Ecris moi un rêve

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- Dis-moi tata, demande Léna du haut de ses 6 ans.

- Oui ma chérie.

- Écris-moi un rêve…

- D’accord. Il était une fois... commence tata.

- Pourquoi il était une fois tata ?

- Parce que c’est comme cela que commencent les histoires et les contes ma chérie.

- Non tata, moi je veux un rêve, répond Léna.

- Tu veux être quoi dans ton rêve ?

- Léna !

- D’accord, rit tata.

- C’est l’histoire de Léna…

C’est l’histoire de Léna, qui s’endort paisiblement dans les bras de son Papa. Maman, voyant Papa et Léna endormis tous les deux dans le rocking-chair, prend la petite Léna dans ses bras avant de la reposer délicatement dans son lit.

Les yeux à nouveaux ouverts, allongée dans son nid douillet, Léna se laisse bercer par la douce musique de son mobile qui tournoie. Elle observe sur son mur les belles montagnes, légèrement enneigées, desquelles s’échappe une douce lumière, telle une aurore boréale au milieu du pôle nord.

Tandis qu’elle sent ses petits yeux lourds de sommeil se fermer, Léna est soudain au sommet de la montagne.

Elle est surprise par la douceur de l’air qui l’enveloppe, malgré les petits flocons de neige qui virevoltent autour d’elle.

Elle lève la tête et regarde les étoiles dans le ciel. Trois belles constellations scintillent devant ses petits yeux brillants. Il y a celle de Maman, celle de Papa et celle de Léna.

Les étoiles bougent lentement, déformant les dessins existants pour se changer en visages.

Papa et Maman apparaissent au milieu du ciel nocturne, leurs esquisses étincelantes de la lumière des astres qui forment leurs traits.

Papa étoilé fait un clin d’œil à Léna, Maman lui envoie un baiser puis les étoiles se remettent dans leur position initiale.

Léna prend une grande inspiration puis se dit au fond d’elle-même que, cette nuit, elle traversera les montagnes, toute seule, comme une grande, malgré la fraîcheur qui commence à la saisir.

Soudain, en un petit éclair lumineux, Léna est revêtue d’une combinaison montagnarde et deux bâtons de marche se sont glissés dans ses mains.

Elle ouvre le sac à dos qui s’est installé sur ses épaules et y découvre ses biscuits préférés et une brique de jus de fruits, celle que maman lui donne souvent pour son goûter.

- Oh, il y a quelque chose qui bouge dans la poche de devant. Qu’est-ce que cela peut bien être ? se demande Léna à voix haute.

Elle tire doucement sur le zip de la poche et découvre de ses petits yeux ébahis…

- Doudou lapin rose ? demande Léna à la peluche.

- Oui… répond une petite voix apeurée.

- Mais, qu’est-ce que tu fais là toi ?

- Maman m’a glissé dans ton sac, pour que tu ne fasses pas le voyage seule, répond le lapin tremblant.

- Pourquoi trembles-tu Doudou lapin ? lui demande Léna avec douceur.

- Parce que je n’ai pas ta teuteute au bout de mon accroche et j’ai peur que tu sois fâchée.

- Mais non Doudou lapin ! rit la petite Léna. Je ne suis pas fâchée. Maman ne l’a pas mise car je suis une grande fille maintenant. Et puis, les aventuriers de la montagne n’ont pas de teuteute, répond petite Léna en lui faisant un clin d’œil avant de poursuivre. Allez Doudou lapin, tu ne vas pas rester dans le sac à dos. Je vais t’accrocher, avec la pince à teuteute, sur le revers de ma doudoune. Comme ça, tu seras tout contre moi, au chaud, protégé par mon épais manteau.

Désormais bien équipée contre le froid qui s’est levé, notre aventurière saisit ses deux bâtons et redescend prudemment la première montagne sous le ciel étoilé.

Elle freine sa descente en enfonçant le bout de ses bâtons de marche dans l’épais tapis de neige sous ses pieds. Les flocons dansent toujours autour d’elle et Doudou lapin lui raconte comme il a eu peur, enfermé dans la poche de ce sac à dos.

Sacré Doudou lapin, il est un peu froussard tout de même. Léna est convaincue qu’il n’y est resté que deux petites minutes. De plus, Maman laisse toujours la fermeture un peu ouverte pour que les doudous de Léna puissent respirer.

À moins que ce ne soit Papa qui ai fermé le sac ? pense-t-elle en secret, retenant un petit rire.

