Le papillon
Il faisait froid ce jour-là,
Un vent à faire trembler les arbres et les épaules.
Pas de soleil, pas de lumière franche,
Juste la terre, le silence et les mots que les autres disaient,
Pour remplir peut-être, pour ne pas trop sentir.
Et moi, j'étais là.
Un peu en retrait, un peu dedans, un peu ailleurs.
Je regardais autour, dans mes pensées, dans les souvenirs.
Et c'est là qu'il est venu.
Un papillon.
Inattendu. Incongru. Fragile.
Il a survolé le cercueil, doucement.
Comme s'il savait.
Comme s'il portait un souffle, une trace, un signe.
Il n'avait rien à dire, mais il disait tout.
Personne ne l'a vu.
Ils parlaient encore, figés dans le bruit.
Moi, je regardais.
Et j'ai compris sans comprendre.
Ce n'était pas logique, mais c'était juste.
Je me suis occupée d'elle pendant trois ans.
Pas quinze. Pas toute une vie.
Mais j'étais là.
Peut-être assez présente pour voir, pour sentir.
Peut-être que ce n'était pas « pour moi »,
Mais que j'étais prête à l'accueillir.
Alors je garde ce moment.
Comme un battement d'ailes entre deux mondes.
Un au revoir qui ne fait pas de bruit.
Mais qui reste.

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