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Totalement décomposée, par ce qu’il subissait, une idée lui vint à l’esprit au bout de quelques secondes d’observation.

Sans prévenir, tel un ultime pied de nez à toute convenance la plus élémentaire. Il baissa à nouveau son pantalon et se mit cette fois, à uriner à grand jet, sur la soutane du prêtre, lui criant par la même occasion.

— Et toi ? Tu n’as pas honte ?

Horrifié et littéralement abasourdi, le curé se liquéfia sur place. Ne sachant plus quoi dire son visage vira totalement au rouge. Sa robe pleine d’urine le répugnait ! Cet énergumène avait-il osé l’humilier ainsi devant tout le monde ?

Énervé, il poussa Marc de toutes ses forces, qui tomba instantanément, s’étalant de tout son poids au sol. Le grondement du corps de cette personne âgée fracassant les pavés installa au sein de cette foule d’habitude si enjouée immédiatement le silence.

Sinistre spectacle projeté à la vue de tous. Que ce corps gisant là face à l’église sous la pleine lune. D’autant plus que le religieux se trouvait l’instigateur du coup porté.

Tous visualisaient cette tragédie avec la plus grande attention ! De mémoire de villageois, personne n’avait jamais observé un homme d’Église frapper quelqu’un. Et encore moins un vieillard décoré de guerre ! Mais pour sa défense personne n’avait jamais uriné sur un abbé, non plus !

Des voix s’élevaient parmi les habitants de cette contrée.

— Quoi ? Il a vraiment osé ?

— Quel chien, celui-là !

Le prêtre sentant le vent tourné et prenant peur de la réaction de la foule décida d’orienter la situation à son avantage.

L’opportunité de se débarrasser de Marc se vit enfin servie sur un plateau. Il aurait eu tort de ne pas en profiter ! Ce pauvre bougre représentait inconsciemment tout ce qu’il détestait !

Plus jamais il ne s’aviserait de tendre l’autre joue à ce misérable vieillard marginal ! Ce maudit provocateur libertaire ! Ce poivrot sans respect avait tiré là sa dernière carte !

Une fois, son funeste projet gravé au sein de son esprit. Il se retourna vers cette cohue formée par tous ses villageois qui s’agitait, parlant entre eux.

Il leva les bras au ciel comme pour invoquer le Seigneur, prit sa voix la plus solennelle et prononça ces quelques mots assez forts afin que tous puissent les entendre.

— Mes bien chers frères, comme vous avez pu l’apercevoir, j’ai ce soir été victime d’un acte des plus odieux. Certes, cela a atteint ma dignité d’homme, je ne peux affirmer le contraire. Mais chacun doit savoir mettre de côté sa fierté. Bien au-delà de l’individu blessé que je suis, comprenez bien que cet ignoble affront ne m’était pas destiné ! J’ai constamment répondu présent. J’ai toujours fait tout mon possible afin de vous venir en aide. Aucun de vous n’a jamais trouvé sur son chemin ma porte close. Je n’ai jamais porté de jugements sur quiconque. Entendez bien mes frères, que cette humiliation vous visait tous au cœur. Vous avez pu sentir en vous la dépravation de cet homme, sa haine et sa rancœur envers vous tous. Ces provocations futiles ne cachent qu’un seul but, celui de…

Avant qu’il ne puisse venir à bout de ce discours interminable, Marc se releva au bout de quelques minutes, la tête lourde, le corps encore endolori par sa chute et les bras écorchés.

Son poignet affichait un hématome considérable, qui lui infligeait une souffrance insoutenable. Sa chemise en plus de ses habituelles tâches de sueurs présentait maintenant une trainée de sang séché au niveau de la manche.

Dues probablement à sa chute ou plus vraisemblablement à cette eau-de-vie engloutie à la va-vite quelques minutes avant son altercation. Ses idées voguaient au loin ; il peinait à recouvrer ses esprits.

Se retournant, titubant, il s’avança de deux pas et découvrit à nouveau devant lui ce satané prêtre prêchant à son habitude de toute son éloquence ses fidèles convaincus.

Comme hypnotisé par ce joueur de flute, tous avalaient de bon cœur cette soupe ecclésiastique, assortie de son couplet accusatoire.

Indéniablement, ses mots qui volaient à ses oreilles n’attisaient que d’autant sa rage. Le sang-froid lui manquait !

L’humiliation qu’il venait d’endurer, ne demeurait rien en comparaison de celle qu’il se voyait infliger maintenant, et ce devant tout le monde. On le prenait pour le dindon de la farce ! Tous ces gens bien sous tous rapports le voyaient comme le diable.

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