Arrivée au creux entre la première montagne et celle du milieu, Léna lève le bout de son nez vers le prochain sommet qui l’attend.

- Regarde Doudou lapin ! Ce que c’est haut !

- Ah oui c’est très, très haut, répond la peluche. Nous sommes tout petit riquiqui à côté de cette immense montagne.

- Je ne pensais pas qu’elle serait si grande, se dit Léna à voix haute.

Notre petite escaladeuse prend soudain conscience de l’ampleur de ce qui l’attend et un petit doute s’installe en elle.

- Doudou lapin…

- Oui Léna.

- Tu crois que j’en suis capable ?

- Bien sûr que oui !

- Je ne suis pas sûre Doudou lapin, c’est très, très haut tout de même.

- Tu sais ma petite Léna, il faut déjà essayer pour savoir si nous sommes capables de quelque chose ou non.

- Tu as raison Doudou lapin. Je dois au moins essayer. Allez, c’est parti.

S’armant de courage, la petite Léna plante ses bâtons dans le sol et entame cette grande montée.

Au fur et à mesure qu’elle se rapproche du sommet, la pente est de plus en plus raide. Les flocons de neige qui virevoltaient lentement se mettent soudain à tourbillonner autour d’elle, la freinant dans ses mouvements.

Léna tient bon, elle continue d’avancer, lentement, au ralenti, mettant toute sa force dans ses petites jambes et dans ses bras.

Elle est presque arrivée au sommet mais les flocons tourbillonnent de plus en plus fort autour d’elle. Le bruit du vent siffle dans ses oreilles, ses jambes refusent d’avancer plus loin.

- Doudou lapin ! cri-t-elle au milieu de la tempête.

- Ouiiii ! répond doudou en criant lui aussi.

- Je ne vais pas y arriver !

- Mais si Léna ! Tu peux le faire !

Alors que Léna allait abandonner, un cri plus lointain la sortit de ses pensées.

- Lééééé-Naaaaa !

- Tu as entendu Doudou ?

- Quoi donc ? répond le lapin blotti sous le manteau.

- Là-bas ! J’entends une voix m’appeler. Ecoute bien.

- Léééééé-Naaaaa !

- Oh mais oui, cri soudain doudou emmitouflé. C’est Enriko !

- Enriko mon dino ?

- Oui Léna, c’est lui !

- Léééééé-Naaaaaa !

- Vite il faut aller le rejoindre. Il doit être bloqué lui aussi avec cette tempête.

Regonflée de courage, Léna puise dans ses forces, plante son bâton droit dans la neige, avance le pied gauche puis plante le bâton gauche et avance le pied droit, et ainsi de suite jusqu’au sommet de la montagne.

- Doudou nous y sommes arrivés !

- Oui Léna, tu y es arrivée.

- Mais…. Où est Enriko ?

Enfin au sommet, Léna regarde autour d’elle. Malgré le fait que la tempête se soit calmée jusqu’à disparaître, un épais brouillard blanc les entoure.

Léna devine timidement la silhouette d’un arbre mais à part cette esquisse, tout ce qui l’entoure est une brume cotonneuse.

Soudain, la neige se met à trembler sous les pieds de Léna dans un gros « boum », puis un second tremblement accompagné d’un autre « boum ».

Doudou lapin tout tremblant de peur se cache les yeux avec ses oreilles. Léna quant à elle, reste sans bouger, les yeux grands ouverts, guettant ce qui arrive vers elle.

Puis, plissant ses petits yeux et regardant au loin derrière le grand sapin qui se tient au milieu de son champ de vision, elle voit une silhouette, grande, imposante, se tenant sur deux pattes.

L’ombre s’approche d’elle, faisant toujours plus de « boum » à chaque pas et grandissant au fur et à mesure qu’elle se rapproche.

- On va se faire dévorer tout cru, murmure Doudou, dont la voix est à peine audible, éteinte par sa peur.

- Mais non gros bêta ! C’est Enriko ! rit Léna.

- Léna !!!! Saute de joie le grand dino, faisant trembler toute la montagne, ce qui fait beaucoup rire notre héroïne.

La brume se dissipe et face à Léna et Doudou, se tient Enriko le dino.

- Je suis sûre que c’est papa qui t’envoie, dit la petite fille.

- Bravo Léna ! Ton papa m’a envoyé veiller sur toi mais je me suis retrouvé coincé dans la tempête de neige et j’avais très peur.

