Acte I, Scène 2

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SORANE, ZENA, SOLACYN

(La chambre de Sorane)

SOLACYN (elle entre). — Sorane, ma douce enfant, es-tu prête ? Nos convives attendent avec impatience ton arrivée.

SORANE. — Laissez-moi un dernier instant, mère. Mon esprit doit encore se mettre en condition pour affronter cette situation.

SOLACYN. — Tu parles comme si tu te trouvais devant l’une de tes expérimentations farfelues. Tu es magnifique dans cette robe, bien que j’aurais choisi une autre couleur. Mauve ou blanche aurait été un choix plus raisonnable.

SORANE. — Mère...

SOLACYN. — Et ces ballerines... Tu n’aurais pas mieux fait de chausser des talons hauts ? Tu es une grande dame maintenant.

SORANE. — Mère.

SOLACYN. — Et à ce que je vois, Zena a réussi à te convaincre de détacher ta sublime chevelure. Mais était-il nécessaire de garder cet horrible serre-tête ?

SORANE (agacée). — Mère !

SOLACYN. — Oui ? Qui a-t-il ? Parle sans crainte !

SORANE. — J’ai bien le droit de choisir mes vêtements selon mes préférences et non selon les vôtres !

SOLACYN (elle la regarde de haut). — N’ose plus hausser le ton devant moi, jeune fille ! Je reste ta mère ! Ton père et moi avons placé tous nos espoirs et l’avenir de la cité céleste entre tes mains. N’oublie jamais tous les efforts de notre lignée pour que l’héritage de la grande Talyss perdure encore aujourd'hui !

SORANE. — J’en ai pleinement conscience et c’est bien pour cela que je ne dois pas prendre cette réception à la légère.

SOLACYN. — Tout à fait. Nous sommes un peuple puissant et inflexible et nous continuerons à l’être jusqu’à la fin des temps (elle se tourne vers Zena). Voulez-vous bien sortir un instant ? Je dois m’entretenir seule à seule avec notre reine.

ZENA. — Bien entendu, Votre Altesse (elle quitte la chambre).

SOLACYN (elle se place derrière sa fille et pose ses mains sur ses épaules, la forçant à fixer son reflet dans le miroir). — Ce soir, tu ne seras pas dans ton laboratoire ni devant les chercheurs dont tu as la charge, mais bien dans la salle du trône de ton palais. De grandes personnalités d’Aldria seront présentes. Ce sera ta première apparition en face des autres dirigeantes des peuples fantastiques. En as-tu réellement conscience ?

SORANE. — Oui, mère.

SOLACYN. — Permets-moi d’exprimer un doute. Je n’ai pas besoin de notre pouvoir primordial pour voir que tu préférerais être loin d’ici et que cette réception ne t’intéresse guère. Il semblerait que ce miroir me montre la technomancienne suprême de Skylae et non la reine des anges.

SORANE (elle baisse le regard). — Je ne peux le nier. Vous lisez en moi comme un livre ouvert...

SOLACYN. — Prouve à tous que tu es digne de ton rang et à la hauteur de toutes les attentes. (elle ne dit rien un temps et reprend sur un ton plus tendre) Ton père et moi avons attendu ce moment depuis si longtemps... Tu as grandi et tu es devenue une belle et puissante femme (elle passe ses bras autour de son cou, la câline), tout ce que des parents souhaitent pour leur enfant. Nous sommes fiers de toi et de tout ce que tu as apporté à Skylae. Nous savons que nous avons fait le bon choix.

SORANE (elle attrape délicatement un de ses bras). — Vos compliments me vont droit au cœur. C’est une promesse, je ne décevrai pas tous ceux qui croient en moi. Que la grande Talyss me châtie si je manque à mon devoir. Parlez-moi des autres souveraines, comment sont-elles ?

SOLACYN (elle lâche Sorane). — La grande prêtresse Alervina ne devrait pas trop être exigeante à ton égard. Sa gentillesse naturelle représente l’une des forces des elfes. Ils prônent la paix et évitent les conflits inutiles. C’est tout à leur honneur mais je ne pense pas que les pourparlers suffisent seuls à calmer les esprits échauffés. Par contre, je peux tout de suite t’avertir que Yoriel, la dirigeante des fées, t’observera de très près. Je n’ai jamais réussi à comprendre ses intentions profondes mais notre peuple et celui de Starfae entretiennent des relations saines, sans dépasser les intérêts communs. Je ne peux que te conseiller de ne pas faire de faux pas en sa présence.

SORANE. — Merci pour vos conseils, mère.

SOLACYN. — Bien, il est temps. Allons-y (elle se dirige vers la porte).

SORANE (elle la suit). — Vous ne m’avez pas informé à propos de Mizuna.

SOLACYN (elle s’arrête). — Zena t’a donc prévenu que les sirènes seront bien présentes ce soir, n’est-ce pas ?

SORANE. — En effet.

SOLACYN. — Ne montre pas la moindre compassion à leur égard. Bien que je déplore la situation tendue à Sulsae, qui a mené à l’assassinat de l’impératrice, cette affaire ne concerne que leurs habitants et uniquement eux. S’ils veulent s’entre-tuer pour savoir qui montera sur le trône, c’est leur problème, pas le nôtre.

SORANE. — Mais n’est-ce pas dans ces moments difficiles que nous devons apporter notre soutien ?

SOLACYN. — Ils restent nos ennemis depuis toujours et il n’y a aucune raison que cela change. Ce soir, tu n’adresseras pas la parole à la descendante de la déesse traîtresse, m’as-tu bien comprise ?

SORANE. — Oui, mère...

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