Chapitre 24 : Une promesse, Partie 1

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Triss sauta sur le pont du vaisseau dès que le balai fut à la bonne hauteur. Naru le posa contre la balustrade avant de se lancer à la suite de Triss qui fila comme une flèche vers le pont inférieur.

  • Jonas, faites-nous quitter cet endroit ! ordonna cette dernière en sautant à travers la trappe.
  • Quel cap, princesse ? demanda le devin en se saisissant du gouvernail.
  • N’importe où, mais loin d’ici !

Elle se rua dans la salle centrale et traversa d’un pas vif les entrailles du vaisseau, tandis que Naru la suivait de son mieux.

Triss passa l’entrée de la chambre. Ryku se redressa dès qu’il la vit et vint à sa rencontre en poussant des miaulements plaintifs. Il se frotta contre elle avant de revenir vers Sheamon, toujours inconscient, le visage blanc et couvert de sueur. Les yeux de l’animal passèrent de son maitre à Triss. « Fais quelque chose pour lui ! » semblait-il l’implorer. Triss s’écarta pour laisser passer Naru qui se pencha sur le malade, passant lentement son sceptre dont la pointe s’éclaira d’une lumière dorée au-dessus du corps de Sheamon.

  • Alors ? la pressa Triss incapable de supporter ce silence inquiétant.

La sorcière ne répondit pas tout de suite. Elle termina son analyse, le visage impassible, avant de se tourner vers son interlocutrice.

  • Puis-je voir l’arme sur laquelle la malédiction a été ancrée ? requit-elle.

La jeune fille ouvrit le tiroir de la table de nuit et en sortit la lame noire enveloppée dans un chiffon. Elle la tendit à Naru, qui saisit le tissu avec une précaution infinie pour examiner minutieusement son contenu.

  • C’est impressionnant, souffla celle-ci, une expression admirative sur le visage. Je ne sais pas quelle sorcière a conçu cette arme, mais elle était vraiment très douée…
  • Je me moque de son histoire, grogna Triss. Tu peux le soigner, oui ou non ?

Naru ne répondit pas tout de suite.

  • Il est très faible, déclara-t-elle finalement en regardant Sheamon. C’est même impressionnant qu’il ait pu survivre aussi longtemps. La malédiction est presque en phase terminale… mais je peux encore le sauver, oui. Par contre, il faut agir sans tarder.

Triss sentit ses épaules s’alléger d’un grand poids. Elle poussa un soupir de soulagement en s’affaissant contre le mur. Sheamon allait survivre !

  • Par contre je vais avoir besoin d’aide, l’avertit Naru.
  • Tu auras tout ce qu’il te faudra ! lui assura Triss en se redressant vivement. De quoi as-tu besoin ?
  • Pour commencer, de la nourriture. Le traitement sera long et épuisant.

Jonas choisit ce moment pour apparaitre dans l’embrasure de la porte.

  • Le cap est réglé ! Alors, princesse ? lança-t-il, d’humeur joviale. Ton amie a réussi à rafistoler Sheamon ?
  • Vous tombez bien, répliqua Triss. Allez nous chercher de quoi manger.
  • Princesse, avec tout le respect que je te dois…

Mais l’air déterminé de la jeune fille suffit à lui faire comprendre qu’il valait mieux ne pas argumenter.

  • D’accord, accepta-t-il en se dirigeant vers la cuisine. Mais j’ajouterai des frais de personnel à ta note !

Triss allait lui préciser où il pourrait mettre sa note de frais, mais l’urgence de la situation nécessitait du sang froid, aussi décida-t-elle d’agir comme une adulte.

  • De quoi d’autre as-tu besoin ? demanda-t-elle à Naru.
  • De ton énergie, répondit la sorcière, avant de s’expliquer sous le regard interrogateur de la jeune fille. Son niveau vital est dangereusement bas. Si on ne lui donne pas d’énergie, il ne supportera pas le traitement. Et il ne me reste que très peu de forces à cause de tout ce qui s’est passé à Qaltra… Je n’en ai plus assez pour lui en fournir, sinon je vais m’évanouir. Je vais donc devoir me servir de toi, comme d’un chargeur, en gros. Mais ce n’est pas sans danger… Entre la mise en œuvre du traitement et l’énergie nécessaire pour le maintenir en vie jusqu’à ce que la malédiction soit extraite de son corps, il va me falloir beaucoup de forces… et si je t’en draine trop, c’est toi qui risques d’y passer. Ce n’est pas une décision à prendre à la légère.

