Chapitre 9

5 minutes de lecture

Par Diraxo


— Bon, il est l’heure ! lança la prof de maths. Bon appétit et bonne après-midi à tous !

Les cours de maths s’étaient bien passés pour Nathan, le fait de qu’on était vendredi le rendait enthousiaste. Grâce à son emploi du temps, il avait toute l’après-midi pour lui. Et ce jour-là, à peine sorti, il acheta un sandwich et le dévora sur le chemin. Il avait décidé d’aller marcher un peu, pour réfléchir un peu et se remettre en question. Ses premières notes étaient loin de celles qu’il avait l’année passée, et ça ne le rassurait pas du tout.

« Comment c’est possible de perdre 10 points de moyenne ? Faut vraiment être con ! » se répétait-t-il.

Non seulement il se sentait humilié ce jour là, mais surtout, il avait l’impression de perdre la seule chose qui lui offrait un avantage sur les autres : ses facilités en cours. Dans sa tête, de nombreux sentiments se mélangeaient, mais un seul revenait tous le temps : une sensation de n’être rien.

« Bon, c’est ou la pyramide du Louvre là ? » se disait-t-il comme pour chasser ces mauvaises pensées.

Heureusement pour lui, l’appli GPS était encore là pour lui.

« Ok tout droit ! » lâcha-t-il.

« Mais non c’est pas la bonne rue ça, elle est derrière sur la carte celle-là. Oh mais ce téléphone de merde aussi il me saoule ! »

Le jeune homme remarqua qu’il était en train de s’agacer en pleine rue. Une femme le dévisagea sur son passage, lui faisant comprendre qu’il en faisait trop. Mais il ressentait à ce moment une haine si profonde qu’il avait envie de crier comme si tout était contre lui aujourd’hui.

« Bon allez c’est bon on va se reprendre là. »

Il prit une grande inspiration et ferma les yeux pendant quelques secondes, puis il traça son chemin.

Pendant plusieurs heures, il marcha au hasard dans Paris, la tête encore légèrement polluée par ses pensées pessimistes. Il avait trouvé un moyen de se calmer et s’était rassuré en se disant qu’il avait juste à s’adapter et que le temps ferait le travail. Mais au fond, il n’y croyait pas vraiment.

« Allez, c’est pas grave, j’irai mieux avec la soirée, je rencontrerai des gens et on s’amusera bien. Ça me permettra de retrouver confiance en moi. »

Soudain, cette pensée, ainsi que la nuit tombante, lui firent jeter un oeil à son poignet.

—Merde il est déjà 19h !

Nathan devait être avec Baptiste dans moins d’une demie heure pour acheter des bouteilles.

« Salut Baptiste désolé je serais en retard de quelques minutes, prends les bouteilles sans moi si tu veux, on ira chez toi après », écrivit machinalement Nathan qui ne jeta pas même un oeil sur son téléphone.

Sur le trajet, il prit grand soin de regarder sur internet le nom de bonnes bières et de bouteilles à acheter au cas où Baptiste l’attendrait. Il ne voulait pas paraître ridicule, alors il faisait tout pour cacher secrètement sa honte de n’avoir jamais bu ni fait de soirée.

« Baptiste est en train d’écrire… » affichait le téléphone de Nathan.

Puis la notification s’effaça, ne laissant aucun message derrière elle. Baptiste devait avoir effacé son message.

En arrivant au point de rendez-vous, il vit Baptiste s’approcher avec un petit sac de course qu’il tenait de fermement de sa main droite.

— Nathan ! Comment ça va ? cria-t-il de là ou il était.

— T’as pris quoi ? fit Nathan après s’être rapproché un peu plus.

— Alors un petit peu de Despe, deux bouteilles de whisky et une vodka. Et le reste bon les autres amènerons parce que là j’ai plus d’argent. Ça te va ?

— Parfait ! Désolé d’être arrivé tard, on peut y aller directement sans passer par chez toi ?

— Ouais. D’ailleurs, t’oublies pas ce que je t’ai dis mercredi dernier, hein !

—Oui oui…

Dans le train, le visage de Nathan était fermé, ses yeux étaient rivés vers la fenêtre, ses mains qui se serraient l’une et l’autre en s’appuyant sur ses cuisses. Il se rendait compte qu’il allait chez une inconnue, pour participer à une soirée avec des gens qu’il ne connaissait pas non plus.

Il voulait oublier la douleur de son début d’année catastrophique et socialiser. Cette soirée en était sa meilleure chance pour atteindre son objectif, alors il fit son maximum pour se rassurer. Pourtant, tout ce qu’il faisait, c’était jeter une merde sous un tapis d’un coup de pied. Il ne résolvait rien, il inondait ses problèmes sous des illusions.

— Ça va être comment la soirée ?

— Une soirée normale, t’inquiète pas. Comme d’hab.

En effet, Nathan avait oublié ce détail. Il n’avait jamais précisé que ça serait sa première soirée. Il prit alors sa voix la plus posée.

— Boh, on verra bien c’que ça donne alors !

Baptiste lui fit un clin d’oeil, satisfait de sa réponse.

Nathan n’était pas plus avancé. Pire même, il allait devoir faire comme s’il avait plein de repères, et il détestait faire semblant.

Mais il pensait qu’il ne lui faudrait que quelques minutes pour s’adapter aux gens, à l’ambiance, et pour réussir à bien se fondre dans le décor.

Ce n’était pourtant pas son style de mentir, mais là il s’agissait de première impression et de ce qu’il allait renvoyer. Alors il allait tout faire pour être aimé et paraître à l’aise.

— Ah ! C’est là-bas, regarde, y a déjà du monde !

Un petit pavillon se dessinait, éclairé dans l’obscurité de la nuit, il brillait de mille feux et était déjà bien bruyant. Devant, dans la rue, trois gars étaient en train de faire des passes avec un ballon qu’ils avaient dû trouver dehors. Nathan était de plus en plus hésitant, il aurait voulu reculer, mais ne pouvait plus faire machine arrière. Alors il continua sa marche derrière Baptiste, comme un enfant suivant ses parents.

La maison avait l’air plutôt imposante, mais Nathan n’y voyait pas grand chose avec les buissons qui se tenaient devant l’entrée. Celle-ci avait l’air moderne et la maison faisait très chic, surtout pour le quartier dans lequel elle se trouvait. Elle était située sur le côté d’une rangée de cerisiers dont les feuilles tombaient petit à petit avec l’arrivée proche de l’hiver.

Encore quelques mètres maintenant, une rue à traverser. Et Nathan se jetterait enfin dans la gueule du loup, à la fois surexcité, mais aussi horrifié, rongé par la peur.

J-96


Fin de la première partie



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