- Je suis là Enriko et Doudou lapin aussi. Nous allons finir le voyage tous les trois jusqu’à la dernière montagne.

- Il nous reste beaucoup de chemin ?

- Il faut que l’on redescende de ce côté et ensuite nous aurons la dernière petite montagne à grimper. Allez les amis c’est parti !

Les trois amis prennent la route ensemble, descendant prudemment le versant de la grande montagne.

Enriko prend la tête, étant le plus grand, il freine Léna dans sa descente lorsque celle-ci devient un peu périlleuse.

Tout d’un coup, Léna voit Enriko descendre la montagne très rapidement, tout seul, en criant.

- Aaaaaaaah !

- Enriko ! Mais qu’est-ce que tu fais ?

- Aaaaah ! J’AIIIII GLIIIII-SSÉÉÉÉÉ ! cri le dino dont les mots deviennent de plus en plus lointains.

- Tu as quoiiii ?

- AAAA-TEEENN-TTTTIONNN A LA BUUUU-TTTTEE, dit l’écho de notre dino qui s’éloigne toujours.

- Je n’entends pas ce que tu dis Enri… Aaaaaah

Avant même de finir sa phrase, Léna se prend les pieds dans une butte de terre, tombe sur les fesses et descend, elle aussi, la montagne en glissant.

- Aaaaaaaaah ! cri la petite fille.

Mais une fois passée la surprise, Léna cri de joie, riant de faire de la luge sur les fesses. Doudou lapin lève une oreille de temps à autre mais ses cris à lui sont plus empreints de peur.

- Aaaaah ! Léna, on va mourir !!!!

- Ah ah ! Mais non Doudou lapin, regarde comme c’est rigolo ! Wouhou !!!

Léna entend Enriko, dont la voix redevient de plus en plus forte au fur et à mesure qu’elle se rapproche du bas de la montagne.

Elle comprend difficilement ce qu’il dit mais il n’a pas l’air seul.

- Enrikoooo ! Je ne peux pas m’arrêter !

- J’arrive Léna !

Poussant la neige avec ses grosses pattes de dinosaure, Enriko créé une piste d’atterrissage pour sa petite protégée qui arrive tranquillement, freinée par le tas de neige.

- Avec qui parles-tu ? lui demande Léna tout en secouant son pantalon montagnard remplit de neige.

- Eh bien, mon atterrissage fut moins doux que le tien.

Enriko se décale légèrement, un air de bêtise sur son museau de dino et laisse découvrir à Léna, le derrière d’une marmotte très très énervée, coincée dans un arbre.

- Non mais c’est vraiment n’importe quoi ! Un dinosaure qui fait de la luge ? Et puis quoi encore ! Regardez le résultat ! Me voilà coincé dans ce tronc d’arbre maintenant ! râle la marmotte.

- Bonjour monsieur marmotte, dit Léna gentiment, faisant le tour de l’arbre pour voir les dégâts.

- Il est à toi ce gros dino ? demande la marmotte toujours énervée.

- Oui. Je vous présente Enriko ! Maman ne l’aime pas trop mais Papa adore les dinosaures alors un ami l’a trouvé et me l’a offert.

- Eh bien ton dino m’est rentré dedans en descendant comme un fou et maintenant me voilà coincé dans cet arbre !

- Vous avez essayé de vous dégager ?

- Oui ! Ton Enriko à tirer sur mes bras mais mon popotin est trop gros et je ne passe pas… répond la marmotte tristement.

- Mais non monsieur marmotte, il est très bien votre popotin. On va trouver une solution.

Léna ouvre son sac et sort ses gâteaux quand on entend un gros bruit qui fait « grourouuuuuuic ».

- Enriko ? demande Léna surprise.

- Quoi… répond le dino tout gêné. J’ai faim moi…

- Sacré Enriko, tu veux mes gâteaux ?

- Oui, je veux bien s’il te plaît.

- Hey ! Moi aussi j’en veux bien ! Après tout, c’est de votre faute si je suis coincé dans cet arbre !

Léna compte ses gâteaux, maman en avait préparé trois : 1 pour Léna, 1 pour Doudou lapin et 1 pour Enriko.

Enriko a très faim, son ventre gargouille très fort, elle décide donc de lui donner un gâteau pour calmer cette fringale.

Monsieur marmotte est coincé dans l’arbre à cause d’eux et n’est pas de très bonne humeur, la moindre de chose est effectivement de lui offrir une douceur.

Il ne lui reste donc qu’un gâteau, qu’elle propose à Doudou lapin.

