3.4

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Le Prince s'était trompé. Aqsim Chah, ambassadeur de l'Empire, n'attendit pas l'après-midi pour se présenter à sa porte. Sous son sourire sympathique et son attitude décontractée, son corps semblait prêt à bondir sur sa gorge. Même Pratha, qui était peu versé dans l'art de la lecture des non-dits, le sentait. L'entretien s'annonçait de très mauvais augure. Le Rébéen salua l'adepte en s'inclinant d'une manière semblable à celle des Rébéens, lors de leur arrivée. L'élégance de son manteau en laine de rhinocéros, savamment cousu, rivalisait avec les vêtements de Bhagttat ; sans doute ce détail n'avait-il pas été laissé au hasard. L'adepte avait reçu pour ordre de rester toute la journée dans le Palais.

Il passa la matinée à feuilleter d'épais volumes entreposés dans la bibliothèque principale du Palais ; tantôt sur l'organisation si singulière du lointain "État des Hommes Libres", sur la description d'espèces de grands reptiles déjà éteints lorsque les dieux firent leurs premiers pas, ou encore sur l'art de bien manœuvrer ses troupes. Des savants venus de toute la Principauté et même des états voisins débattaient à voix basse autour des petites tables noyées sous les feuillets et les encriers. Pratha se sentit profondément ignorant, tandis que les érudits assénaient des arguments à base de termes techniques en proto-skritt. Un messager vint le sauver de ce sentiment en milieu d'après-midi ; le Prince l'avait convoqué.

"J'ai fait acheter les... livres dont tu m'as parlé", indiqua Bhagttat en désignant une pile sur son bureau.

Trois numéros des Guerriers de l'Ouest trônaient fièrement au sommet de celle-ci.

"Merci, répondit Pratha. Je ne savais pas que nous avions tant de retard dans la réception...

- Les jarapouris nous inondent de leurs bêtises".

L'adepte sentait que quelque chose, au-delà du simple dégoût qu'éprouvait son souverain à l'égard des Guerriers de l'Ouest, allait mal.

"Cela doit faire un an que personne au Chram n'a pu se procurer la suite de Coups de Palais, nota-t-il en regardant les livrets.

- Pour ce qui est de ton départ... ?

- Tout est prêt. J'attends de recevoir votre aval pour quitter la ville."

Le Prince se frotta le menton un instant, l'air perdu. Il siffla, et quatre hommes en armes ainsi qu'une jeune femme à l'allure féline entrèrent dans la pièce. Le souverain et cette petite troupe observèrent l'adepte en silence durant quelques secondes qui parurent affreuseument longues.

"Que se passe-t-il... ? demanda ce dernier, le cœur noué.

- Je ne peux malheureusement pas te laisser rentrer seul, Pratha", soupira Bhagttat.

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