La lumière des chandelles danse sur les murs lambrissés de la grande salle, réchauffant les visages souriants rassemblés autour de la longue table. Ambrose ajuste son chapeau à larges bords, un geste machinal, tandis que le brouhaha familial l'enveloppe. L'odeur riche d'un ragoût de gibier emplit l'air, mêlée aux effluves sucrés du vin rouge. Béatrice, rayonnante dans sa robe bleu azur, lui serre la main avec une douceur contenue.

« Je suis si heureuse que tu sois enfin là, Ambrose », murmure-t-elle, ses yeux brillants d'une affection sincère.

Ambrose lui rend son sourire, un sourire poli, légèrement mystérieux, qui ne dévoile rien de ses pensées profondes. Il observe la famille de Béatrice : son père, un homme corpulent au visage rubicond, qui ne cesse de se remplir l'assiette; sa mère, une femme élégante et discrète, qui scrute Ambrose avec une curiosité non dissimulée; et ses frères, jeunes hommes bruyants et sans manières, qui l'examinent avec un mélange de respect et de méfiance.

« C'est un honneur d'être reçu dans votre foyer », répond Ambrose d'une voix grave et posée, accentuée par un léger accent étranger. Il redresse sa canne à pommeau d'or, un symbole de son statut et de sa richesse, et la pose délicatement contre sa chaise.

Le père de Béatrice, Monsieur Dubois, lève son verre de vin. « À Ambrose ! » s'écrie-t-il. « Bienvenue dans notre famille ! »

Toute la famille lève son verre en chœur, et Ambrose, après un bref sourire, fait de même. Le vin est corsé et chaleureux, mais il ne parvient pas à apaiser l'étrange froid qui persiste au fond de lui.
Alors que le repas se poursuit, les conversations vont bon train. On parle des récoltes, des rumeurs de guerre, et des derniers potins de la cour. Ambrose écoute attentivement, répondant aux questions avec courtoisie et diplomatie. Il est un homme d'une grande culture et d'une éloquence rare, et il ne tarde pas à impressionner l'assistance.

Béatrice, assise à sa droite, ne cesse de lui lancer des regards admiratifs. Elle semble fière de l'avoir à ses côtés, fière de présenter un homme aussi distingué à sa famille.