La culture du viol

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Le viol, qu’est-ce que c’est ?
D’un regard juridique, c’est un acte sexuel imposé à une personne sans son consentement, par violence, menace ou même surprise.
D’un regard plus humain, c’est la privation du corps et du choix.

Mais pourquoi n’existe-t-il pas une véritable définition de la victime ?
Parce que, dans cette société, la culture du viol a été normalisée.

La culture du viol, c’est l’ensemble des croyances, des comportements et des attitudes sociales qui banalisent, minimisent, excusent ou justifient les viols et les violences conjugales.
On retire le droit de parole aux victimes, parce que, pour certains et certaines, les victimes auraient “peut-être cherché” ce qui leur est arrivé.

On demande à ces femmes et à ces hommes comment ils étaient habillés, s’ils avaient bu ou pris de la drogue, s’ils avaient eu un comportement aguicheur.
On remet leur parole en doute, sous prétexte qu’il est “impossible” pour un homme d’être violé, qu’il “devrait se sentir chanceux” — ou d’autres absurdités du même genre.
Quant aux femmes, on leur dit qu’elles “exagèrent”, qu’elles “aggravent la situation”, ou qu’elles “mentent”.

En réalité, on raconte aux deux genres le même type de conneries absurdes.

Et lorsque la victime veut porter plainte contre une personne connue… la justice, bien souvent, ne fait rien.
Un acteur, un chanteur ou un réalisateur peut même exercer une pression pour la faire taire.
Le mouvement #MeToo de 2015 l’a bien montré : plusieurs femmes avaient peur de perdre leur carrière, car elles avaient été menacées par des produits de cette société malade.

Moi aussi, j’ai été victime d’un “produit de la société”.
Moi aussi, adolescente lambda, j’ai entendu des policiers me demander comment j’étais habillée.
On m’a dit que j’exagérais ce qu’il m’avait fait.
Il était mon copain, une personne en qui j’avais confiance, et il en a abusé.
Il a abusé de mes faiblesses, de tout ce que je lui avais confié.

Devant les policiers, il a pleuré.
Il disait ne pas savoir de quoi il était accusé, le pauvre.
Il prétendait avoir peur pour son avenir… alors que lui m’a volé une partie de mon adolescence.

Un an, c’est peut-être rien pour certains, mais pour moi, c’était un an à avoir peur des hommes,
deux ans à craindre d’aller à l’école,
un an à faire des crises d’angoisse chaque soir, de peur de revivre dans mon sommeil ce qu’il m’avait fait.
Un an à ne plus sortir, de peur de le croiser, lui ou ses amis.

Et puis mes amis m’ont laissée tomber.
J’étais la victime, oui, mais aux yeux de cette génération, j’aurais dû montrer ma peur, ce que je n’ai pas fait.
Quand j’ai parlé de ce qu’il m’avait fait vivre, l’enquêtrice m’a dit de ne pas en parler.
On m’a interdit de prévenir qui que ce soit, parce qu’aux yeux de la loi, il n’était pas encore coupable.
On m’a expliqué qu’il ne fallait pas lui causer de problèmes, qu’il pouvait être “intimidé”.

À mes yeux de victime, c’est scandaleux :
priver une victime de sa voix pour protéger un agresseur.
Protéger quelqu’un qui, selon ses propres mots, “ne savait pas ce qu’il faisait”.

Moi, survivante de cet homme, je sais qu’il savait.
J’ai vu son regard.
Je sais qu’il me voyait comme une proie faible, attendant le bon moment pour attaquer.

Et la justice ?
Eh bien, elle n’existe pas.
Mon bourreau n’a rien eu, même pas une simple tape sur les doigts,
alors que moi, je suis toujours privée de ma voix.
Ma vie, elle, restera marquée à jamais.

Pourquoi ?
Parce que, d’abord, la culture du viol est profondément présente,
et parce que, dans un monde dirigé par l’argent, il est “préférable de toucher aux enfants qu’à l’argent.”

Alors, la définition d’une victime ? Enfin, la mienne :

Le viol,
c’est une lame tranchante et brûlante que chaque homme et chaque femme choisit de brandir ou non.
Quand ils la saisissent et l’utilisent,
la victime fige.
Le corps s’immobilise, comme si l’âme quittait son enveloppe et regardait, impuissante.

On essaie de crier, mais le seul son qu’on entend,
c’est l’éclat brisé de notre espoir, de notre estime de soi, de notre lumière intérieure.

Quand on comprend vraiment ce qui se passe,
tout devient étrangement lent,
tous nos sens sont déformés, amplifiés.
Puis vient la descente en enfer.

Oui, on peut s’en sortir, retrouver un semblant de vie normale,
mais rien ne sera jamais comme avant.

Alors maintenant, faisons une différence.
Ne questionnons plus les victimes.
Emprisonnons les agresseurs.
Débarrassons-nous de cette fichue culture du viol.

Laissons aux jeunes femmes le droit de s’habiller comme elles le veulent.
N’apprenons plus aux filles à se défendre ou à crier “au feu” quand elles sont suivies.
Apprenons aux hommes à ne pas agresser.

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une voixChapitre2 messages | 1 jour

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