Triss regarda le visage de Sheamon, se rappelant tout ce qu’il avait fait pour elle depuis son réveil dans cet hôtel poussiéreux jusqu’à leur fuite hors de Lutécia. Sa décision était déjà prise.

  • Prends ce dont tu as besoin, déclara-t-elle à Naru en lui tendant le bras.

Celle-ci la remercia d’un hochement de tête. La sorcière lui attrapa délicatement le poignet d’une main tout en pointant de l’autre son sceptre vers Sheamon, promenant le faisceau doré sur le corps de ce dernier.

Soudain, des marques noires apparurent sur l’exorciste, comme si quelque chose en lui s’était brutalement éveillé. La chose semblait se contracter comme si elle essayait de fuir la lumière émise par le bâton de Naru. La dague posée sur la table de nuit se mit à trembler, et les symboles tracés dessus s’illuminèrent. La respiration de Sheamon se fit plus sifflante et saccadée. Triss sursauta, mais la main de Naru la maintint fermement.

  • C’est la malédiction qui se manifeste ! la prévint-elle. Je vais puiser ton énergie maintenant ! Tu es prête ?

Triss déglutit et hocha la tête. Des filaments argentés se mirent à lier les mains des deux jeunes filles ensemble et elle sentit ses forces lentement aspirées hors de son corps. Naru toucha alors le torse de Sheamon avec son sceptre en proférant des incantations, arrachant un rugissement de douleur à ce dernier. Les marques noires sur le corps de l’exorciste se contractèrent davantage, resserrant leurs liens sur leur victime ; la dague se mit à tourner sur elle-même comme l’aiguille affolée d’une horloge. Mais la puissance du sceptre de Naru redoubla d’intensité, noyant la pièce dans une aveuglante lumière blanche. Un nouveau cri strident s’échappa du corps de Sheamon agonisant. Triss serra les dents, tandis que ses forces continuaient de s’échapper de son corps pour passer dans celui de Sheamon.

Elle avait juré de le sauver. Et elle allait tenir parole.

« Vis, Sheamon » l’implora-t-elle tandis que ses propres forces s’amenuisaient.

***

Depuis le balcon de ses appartements, Sheamon contemplait le paysage, une expression cynique sur le visage. Le manoir des Wave était une demeure magnifique construite sur les falaises de Trystania, le pays des exorcistes. Ses parents, qui avaient eu du succès dans les affaires, conquis par la vue magnifique, avaient acheté le terrain pour y construire cette splendide demeure. Ils n’avaient toutefois pas eu le temps d’en profiter beaucoup, ayant succombé à l’explosion accidentelle de l’aéronef sur lequel ils se trouvaient alors qu’ils effectuaient un voyage d’affaire. Un incident dramatique qui avait rappelé au jeune Sheamon, alors tout jeune exorciste fraichement diplômé de la Colonie Six avec les honneurs, qu’être immortel n’était pas forcément synonyme d’éternel. Mais regarder depuis son balcon les vagues s’écraser continuellement sur la plage avait toujours réussi à calmer son esprit.

Et pourtant…

Son manoir en flammes, les corps de sa femme et de sa fille ensanglantés… Ces souvenirs qui ne s’effaceraient jamais de sa mémoire lui rappelaient, comme une marque au fer rouge sur son esprit, que cette vision n’était plus rien d’autre qu’un fragment d’un heureux passé. Juste un rêve. Sheamon n’était pas dupe. Il savait qu’il était mourant.

