Chapitre 4 : Silss

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L’elfe roux ne savait plus depuis combien de temps il était dans cet endroit. Deux heures ? Deux jours ? C’était un test de Rowenn, maintenant il en était sûr. Il s’était réveillé au milieu de cette bibliothèque étrange et après avoir cherché en vain la sortie, il s’était mis à feuilleter les livres.

Ils étaient écrits dans dans toutes les langues de ce monde, les lettres et les symboles changeaient au rythme de la lecture. Il n’y avait pas de lumière, pourtant, Sévrar voyait parfaitement. Il faisait agréablement chaud, pourtant il n’y avait ni cheminée, ni source de chaleur magique. Heureusement, car les bibliothèques qui contenaient les livres semblaient être vivantes, comme ci le jeune magicien se trouvait dans une forêt. Etait-ce possible ? Est-ce que des arbres pouvaient pousser dans cette forme ? Avec une aide magique, probablement.

Assis par terre, le dos contre l’un des meubles, Sévrar sentait comme un coeur battre, faisant circuler la sève. L’elfe se sentait bien ici, il se sentait chez lui. A tel point qu’il finit par s’endormir.

§

Un grondement sourd le fit se réveiller en sursaut, il faisait tellement froid que de la bué se formait à chacune de ses respirations. Se frictionnant le corps pour retrouver de la sensibilité, il se leva en prenant appuis sur le bois. Sévrar se figea alors, quelque chose clochait, il ne sentait plus les battements sous l’écorce. Avait-il rêvé qu’elles étaient vivantes ? Non, quelque chose clochait. D’où venait le bruit qui l’avait réveillé ? Pourquoi faisait-il froid tout à coup ?

S’éloignant des troncs, il tendit la main et prononça un mot. Une boule de feu sortit de sa paume pour flotter au dessus de lui, lui procurant lumière et chaleur. C’était un sort basique de magie élémentaire, l’un des tous premiers que l’apprenti avait appris. Ironiquement, le feu était l’un des éléments qu’il contrôlait le mieux. Il se remit ensuite à arpenter les couloirs que formaient les étagères végétales.

Où était-il ? Cet endroit était bien trop étrange pour qu’il n’en n’ai jamais entendu parler. A moins que… Il fut coupé dans ses pensées par un bruit de cavale cette fois. Quelque chose approchait à grande vitesse.

D’un mot, il éteignit le feu et se glissa entre deux troncs en silence.

Après quelques secondes, une créature passa devant sa cachette en reniflant l’air. Le roux n’avait jamais rien vu de tel. Affublé d’un immense bec, la bête se tenait sur quatres pattes dont deux ayant des sabots. Il avait ce qui ressemblait à des ailes repliées sur son dos. Son pelage ou bien son plumage, il n’aurait su le dire, était tantôt vert tantôt marron. Il devait pouvoir parfaitement se camoufler dans l’environnement. Mais de qui cette créature voulait se cacher ? Y avait-il ici plus féroce ? Oui, surement la créature dont le grondement l’avait réveillé.

Voyant que la créature ne semblait pas agressive, Sévrar prit son courage à deux mains et sortit doucement de sa cachette. Les mains bien en évidence pour ne pas effrayer la bête, il attendit.

Elle se figea en le voyant sortir de la pénombre, pourtant elle n’avait pas peur de l’inconnu. Il irradiait de lui une aura de bienveillance. Étonnamment, elle lui fit immédiatement confiance.

Sévrar savait parfaitement l’effet qu’il faisait aux animaux, ainsi, espérait-il que cela fonctionnerait avec cette créature. Il avait toujours su se faire accepter, il arrivait même à les contrôler. Pourtant, il ne le faisait jamais, il préférait leur demander tout simplement, après tout, ils lui faisaient confiance.

Le rouquin fit quelques pas, le fait que la créature n’ait rien tenté était déjà bon signe. Il tendit la mains, envoyant instinctivement des ondes d’apaisement puis la posa sur le pelage. Rêche comme du vieux papier, ce n’était pas vraiment agréable au touché, pourtant Sévrar garda le contact.

“Sais-tu où nous nous trouvons ?” demanda-t-il avec son esprit.

L’animal lui envoya des images comme réponse. Les bibliothèques vivantes, les livres, le sol de terre, un sentier plus large que les autres, un trou immense et sombre. A cette dernière image, le garçon frissonna, il ressentait la peur de la créature.

“Qui y a-t-il dans ce trou ?”

Nouvelle vague de peur en guise de réponse, suivit d’un son, le grognement qui l’avait réveillé.

— Très bien, le danger se trouve dans ce trou, murmura-t-il pour lui même.

“Sais-tu par où je pourrais sortir ?”

La même image du gouffre, suivie de cette même peur. Il jura, la sortie était donc gardé par une créature terrifiante.

“Merci.”

Dans quelle galère Rowenn l’avait-il fourré ? Respirant un grand coup, l’apprenti se remémora rapidement les sorts qui pourraient lui être utile. Sorts de défense et de combat tournaient dans sa tête, près à l’emploi. Il se tourna ensuite de nouveau vers l’animal et demanda :

“Pourrais-tu me guider jusqu’au trou ?”

