Introduction

En 1664, Hispaniola, située sur la partie occidentale, était une île qui regroupait plusieurs colonies françaises comme Saint-Domingue avec des populations diversifiées, ainsi que des boucaniers, des pirates et des Arawak1. Les plaines côtières étaient recouvertes de cultures diverses, dont le tabac et le maïs. Mais surtout, c’étaient les plantations de cannes à sucre qui fleurissaient plus au sud grâce aux terres riches et fertiles.

Le fameux « roseau à miel » faisait la fierté des riches propriétaires qui possédaient un domaine ou une plantation avec le précieux nectar. Sur la côte sud-ouest, entre la pointe de la Magdeleine et la Caroglière, juste en face de l’île de la Saona vivait le comte Pierre Leroy qui dirigeait le sien avec droiture.

Ce domaine était surnommé « Angelina Bella ». Derrière ses cheveux grisonnants, son teint hâlé et sa petite moustache parfaitement brossée, toujours élégamment vêtu, il le gérait avec considération. Il faisait, comme tous les propriétaires de domaines agricoles, appel à des esclaves pour la culture des champs de cannes à sucre. Mais Leroy n’était pas comme les autres, loin de là. Aucuns sévices corporels ne leur étaient infligés. Il attribuait même une cabane à ceux qui voulaient rester travailler à son service et les affranchissaient. Contre un toit et de la nourriture, une fidélité et une honnêteté inconditionnelles étaient demandées. C’était l’une des rares plantations où les esclaves restaient, connaissant le danger qu’ils encouraient au-delà des terres. Aucun d’eux n’aurait pris le risque de fuir un lieu aussi rassurant et paisible que la propriété du comte Leroy, de peur de tomber aux mains des pirates qui sillonnaient l’île et la mer des Caraïbes.

1Arawak : Gens de bien, hommes pacifiques.