Il avait commencé à se sentir mal quelques heures après leur fuite de Lutécia. Le renégat avait très vite reconnu les symptômes d’un sortilège ou d’une malédiction. Se souvenant du sourire triomphant de Philippa lorsqu’il avait agrippé sa dague, Sheamon avait fouillé le pont pour la retrouver. L’examen de l’arme avait confirmé ses craintes. Il avait été maudit. Le renégat s’était alors préparé un léger élixir pour contrer les effets de la malédiction, mais il savait que l’apaisement ne serait que temporaire ; il avait senti le mal progresser en lui, et il manquait d’ingrédients pour se soigner plus efficacement. Néanmoins, face à Jonas et Triss, Sheamon n’avait pas voulu montrer sa faiblesse… Il se pensait capable de tenir jusqu’à ce qu’il puisse arriver à briser la malédiction. Et au final, il avait quand même fini par s’écrouler devant eux.

Quel superbe protecteur il faisait, vraiment !

L’exorciste était inquiet. Comment la jeune fille allait-elle s’en sortir seule ? Sans oublier Jonas et la lamia… Comment le devin se comporterait-il ? Profiterait-il de la situation pour s’emparer de Triss et la livrer aux Nocturii afin de toucher une récompense substantielle ? Lui ferait-il du mal ? A cette pensée, Sheamon serra les poings…

Il entendit soudain les rideaux de sa chambre se déplacer et sentit quelqu’un derrière lui. Sheamon n’eut pas besoin de se retourner. Il savait déjà de qui il s’agissait. Des bras fins et légers lui entourèrent la taille.

  • Tu es toujours aussi soucieux, Sheamon, murmura doucement Layla Wave en appuyant son front contre le dos de son mari.

Les doigts de l’exorciste agrippèrent encore plus fort la barrière.

  • Tu n’es qu’un souvenir, rétorqua-t-il. Tout cela aussi d’ailleurs... ce n’est rien de plus qu’une illusion !
  • C’est vrai… Mais n’es-tu pas heureux de me revoir, même si je ne suis qu’un souvenir ?

Sheamon se retourna lentement, et croisa le regard de Layla. Pendant quelques instants, le renégat contempla sa femme en silence. Puis il la prit dans ses bras et l’étreignit avec force.

  • Bien sûr que si, Layla, s’adoucit-il. Tu le sais bien… Toi et Elly… Vous me manquez tant ! Chaque jour, chaque seconde… Ne pas pouvoir vous serrer contre moi… c’est une torture permanente, ma chérie…

Doucement, cette dernière prit son visage entre ses mains et releva sa tête.

  • Je sais, mon amour… murmura-t-elle avec un sourire triste. Je sais à quel point tu souffres… Mais te voir dévoré à ce point par la culpabilité et la haine… cela me fend le cœur, Sheamon. Ce n’est pas comme cela que je souhaite te voir vivre. Tu erres sans autre but qu’une vengeance inutile, qui ne t’apportera que le néant.
  • Il doit payer, Layla. Il doit payer pour ce qu’il vous a fait. Je le ferai souffrir autant qu’il vous a fait souffrir. Et lorsqu’enfin il me suppliera de l’achever, je le tuerai de mes mains…
  • Mais cela ne nous fera pas revenir, mon amour…
  • Je sais… Mais au moins, il ne fera plus jamais souffrir qui que ce soit.

Layla se détacha doucement de lui.

  • Et après ? lui demanda-t-elle avec tristesse. Que feras-tu, quand tu auras assouvi ta vengeance ? Pour quelle raison vivras-tu, quel sera ton but dans la vie ?

Sheamon esquissa un sourire las.

  • Après… il ne me restera plus qu’à vous rejoindre, toi et Elly… déclara-t-il. Quand j’en aurai fini, plus rien ne me rattachera à cette vie.
  • Et Triss ?

Sheamon haussa les sourcils.

  • Que…
  • Cette jeune fille est assez surprenante, n’est-ce pas ? continua Layla avec une expression malicieuse qu’il connaissait bien. Après tout, c’est la première personne qui ait réussi à t’arracher un véritable sourire en plus d’un siècle…
  • Ce n’est qu’un contrat, répliqua l’exorciste. Cette gamine n’est rien de plus que le moyen de me rapprocher de mon but. Quand je l’aurai conduite à Varenn, ce sera terminé…
  • En es-tu vraiment sûr ?