La bête se cabra, envoyant une vague de peur bien plus grande que la première. Elle ne semblait pas vouloir l’y conduire. Après quelques ondes d’apaisement, Sévrar refit une demande, qui solda aussi par un échec. Quoi qu’était la créature du gouffre, elle devait vraiment être dangereuse pour que ses suggestions ne fonctionne pas.

Avec réticence, le garçon attrapa doucement la tête de l’animal avant de pénétrer son esprit, en quelques secondes, il réussi à le soumettre et grimpa sur son dos. D’un geste, il lui ordonna d’avancer puis avec la force de son don, il l’obligea à l’amener vers la sortie.

Sévrar détestait faire ça, mais il n’avait pas le choix. Une fois arrivé, il ferait fuir sa monture pour qu’elle ne soit pas blessé. Tout irait bien.

§

Le sol avait changé, il était toujours en terre mais de nombreuses veinures le parcourait. Plus ils avançaient, plus il y en avait, comme si la créature du puit aspirait la vie de cet endroit. Peut-être était-ce pour cela que les meubles n’étaient plus vivant lorsque Sévrar s’était réveillé. Plus le monstre se nourrissait, plus la zone mourait. D’ailleurs, les bibliothèques paraissaient bien plus racornies ici. La lumière se faisait aussi plus rare tandis qu’il faisait de plus en plus froid.

L’apprenti sentait que sa monture était de plus en plus apeuré, mais il la gardait en son contrôle. Ils y étaient presque. Sévrar pouvait maintenant sentir l’aura néfaste de la bête.

Depuis quelques temps, il avait allumé une boule de feu au dessus de lui, pourtant, il avait du mal à la faire briller. Le monstre tentait-il aspirer cette énergie aussi ? Le rouquin arrêta net ses pensées, le dernier tournant venait de révéler le trou.

Immense, bien plus grand que laissait croire les image venant de l’animal. Et surtout, on n’en voyait pas le fond.

Descendant de la croupe, il leva son emprise sur l’esprit de sa monture. Lui envoyant tout la bienveillance possible, il lui demanda de fuir. Il n’en fallut pas plus pour que la bête prenne ses jambes à son cou. Laissant Sévrar seul dans la pénombre glacée. Il aurait pu la contraindre à rester, pour avoir quelqu’un à ses côtés, mais cela n’aurait pas été juste.

Cela aurait était un mensonge de dire que l’apprenti n’avait pas peur. Pourtant, il ne s’enfuyait pas en courant, il savait que tout cela était un test et que, quoi qu’en dise Rowenn, il devait à tout prix réussir. Après tout, avoir peur était la meilleure chose qui pouvait lui arriver à ce moment précis. Grâce à cela, il était conscient du danger et sur ses gardes.

Près à tout, il fit quelques pas vers le gouffre. Sondant avec discrétion l’espace, il détecta un gros corps ainsi que, derrière, un portail. Peut-être qu’il n’avait pas été assez discret, à moins que le monstre ne soit très sensible, en tout cas, il grogna très fort au point de faire trembler la terre, manquant de faire tomber le magicien dans le trou.

Un peu paniqué, Sévrar couru se mettre à l’abris derrière un tronc desséché.

Le sol continua à trembler tandis qu’une griffe, pui deux, puis cinq, apparaissaient sur le bord du puit. Une autre patte surgit ensuite, s’agrippant à la terre sèche. L’apprenti éteignit sa lumière et remonta ses manches, près à en découdre.

La tête apparu petit à petit, vint d’abord les cornes recourbées vers l’avant, ensuite vint les yeux rougeoyant, et enfin la gueule pleine de dents jaunies par le temps. Les pupilles se posèrent directement sur le garçon comme ci le tronc n’existait pas.

“Je te vois.” siffla une voix dans son crâne.

“Qui es-tu ?” osa-t-il en réponse.

“Silssss, je garde ce portail.”

“Puis-je passer ?” tenta-t-il sans y croire.

Comme réponse, la créature, qui ressemblait à un dragon, émit un bruit semblable à un gloussement. Elle se moquait de lui.

“Je ne pense pas. Tu brilles comme une lanterne, je vais me faire un plaisir d’aspirer ton énergie.” dit-elle en se léchant les babines.

C’était donc ça, elle pouvait voir l’énergie, donc l’aura. Et Sévrar, avec son aura d’or devait être un met de choix. Allumant ses paumes en essayant de contrôler ses tremblements, il fit quelques pas vers le reptile.

“Tu veux te battre ? Très bien, allons y.”

Elle sortit entièrement du trou, contrairement aux dragons, elle n’avait pas d’ailes, ce qui ne l’empêcha pas de prendre beaucoup de place dans la clairière. Elle était verte sombre et marron comme la monture, qui devait déjà être loin, du garçon. Tout était de la même couleur ici, ça en devenait presque agaçant. Décidément, quelque chose clochait.

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