Petit, j’ai dégusté les petits bonbons Tic Tac au goût de réglisse mentholée, j’ai entendu les tac tacs obstinés d’un pivert sur un arbre perché. J’ai subi pendant des heures interminables le tic-tac de la vieille horloge comtoise de mes parents. J’ai fréquenté un voisin dont on disait de lui en se frappant la tempe de l’index, qu’il était un peu toc-toc... Le pauvre garçon faisait de la moto uniquement sur la roue arrière ! J’ai appris l’existence des tuk-tuks, ces petits engins de transport sur trois roues qui encombrent les rues de Saïgon jusqu’à la tour Eiffel en passant par Bogota.
Au début des années soixante-dix, j’ai assourdi mes parents pendant des heures en frappant l’une contre l’autre, les boules d’un « Tac-tac » à tel point qu’ils ont fini par trancher la cordelette de ce jouet infernal.
Mais je n’ai jamais regardé cette vidéotesque calamité chinoise baptisée Tik Tok ! Sauf une fois, une seule fois ! Je devais être un peu souffrant ou déprimé... Un jour où pris d'un mortel ennui et armé de ma zapette, j’ai allumé Youbute. Halluciné, je suis tombé sur Tik tok comme on chute dans une cascade d’images mal cadrées, mal montées ou pas montées du tout ! Il parait que ça plait énormément dans les chaumières... Bien sûr, immédiatement, j’ai éteint cette logorrhée visuelle.
Excuse-moi, Louise... J’ignore ce que sont les générations X, Y, ou Z ou Alpha. J’ai entendu dire que la génération Y devait son appellation au fil qui reliait son baladeur aux écouteurs. Cela me semble logique et justifié, mais pour le reste... Le mystère reste entier.
Le seul baladeur qu’on connaissait quand j’étais jeune, c’était le petit poste à transistors qui pendouillait au bout de sa dragonne et qu’on se collait sur l’oreille pour échapper au bruit de la mer et du vent. Sylvie et Johnny, Clo-clo, Ringo et Sheila, couinaient inlassablement sur les radios périphériques. Tout ce beau monde s'égosillait dans les haut-parleurs faméliques de nos mini-récepteurs grandes ondes, jusque dans nos jeunes tympans qui allaient pourtant en entendre bien d’autres...
Mais nous étions jeunes... Le vent et la mer, on les entendrait plus tard. On aurait le temps.