Sheamon ouvrit la bouche pour répondre, mais les mots ne dépassèrent pas ses lèvres. Il se rendit compte qu’il avait mentit, et que cela faisait un moment qu’il se mentait à lui-même. Oui, Triss était bien plus qu’un contrat. Il avait été impressionné par sa détermination, mais aussi fier quand elle avait réussi à se dépasser pour remporter leur pari. Il s’était sentit honteux quand il avait trahi sa confiance, puis en colère quand elle avait été blessée. Sheamon ne pouvait se le cacher : il était difficile pour lui d’imaginer le départ de la jeune fille.

  • Tu n’as pas besoin de me répondre, dit Layla avec douceur. C’est écrit sur ton visage, Sheamon…
  • Cela ne change rien, rétorqua-t-il néanmoins. Après l’avoir sauvée, je reprendrai ma traque, plus près de mon but que jamais !
  • La sauver ? répéta Layla avec un sourire radieux. Qui te dit que ce n’est pas elle qui te sauvera ?

Sheamon plissa les yeux, perplexe.

  • Que veux-tu dire ? l’interrogea-t-il.

Layla l’embrassa tendrement sur les lèvres, avant de reculer vers les portes fenêtres. Sheamon s’aperçut alors que le décor autour d’eux commençait à s’estomper.

  • Tu retrouveras le bonheur, mon amour, lui promit Layla. Vis et sois heureux, Sheamon. Pour moi et pour Elly…

L’exorciste tendit la main pour la rattraper, mais elle disparut comme ce qui restait du monde autour de lui. Le renégat sombra dans les ténèbres…

Et se réveilla.

Ce fut la douleur qu’il ressentit en premier. Tout son corps le faisait souffrir, comme si un camion lui avait roulé dessus. Sheamon se força à bouger et parvint à se redresser en grimaçant. Il reconnut la cabine de son vaisseau. Quelque chose lui enserrait le poignet avec force. Sheamon baissa les yeux et s’aperçut qu’il s’agissait d’une main…

Celle de Triss.

La jeune fille s’était endormie à son chevet, à moitié accoudée sur son lit. Elle semblait profondément assoupie, la fatigue se lisant sur son visage. Sans s’en rendre compte, Sheamon esquissa un sourire attendri.

Puis son regard remonta vers la table de nuit, où il avisa la dague maudite responsable de son état. Elle s’était fendue en deux, et les signes malveillants qui la recouvraient semblaient avoir fondus. Cela signifiait que la malédiction avait été brisée…

Quelqu’un l’avait sauvé.

Soudain, une boule de poils tigrée atterrit avec souplesse sur le lit ; Ryku se frotta contre son maitre en ronronnant de bonheur. Sheamon lui caressa la tête, heureux de constater qu’il était en bonne santé.

  • Tu m’as manqué aussi, sac à puces, lui dit-il.

Il entendit alors des bruits de pas ; une adolescente rousse d’environ seize ans qu’il ne connaissait pas entra dans la pièce, un plateau chargé d’aliments dans la main. Elle s’arrêta net en croisant le regard de Sheamon.

  • Oh, vous… vous êtes réveillé ! s’exclama-t-elle, un peu gênée. Je pensais que vous alliez encore dormir plusieurs heures ! Comment vous sentez-vous ? Un peu douloureux, j’imagine… Vos muscles doivent s’être engourdis, avec…
  • Qui es-tu ? l’interrompit Sheamon.

La jeune fille tressaillit et déglutit devant le regard inquisiteur de l’ange déchu.

  • Mon… mon nom est Naru… articula-t-elle avec peine.

La jeune fille désigna d’un signe de tête sa main gauche, qui avait été bandée soigneusement.

  • C’est moi qui vous ai soigné. La malédiction de Damoclès qui vous rongeait était sur le point de vous tuer. Triss m’a amenée ici pour vous guérir. J’ai utilisé un sortilège pour l’extraire de votre corps.

Sheamon avait déjà entendu parlé de cette malédiction tristement célèbre… Il remarqua alors le sceptre que la jeune fille avait accroché dans son dos. C’était logique. Seules les adoratrices de la Déesse pratiquaient la sorcellerie.

  • Tu es une sorcière … gronda Sheamon.
  • Oui, mais je ne vous veux aucun mal… assura Naru en déposant lentement le plateau sur la table de nuit. Vous devriez manger. Il faut que vous fassiez le plein d’énergie.