- Mais… et toi Léna ? demande Doudou.

- Ce n’est pas grave, je boirais ma brique de jus de fruits.

- Ah non, tu dois manger toi aussi. Il faut encore sortir monsieur marmotte de ce tronc d’arbre et grimper la dernière montagne. Tiens, prends la moitié avec moi.

- Merci beaucoup Doudou lapin.

- Il faut partager dans la vie, répond Doudou avec clin d’œil.

En fouillant dans son sac pour prendre sa brique de jus, Léna découvre que Maman lui a aussi glissé un tube de lait concentré.

- Mais oui ! Bien sûr ! dit-elle en se levant d’un bond. Monsieur marmotte je sais comment vous sortir.

- Ch’est vrai ?! répond la marmotte la bouche pleine de gâteau.

- Oui ! Je vais vous recouvrir de lait concentré, comme ça quand Enriko tirera, ça fera glisser votre popotin !

Sans plus attendre, Léna met son plan à exécution et enduit le popotin de monsieur marmotte avec son lait concentré. Enriko ayant déjà englouti son biscuit, saisis les bras de la marmotte et tire de toutes ses forces.

Il tire, il tire, il tire et… boum il tombe dans la neige tandis que Monsieur marmotte vol au-dessus de lui, pour atterrir un peu plus loin, tête la première dans le tapis cotonneux et froid.

Léna accoure jusqu’à Monsieur marmotte pour le sortir de là.

- Décidément, il faut toujours que j’atterrisse tête la première !

- Oui c’est vrai, rit Léna. Mais au moins, vous êtes sorti de l’arbre.

- Merci beaucoup petite Léna. Je vais rentrer à mon terrier et me laver car je suis tout collant de lait concentré.

Les quatre nouveaux amis rient en cœur et Monsieur marmotte remercie chaleureusement la fine équipe.

- Léna ! dit Doudou lapin d’un ton inquiet. Il faut faire vite, le soleil commence à éclairer le bas de la montagne. Nous devons arriver au sommet avant que Papa et Maman ne se réveillent.

- Tu as raison il faut faire vite. Mais je suis fatiguée, je ne sais pas si je pourrais grimper encore jusqu’en haut.

- Viens sur mon dos ! lui dit Enriko. Nous irons beaucoup plus vite.

- Quelle bonne idée Enriko !

Léna se hisse sur le dos d’Enriko et les trois amis saluent Monsieur marmotte qui rentre à son terrier à deux arbres de là.

Enriko commence à gravir la montagne, tandis que les flocons de neige tombent délicatement sur eux.

De tout là-haut, sur le dos du dino, Léna admire le paysage dessiner par son papa. La lumière commence à devenir plus forte au pied de la montagne au fur et à mesure qu’Enriko avance vers le sommet.

Les flocons fondent lentement, avant même de se déposer dans les cheveux de Léna et Doudou tremble un peu moins, toujours blotti au creux du manteau de son aventurière.

- Ça y est Léna, nous sommes au sommet, indique Enriko avant de faire glisser la petite fille le long de son dos, comme un immense toboggan se terminant par sa queue.

- Merci beaucoup Enriko. dit la petite fille, serrant tendrement l’imposante patte du dino contre son petit corps.

- Tu vois Léna, dit Doudou, nous y sommes arrivés.

Les trois amis s’installent dans la neige, au sommet de la montagne, pour regarder le soleil se lever sur l’incroyable paysage qui les entoure.

Léna, fatiguée de cette aventure, pose sa tête contre celle d’Enriko. Regardant le soleil se lever, ses petits yeux se ferment, éblouis par la lumière.

Lorsque Léna rouvre ses petits yeux, Maman est au-dessus de son lit.

- Tu as bien dormi ma chérie ? lui demande-t-elle.

- Oh oui Maman ! répond la petite fille. J’ai fait un merveilleux rêve.

- C’est vrai mon cœur ? demande Papa dont le visage apparaît lui aussi au-dessus de Léna.

- Oui ! Il y avait Doudou lapin, Enriko et une marmotte ronchonne ! Et j’étais dans la montagne et j’ai mangé des gâteaux.

- C’était un très beau rêve ça ma chérie, répond Papa.

- Oui… c’est le rêve que Tata m’a écrit.

À ma petite puce que j’aime. Être ta tata est l’une des choses les plus merveilleuses que la vie m’a apportées.

Bisous ma petite Léna.

© Tous droits réservés-Noralifewriter - 2020

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