Chapitre 27 : Héritiers

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La déesse avait amené Reen, laissant les deux héritiers seuls en haut de la pyramide. Devaient-ils attendre leur retour ?

— Elle a dit le nom de Sathenass, le dieu de la cruauté, c'est ça ? demanda Zalénia à son frère alors qu’ils descendaient vers les dragons.

— C’est nous, les Zaléniens, qui l’appelons ainsi, car il est très apprécié en Wesiria. Mais j’ai lu qu’en réalité, Sathenass n’est que l'exact contraire de Pandara. Cette dernière, en plus d’être la cheffe des dieux, est la déesse de la création. Cela fait de Sathenass le dieu de la destruction.

— Ça ne change pas le fait qu’il œuvre pour le mal.

— Les dieux ne font ni le bien, ni le mal. Il faut bien que toute chose ait une fin. Cette fin est matérialisée par Sathenass. Car même lorsque la destruction a lieu, la création, la vie, finit toujours par trouver son chemin.

— Tu es devenue bien sage, mon frère.

Léarco sourit et se tourna vers elle :

— Tu n’es pas la première à me le faire remarquer.

— Tu aurais fait un bon roi.

— Sauf que c’est à toi que revient ce fardeau, mais ne t’inquiète pas, je serais toujours là.

Ce fut au tour de la jeune fille de sourire, elle était heureuse de le retrouver. Ils finirent par arriver près des dragons.

— Je pense que nous devrions retourner au front, continua le prince avec un air sérieux. Même si ça ne me plait pas d’abandonner Sheireen ici, nous ne pouvons pas laisser la guerre continuer sans nous. Deux dragonniers de plus pourrait être décisif.

— Je suis d’accord avec toi. Et ne t’inquiète pas pour Sheireen, elle saura rentrer.

“ Je ne viens pas avec vous.” intervint Orion.

— Je comprends. Tu vas rester ici ? demanda Léarco.

“Non, j’ai le sentiment que cela durera longtemps. Je vais voyager. Je le sentirais lorsqu’elle sera de retour.”

— Très bien, à bientôt alors.

“Au revoir, petit prince.”

Le dragon noir s’écarta pour décoller. Les frères et sœurs lui firent des signes jusqu’à ce qu’il ait disparu parmi les nuages.

— A notre tour d’y aller, fit le jeune homme en grimpant sur le dos de la dragonne dorée.

Zalénia l’imita en s’installant sur Nimirya. Puis ils s’élevèrent dans le ciel.

Les grands arbres tropicaux et la pyramide rapetissèrent rapidement. Ils survolèrent la forêt plongée dans un silence pesant. La tension entre les tribus était palpable. Malheureusement, les deux jeunes gens avaient une autre guerre à rejoindre.

§

La situation sur le front était alarmante. Léarco était à peine parti une semaine, pourtant l’armée Zalénienne avait beaucoup reculé. Que s'était-il passé ?

Vue du ciel, cela en était d’autant plus flagrant. Les premiers villages de la Terre Rouge avaient été réquisitionnés. Lorsque les deux héritiers se posèrent, ils découvrirent l'ampleur des dégâts.

Le campement, alors même que la Terre Rouge était la terre la moins peuplée, était assiégé par de nombreux réfugiés. Ils furent alpagués de tous les côtés, ce fut pire lorsque quelqu’un les reconnut.

— Ce sont le prince et la princesse ! s’exclamaient les gens.

Tous leur demandaient de l’aide, mais ils ne pouvaient rien faire, si ce n’est mettre un terme à cette guerre. Ils finirent tout de même par atteindre la tente de Kimiati.

— Vous revoilà enfin.

Elle semblait épuisée, comme tous les soldats du camp et probablement de l'armée entière.

— Le moral des hommes et des femmes est au plus bas. Votre arrivée pourrait leur redonner de l’espoir.

— Que s’est-il passé pendant mon absence ? demanda Léarco.

— Les soldats ennemis semblent comme envoûtés. Il faut leur causer des dégâts démesurément grands pour qu’ils ne se relèvent pas.

— Comment ça ? demanda Zalénia.

— Une simple flèche n’arrête pas un soldat Wesi. Un simple coup d’épée ou de lance non plus. C’est comme s'ils ne ressentaient pas la douleur. Il faut les blesser mortellement pour les arrêter.

— C’est la guerre, c’est normal de tuer. Je ne vois pas où est le problème.

— Le problème, c'est que si un de nos hommes perd une jambe, il ne continuera pas à combattre. Alors que les Wesi, si.

Il y eut un silence.

— C’est comme s'ils avaient plus peur de ceux qui les commandent que de nous. Leurs yeux sont terrifiants, Léarco. Ils sont si terrifiés par ce qu’il y a derrière eux, que la douleur ne leur fait plus peur.

— Mais c’est insensé...

— De plus, des rumeurs ont commencé à circuler dans les différents campements. Il se dit que les Sharaka auraient réussi à rendre certains de leurs soldats immortels.

— C’est n’importe quoi ! C’est clairement des rumeurs lancées par l'ennemi lui-même pour nous faire peur.

— Malheureusement, ça fonctionne.

Le jeune homme frappa sur la table où reposait la carte du front. Plusieurs statuettes en bois vacillèrent alors qu’il sortait en trombe. Il était hors de question que Zalia perde cette guerre à cause d’une rumeur.

Il se rendit sur la place du petit village autour duquel le campement s’était organisé. Le jeune homme grimpa sur le socle de la statue qui trônait au centre. Représentant un héros oublié, l’homme pointait son épée vers le ciel. Léarco dégaina sa propre lame et l’imita avant de hurler :

— Zaléniens ! Zaléniennes !

Les gens se tournèrent vers lui, braquant leurs regards fatigués, apeurés ou bien tout simplement lassés. Il planta ses yeux bleus dans chacun d’entre eux.

— J’ai entendu les rumeurs, disait-il à voix presque basse, obligeant les soldats à se rapprocher. J’ai entendu les rumeurs et je n’y crois pas ! Les Wesi ne sont pas des dieux !

Il laissa planer un silence, laissant les gens s’imprégner de ses paroles, avant de reprendre :

— Les soldats Wesi ne se battent que par peur de leurs dirigeants alors que nous, nous nous battons pour la liberté. Notre liberté, mais aussi celle des Wesi. Nous devons les débarrasser des Sharaka. Vous avez entendu qu’ils avaient rendu des hommes immortels ? C’est faux ! Vous avez l’impression que les soldats ennemis sont invincibles ? Pourtant, comme nous, si on leur plante une lame dans le cœur, ils meurent. Si on leur tranche la tête, ils meurent. Ce sont des humains, rien de plus, rien de moins.

Des murmures se propagèrent dans les rangs, certains visages s’illuminèrent.

— Ma propre sœur, héritière du trône, s’est jointe à nous, continua le prince en faisant signe à Zalénia qui l’observait caché être les soldats.

Tous s’écartèrent de la blonde, lui traçant un chemin vers son frère. Elle le rejoignit sur le socle. Le visage déterminé, elle prit elle-même la parole :

— Contre l’avis de ma mère, la Reine, je suis ici pour vous aider. Pour combattre l’ennemi et mettre fin à cette guerre. Coute que coute.

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