L’exorciste ne décelait aucun mensonge dans les paroles de son interlocutrice… Après tout, si elle avait voulu le tuer, il lui aurait suffi de laisser agir la malédiction. Et puis… Si Triss l’avait conduite à son chevet, c’était qu’elle devait avoir confiance en elle. L’exorciste poussa un soupir.

  • Et bien… puisque tu m’as sauvé la vie, je suppose que je dois te remercier, déclara-t-il. Je t’en dois une, sorcière. Sincèrement.
  • Je ne cherche qu’à rentrer chez moi… expliqua Naru tandis que son expression se teintait de tristesse. Je veux juste retourner à la Surface.

Sheamon inclina la tête et prit le plateau.

  • Je m’assurerai de t’y conduire moi-même, lui promit-il. Je te dois bien cela.

Le visage de Naru s’éclaira. Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais Triss émit un grondement et changea brusquement de position avant de replonger dans un profond sommeil. Le renégat et la sorcière l’observèrent en silence.

  • C’est grâce à elle que vous êtes encore en vie, lui apprit Naru. Triss est allé jusqu’au cœur de Qaltra pour vous sauver…
  • Qaltra ?! répéta Sheamon, estomaqué. Ce repaire de criminels ?
  • Oui… C’est là-bas que nous nous sommes rencontrées…

Naru lui raconta alors les évènements de Qaltra, tandis que Sheamon mangeait lentement ce qu’elle lui avait apporté, reprenant progressivement des forces. Au fur et à mesure que la sorcière avançait dans son récit, l’étonnement du renégat grandissait. A en croire Naru, Triss avait libéré des centaines de prisonniers, éliminé une Arachnéïde adulte, participé à la chute des sorcières de Qaltra et était allée jusqu’à former une alliance avec Liam pour s’échapper de la ville. C’était difficile à imaginer pour Sheamon.

En fait, pas tant que cela. Après tout, elle était la fille de Némésis et il était bien placé pour savoir de quoi elle était capable… Sheamon baissa les yeux sur Triss, un sourire de fierté sur le visage. En fin compte, il avait eu tort de s’inquiéter.

La gamine avait assuré.

  • …Et c’est elle qui a donné son énergie vitale pour vous sauver, termina Naru. Sans cela, je n’aurais pas été capable de vous maintenir en vie. C’est pour cela qu’elle dort, elle a besoin de reprendre ses forces.

Sheamon regarda la jeune princesse en songeant qu’il n’aurait pas imaginé un seul instant qu’il lui devrait un jour la vie. Pourtant, sans elle… il serait mort.

Doucement, l’exorciste repoussa sa couverture en se détachant de la main de Triss. Il se leva avec précaution pour ne pas la réveiller.

  • Vous ne devriez pas bouger ! le prévint Naru. Votre corps doit être encore affaibli à cause de…
  • Je vais bien, la coupa Sheamon en se redressant. Et je n’ai pas le temps de prendre du repos.

Le monde vacilla légèrement lorsqu’il se redressa, tandis que ses muscles se crispèrent en signe de protestation après être restés aussi longtemps immobiles. Mais, à part ces inconvénients mineurs, le renégat se sentait en pleine forme. Rouillé, c’est vrai… mais en pleine forme.

  • Va chercher Jonas s’il-te-plait, demanda-t-il à Naru. Nous devons discuter, tous les trois.

La sorcière hocha la tête et disparut dans l’encadrement de la porte qui n’avait toujours pas été réparée.

Son regard tomba alors sur Triss toujours profondément endormie. Il hésitait à la porter dans son lit, mais il avait peur de troubler son sommeil. Finalement, il se contenta de la recouvrir avec la couverture. Alors qu’il allait se lever, Sheamon s’aperçut qu’un filet de bave s’écoulait du coin des lèvres de Triss. Cela lui rappela l’enfance d’Elly, lorsqu’elle s’endormait dans ses bras. Elle ne pouvait s’empêcher de mâchouiller ses vêtements ou de baver dessus, ce qui l’attendrissait toujours. Avec un sourire nostalgique, Sheamon se pencha pour essuyer doucement les lèvres de la jeune fille.

A suivre...

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