous regarde. Les yeux ronds et fixes. Un peu flippant, il faut quand même le dire.

Et pourquoi ? Là ? Moi ? Avec ma dégaine de plouc ?

Jouchtement, Che chuis veniouch pour te relookéch, cha va pach cha les châussettes, le calchif, la bedainech, les zyoux pochéch, l’haleinech qui puch

Oh ! c’est pas bientôt fini cet inventaire à la Prévert, là ?! On dirait que vous décrivez une déchetterie, manquerait plus en cherry on top of the cake, pour compléter ce tableau plus que déplaisant, que le chat !

Qui râle.

Ta gueule ! C’est pas le moment !

Mais il continue, à râler. Le chat.

Et j’esseplique patiemment à mon visiteur les raisons de la colère féline, c’est que moi, là, tel que vous me mirez, disons que de fierté, je crois ne même pas en avoir la moindre idée, par contre mon chat, là, là il est au taquet question fierté, parfois mal placée, mais c’est un autre débat. Et d’entendre feuler le félidé, que la Fierté n’est pas franchement faraude et préfère filer comme un pet sur une toile cirée.

Good job, fais-je fier de mon chat. Ce qui est une première.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Kakemphaton ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0